« Bonheurs bonimenteurs » de Pascal Fioretto

par
Partagez l'article !

« Bonheurs bonimenteurs » de Pascal Fioretto

« Je ne comprends toujours pas comment j’en suis arrivée là. Je me souviens seulement que tout allait plutôt bien. Et que j’ai voulu que ça aille encore mieux… ». Arrivée au terme de sa quête spirituelle, Aimée s’interroge. Tant d’efforts pour devenir soi-même en beaucoup mieux… Pour quel résultat ? Un si long trajet avec si peu d’essence… Entre l’indécence inouïe des uns et la quintessence présumée des autres, ne s’est-elle pas fourvoyée ?

Partagez l'article !

Durant près d’un an, Aimée tient le journal intime de son épopée, ami cathartique de ses résolutions du 1er janvier : « Me rendre disponible à l’Inconnu, provoquer le changement ». Mais par où commencer ? Stopper la cigarette… Aimée se précipite sur la méthode d’Allan Kerr pour en finir avec l’arrêt du tabac. Echec. Sans doute n’était-elle pas prête. Heureusement, elle découvre sur psychoplus.com un séminaire de Poalo Colao qui semble n’attendre qu’elle. De quoi ressourcer sa rivière intérieure « pour passer sur l’autre rive de soi-même »
La Joie du bonheur d’être heureux est le nouveau jeu de massacre de Pascal Fioretto, « un être de lumière presque chauve à qui tout semble réussir », explique la quatrième de couverture. En tout cas, un maître dans l’art du pastiche rafraîchissant, déjà auteur du “Gay Vinci Code” et de “Et si c’était niais” ? Joyeuse pantalonnade de la dernière rentrée littéraire. Cette fois, Fioretto s’attaque avec le même plaisir à la littérature du développement personnel, pointant du doigt ses excès, dont le mercantilisme n’est pas le moindre. Comme l’explique si bien Ange Schreiban-Server, célèbre et riche (et pas seulement en Oméga 3…) médecin : « Rien de ce qui est humain et publiable ne m’est étranger ». Le chapitre que Fioretto consacre au chroniqueur de Psychoplus est hilarant. Comiques aussi les « remèdes de grammaire » de Jack Slalomé et, surtout, la «résilience » (capacité à surmonter les traumatismes) chère à Boris Cytuldick. Cet ouvrage pille vaillamment tous les étals de ce lucratif marché du bonheur : la numérologie, les médecines douces, les méthodes de management… jusqu’à la Shiantologie dont Aimée suit avec assiduité les cours (payants) de Dyaréthique.
Réjouissante satire qui, parfois, ne renie pas l’humour potache, ce livre s’avale d’une traite, boisson énergétique qui vous protégera de la bêtise ambiante. Une boisson aux extraits naturels de bonheur. De bonheur, et de bonne humeur.

Olivier Quelier

Laissez votre commentaire

Il vous reste

2 articles à lire

M'abonner à