Marionnettes noires à Pantin – Calixte Belaya

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Par Olivier Quelier – BSCNEWS.FR / C’est une bonne histoire, mais un mauvais roman. L’histoire de Pauline, 14 ans, qui vit à Pantin. Elle évolue dans un monde « où rien n’était grave. Les étés succédaient aux hivers et Sarkozy rêvait d’anéantir toute opposition en France ». Sa mère, « bien blanche et bien française » a épousé un « Africain qui venait du Mali ». Son mari mort, la mère a placé trois de ses cinq enfants à l’Assistance publique. Ne reste à la maison que Pauline et son frère aîné, Fabien. Tous deux se détestent – lui racaille, elle qui se tue à démontrer qu’elle n’est pas une mauvaise fille…

Pauline est en rupture d’école, en échec scolaire. Tout va changer grâce à Mademoiselle Mathilde, 28 ans, une prof de français rousse et belle qui va prendre l’adolescente sous son aile, l’hébergeant, lui faisant lire « Le Livre de ma mère », d’Albert Cohen. La symbolique est limpide… et c’est là que le bât blesse.

Calixte Beyala est tombée dans deux pièges. D’abord, elle n’oublie aucun des poncifs de la vie en banlieue. Le lecteur aura droit à la misère, à la violence, aux bavures policières et à la délation. Pire, et c’est la deuxième erreur de la romancière, Pauline se pique de philosopher tout en reconnaissant qu’elle ne comprend pas grand-chose au monde.

Résultat : quelques couplets –clichés sur l’esclavage et le colonialisme, la place des Noirs dans la société et l’usage du mot « nègre ». Pour compléter le tableau, on cite Sarko, on utilise des gros mots et, pour faire plus vrai, on fait dire à Pauline que, bien sûr, si elle avait le talent d’un écrivain, elle saurait mieux dire….

« Le roman de Pauline » est un livre où se croisent les gens mauvais et les bons sentiments, une fable à la morale pataude et au style lourdaud qui, sous couvert de réalisme, aligne facilités et banalités. Page 55, ça nous donne la phrase suivante : « Un bruit de clef dans la serrure annonce l’arrivée de mon frère, je sais que c’est lui, parce que ouvrir une porte est un acte personnel et que les membres d’une même famille le font de manière différente ».

Le tout est loin d’être ridicule, mais souvent trop caricatural. C’est d’autant plus dommage que l’histoire est belle, l’idée engageante… En outre, Calixte Beyala ne recule pas devant le sordide et le glauque du quotidien. Quelques scènes, notamment dans la relation de Pauline avec son copain Nicolas, sont criantes de douleur et de vérité. Mais pour le reste…

Pauline termine son récit en affirmant : « Peut-être que je n’écrirai jamais le livre de ma mère ». Ce serait dommage. De ne pas écrire un vrai bon roman sur le sujet.

« Le roman de Pauline » de Calixte Beyala, éd. Albin Michel.

Par Olivier Quelier

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