« Interdire la corrida reviendrait à interdire une part de notre culture et à humilier une partie des citoyens de notre pays »
Laurent Jaoul, Maire de Saint-Brès, petite commune dans l’Hérault située dans la proche périphérique de Montpellier a diffusé ce mercredi 16 novembre une lettre ouverte aux députés de l’Hérault. Il affirme qu’interdire la corrida interdire « reviendrait à abolir la liberté culturelle, à gommer l’identité des territoires où cette pratique est existante ». Une prise de position déterminée qui a le mérite d’exister et d’être entendue.
Mesdames et messieurs les députés,
L’abolition de la corrida va être discutée la semaine prochaine sur la proposition de loi du député Aymeric CARON. Comme d’autres maires, j’ai été invité à l’Assemblée Nationale pour assister aux débats.
Vous n’êtes pas sans savoir que d’un point de vue juridique, la question de l’abolition de la corrida a été tranchée par une décision du Conseil constitutionnel. La haute juridiction a notamment considéré que le critère de « tradition locale ininterrompue » inscrit dans le Code pénal est « précis, objectif et rationnel ».
Ce mercredi 16 novembre, l’article unique de la Proposition de Loi d’Aymeric CARON a été rejeté en Commission des Lois de l’Assemblée Nationale.
La tauromachie est une tradition ancestrale enracinée dans les régions du sud de la France, documentée depuis 1289. Aujourd’hui, elle est un symbole culturel. L’interdire reviendrait à abolir la liberté culturelle, à gommer l’identité des territoires où cette pratique est existante, à mettre fin à l’activité des éleveurs de taureaux et à une filière d’élevage qui entretient, je pense à la Camargue en particulier, un paysage et une biodiversité exceptionnels.
« Aujourd’hui, elle est un symbole culturel. L’interdire reviendrait à abolir la liberté culturelle, à gommer l’identité des territoires où cette pratique est existante, à mettre fin à l’activité des éleveurs de taureaux »
Organiser la corrida dans certaines régions françaises dont la nôtre, est donc parfaitement conforme à la Constitution. Si, à titre personnel, je défends toutes les formes de traditions taurines, je défends aussi en ma qualité de maire d’une commune du Languedoc, cet héritage culturel important qu’est la corrida. Au-delà des aficionados, dont je partage le combat, je suis en tant qu’élu local, conscient de l’importance et de l’enjeu qu’apportent la tauromachie pour l’économie de notre région. Une interdiction de la corrida aurait des conséquences lourdes et reviendrait aussi à mettre en péril nos éleveurs de taureaux. En France, il y a 56 villes qui vivent de ces traditions taurines. Sur le plan économique, il y a des entreprises qui réalisent un tiers de leur chiffre d’affaires annuel avec les férias.
Interdire la corrida reviendrait à interdire une part de notre culture et à humilier une partie des citoyens de notre pays.
Mesdames et messieurs les députés. Vous avez tous constaté que nous traversions une période de fortes turbulences. Il y a aujourd’hui dans notre pays, un mouvement politique, représenté à l’Assemblée Nationale par des parlementaires qui prônent une écologie punitive et qui remettent en cause des pans entiers de nos activités et de notre art de vivre.
Ces élus de la Nation rêvent d’une nature « sous cloche » dont les femmes et les hommes seraient exclus, où les interdits remplaceraient le bon sens et une gestion partagée de la nature.
Ces élus de la Nation rêvent d’une nature « sous cloche » dont les femmes et les hommes seraient exclus, où les interdits remplaceraient le bon sens et une gestion partagée de la nature. Le risque serait de voir nos territoires ruraux mourir, économiquement et socialement, en se vidant de toutes leurs activités.
Du sapin de Noël aux rêves des enfants de devenir aviateur, du Tour de France à la pêche à la ligne en passant par la consommation de foie gras, il faut arrêter de vouloir interdire, normer, supprimer, effacer ou rayer d’un trait de plume ce qui fait la richesse de notre pays.
Au fond, s’imaginer que basculer dans une société de l’interdit serait le seul moyen de vivre dans une société apaisée, n’est que le signal d’une incompréhension de nos concitoyens pour l’attachement à leur identité régionale.
Personnellement je suis résolument du côté de ceux qui défendent toutes nos libertés. Je serai toujours du côté des gens fiers de leur territoire, de nos régions du sud, celles du bord de la Méditerranée ou de la côte Atlantique.
« S’imaginer que basculer dans une société de l’interdit serait le seul moyen de vivre dans une société apaisée, n’est que le signal d’une incompréhension de nos concitoyens pour l’attachement à leur identité régionale »
Alors que notre pays souffre de nombreux problèmes sociaux, énergétiques, économiques, Aymeric CARON, député parisien qui se revendique antispéciste, laisse entendre que notre salut passe par l’interdiction de la corrida.
J’ai déjà eu l’occasion de le dire publiquement : je suis frappé de la montée en puissance d’une nouvelle forme de « dictature verte », qui consiste à mettre sur le même plan la mort d’un animal et celle d’un être humain, où l’on en vient pour certains à trouver aussi naturel de tuer un homme qu’un taureau de combat. Au final, je ne pense pas que la cause animale ait beaucoup à y gagner.
« Je suis frappé de la montée en puissance d’une nouvelle forme de « dictature verte », qui consiste à mettre sur le même plan la mort d’un animal et celle d’un être humain, où l’on en vient pour certains à trouver aussi naturel de tuer un homme qu’un taureau de combat »
On ne peut pas à la fois dire, il faut respecter les cultures, la diversité de chacun, et sur un sujet comme la tauromachie, ne pas les respecter. N’y a-t-il pas d’autres priorités pour l’avenir de notre pays que l’abolition de la corrida ?
Car demain, gardons-le à l’esprit, les parlementaires qui voteront la proposition de loi pour interdire la corrida, mettront à mal avec autant de véhémence, la course camarguaise, la chasse, la pêche, l’équitation, la consommation de viande dans les cantines scolaires ou toute autre liberté.
Mesdames et messieurs les députés, le jeudi 24 novembre 2022, je compte sur votre bon sens, en dehors de toute considération partisane, pour rejeter, comme vient de le faire ce jour la Commission des Lois de l’Assemblée Nationale, cette proposition de loi visant à abolir la corrida en France au nom des valeurs suprêmes de la République : Liberté, Égalité, Fraternité.
Je vous prie de croire, Madame la députée, Monsieur le député, à l’assurance de ma considération distinguée
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