
Emmanuel Meirieu : « Il y a la technique et il y a le cœur »
Par bscnews.fr/ Jeune metteur en scène à succès, Emmanuel Meirieu affectionne la transposition de romans au théâtre. Il transforme les récits en images et en musique. Dans sa pièce précédente, « De beaux lendemains » imaginée à partir du roman de l’américain Russel Banks, il a gravé dans la mémoire des spectateurs l’image d’un village sous la neige, endeuillé par un accident de bus scolaire qui a coûté la vie à tous ses enfants. En 2013, il crée « Mon Traître » adapté de deux romans de Sorj Chalandon, drame de la traîtrise dans une Irlande déchirée sous un rideau de pluie qui vient hanter la mémoire du spectateur. Trois solos émouvants, trois confessions bouleversantes. Emmanuel Meirieu y met en scène des héros écorchés dévoilant des secrets douloureux. Rencontre avec un metteur en scène passionné qui nous emporte dans sa démarche artistique.
Quelle a été la genèse du projet? Et qu’est-ce qui vous a fait choisir cet auteur, ces textes?
C’est toujours difficile de vraiment retracer la genèse d’un projet car il y a une part inconsciente qui vous échappe totalement. J’ai découvert le texte de Sorj, « Retour à killybegs » en septembre 2011 lors de la rentrée littéraire. Loïc Varraut,qui co-dirige la Cie , est un « rat de bibliothèque » , il cherche des textes et c’est lui qui me propose des histoires – il me connaît bien – et me fait des propositions. On n’avait pas de projet et on sortait de « De beaux lendemains ». Il faut savoir que je ne ponds pas de spectacle : je ne fais pas un spectacle par an , il faut vraiment que l’histoire me tienne à cœur pour la monter car je vais vivre avec pendant 4 ou 5 ans . Je ne me force pas à faire un spectacle et je ne vais pas chercher dans le répertoire classique parce que ce n’est pas ma sensibilité… J’avais juste envie d’aller plus loin sur le même principe de mise en scène que « De beaux lendemains », c’est à dire des acteurs au micro, un champ -contre-champ ,un témoignage , un contre- témoignage….et plusieurs versions d’une même histoire.
Quand on découvre que « Retour à killybegs » a ,en fait, son pendant « Mon traître » qui a été écrit 4 ans plus tôt, ça semble déjà correspondre à ce que je cherche… et puis je me plonge dans le roman et j’ai pleuré de nombreuses fois sur 500 pages , et comme je fonctionne beaucoup aux émotions , c’était tout de suite évident que c’était ce qu’il fallait faire . J’ai d’abord demandé qui avait traduit le texte parce que je n’imaginais pas qu’un français avait pu écrire ça . J’ai appelé l’éditeur et lui ai demandé « Bon pour la traduction comment on fait » et il me dit qu’il n’y a pas de nécessité de traduction puisque c’est un …