Turlutte à tous les étages

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Par Marc Emile Baronheid – BSCNEWS.FR / Reconnue et homologuée comme « la plus savoureuse des caresses », cette pratique éminemment roborative figure désormais parmi les grands classiques de la galanterie française.
Voici trois siècles, la duchesse Edmée de la Bouffarde assurait déjà que la « petite gâterie » deviendrait grande et cesserait d’appartenir aux rêveries piquantes que l’on déployait in petto. (BONUS )
Reconnue et homologuée comme « la plus savoureuse des caresses », cette pratique éminemment roborative figure désormais parmi les grands classiques de la galanterie française. Les magazines prescripteurs d’un été radieux la présentent comme une politesse élémentaire ; elle trône en tête de gondole des prestations des femmes hospitalières et le moindre « room service » new-yorkais l’inclut implicitement à sa carte. Elle se sert et se consomme comme une des gourmandises les plus respectables : dans sa version bio, sur canapé, à l’étouffée et quantité d’autres déclinaisons laissées à la discrétion des maisons de bouche.
La littérature n’est pas en reste, témoin cette compilation de pages pas toujours très sages, où le meilleur s’acoquine au pire. Elle est due à Franck Spengler, patron des éditions Blanche. Les emprunts au catalogue maison se taillent la part de la lionne. On appréciera la prometteuse Valérie Boisgel. Spengler lui-même propose Merlin en enchanteur enchanté par la fée Viviane. On « fait chanter l’instrument » dans un texte des Rita Mitsouko (les initiés auront reconnu « La taille du bambou ».
Henry Miller, Moravia, Emmanuelle Arsan, Nelly Kaplan sont autant de gages, qui de qualité, qui de diversité. Les métaphores, souvent peu inspirées, vont de l’or blanc à l’or bleu, à cent coudées du « lait suprême, divin phosphore » de Verlaine. Le surréaliste belge Marcel Mariën présente Jujup, personnage à la semence « comme les derniers feux du soleil couchant, ceux qu’il lance après avoir chaviré derrière l’horizon ». Romantisme aussitôt pulvérisé par un poème de Maupassant qu’il vaut mieux découvrir in situ.
Le comique est illustré par le brave Franck Poupard : « Comme souvent chez moi la montée du plaisir s’accompagnait d’une intense réflexion ». On dirait presque Francis Lalanne sur le plateau de Ruquier.
Si vous l’aimez contorsionnée, je vous mets au défi de rejouer cette scène : « Cloué dans la ruelle, la tête bloquée par le tiroir de la table de nuit et les bras coincés derrière le dos, Arnaud n’avait aucun moyen de résister à mon assaut ». Comme l’écrit Pierre Louÿs, autre figure marquante du recueil « A la bonne heure, on a le temps de savourer »…

Laissons le dernier mot à Michel Foucault, admirateur de Magritte : Il ne suffit pas que le dessin d’une pipe ressemble à une pipe, il faut qu’il ressemble à une autre pipe dessinée qui elle-même ressemble à une pipe.

BONUS : Anthologie littéraire de la fellation

« Anthologie littéraire de la fellation », élaborée par Franck Spengler, éditions Blanche, 219 pages, 13,50 euros

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