Napoléon : un dictionnaire amoureux et sans concession

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Par Marc Emile Baronheid – bscnews.fr / La gloire militaire, combien ça coûte ? Pourquoi Napoléon glissait-t-il la main droite sous la partie gauche de son gilet ? Seul Jean Tulard pourrait répondre, qui a enseigné l’histoire de Napoléon à la Sorbonne. Il n’avance pourtant nulle explication, dans son passionnant dictionnaire. Admirateur mais pas inconditionnel, il n’élude ni ne dissimule les erreurs et les faiblesses de l’Empereur, dont il se plaît à rappeler quelques réflexions tranchantes, telle « Il vaut mieux que les femmes travaillent de l’aiguille que de la langue ».

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Tulard rétablit la vérité historique à propos de la Berezina, explique la défaite de Waterloo, conteste le nombre de morts dans les guerres napoléoniennes qui n’auraient pas appauvri financièrement la France, montre le rôle de Bonaparte dans la création de nos institutions modernes et, rappelant la position impériale face à la presse ( « Si je lâche la bride à la presse, je ne resterai pas trois mois au pouvoir »), établit un parallèle édifiant avec une parenthèse récente de la République.
« Dictionnaire amoureux de Napoléon », Jean Tulard, Plon, 24 euros

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En Bd comme en photographie, le recours au noir et blanc exige un supplément de maîtrise et de rêve. La notion de rêve peut paraître cynique, appliquée à un album qui évoque les « gueules cassées ». Et pourtant. Fondée en 1921, l’association française « Les blessés de la face » entendait venir en aide à tous les défigurés de la Première Guerre mondiale, bientôt surnommés les gueules cassées, comme pour désamorcer les cruels commentaires de comptoir des Stéphane Guillon de l’époque. Un album émouvant et réaliste décrit le sort des 10.000 à 15.000 mutilés du visage soumis à la violence du regard de leurs compatriotes et à la torture sentimentale infligée par un mélange de curiosité, de compassion, de dégoût. Ici se révèle le vrai parcours du combattant. Son histoire est réussie, au prix d’une sobriété fracassante.
« Gueule d’amour », Delphine Priet-Mahéo et Aurélien Ducoudray, La Boîte à bulles, 19 euros

Ma tête à couper
Si vous ouvrez au hasard l’imposant Dictionnaire du Romantisme, vous risquez d’être surpris. Essayons. La page 317 propose l’ entrée Guillotine. Lieu d’exorcisme social, elle fascinait les romantiques par sa double face de vampire féminin et de stigmate de la Terreur. Le ton est donné ; l’ouvrage va loin, soucieux de donner une vision globale du mouvement à travers 649 articles qui définissent les idées, motifs, modes, territoires, poètes, artistes, penseurs ou hommes politiques qui ont bâti une idée née en terre germanique avant de gagner la France postrévolutionnaire, pour essaimer ensuite dans l’Europe entière, puis dans les empires coloniaux et en Amérique. Connaître la poésie gauchesque, la scapigliatura, les sources d’inspiration de Théodore Géricault, le personnage de Frankenstein, le massif hugolien ? Rien de plus simple : ayez toujours à votre chevet ce dictionnaire qui vaut à lui seul toute une bibliothèque!

> le « Dictionnaire du Romantisme », sous la direction d’Alain Vaillant, CNRS éditions chez notre partenaire FNAC.COM

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