Printemps des comédiens 2010: Un Barbier de Séville dell’arte

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Par Julie Cadilhacbscnews.fr / « Aujourd’hui, ce qui ne vaut pas la peine d’être dit, on le chante. » ( Beaumarchais)
Un irrésistible ballet de friponneries menées par des coquins charmants!
Quel plaisir de voir cette pièce mythique de Beaumarchais si rarement jouée! Jacques Delcuvellerie fut fort inspiré d’écouter le conseil avisé de Figaro « La difficulté de réussir ne fait qu’ àjouter à la nécessité d’entreprendre » : il nous propose une mise en scène fort piquante, frissonnante de musique et d’éclats de rire. Tout y est prétexte à caricature espiègle : les mimiques tragédiennes classiques, l’Espagne et ses taureaux et même l’amour et ses excès. On « se presse de rire de tout, de peur d’être obligé d’en pleurer » et on rebondit au rythme effréné des lazzis des personnages.
La Commedia Dell’Arte rêgne en matriarche patentée: voici les pirouettes d’ Arlequin-Figaro aussi zélé qu’opportuniste, le lyrisme et l’emphase d’un Amoureux, Comte Almaviva,qui ne cesse de se travestir pour badiner mieux en confidence, les grognements intempestifs et la gestuelle bourrue et rhumatique d’un Pantalone Bartholo, maladivement jaloux, les baillements itératifs d’un Zani stupide…ou encore une Isabella -Rosine splendide – femme à souhait- qui n’hésite pas à faire bon usage de ses poumons pour dérouter ses détracteurs ou son amant. Le spectateur moins érudit en matière de théâtre appréciera la beauté des costumes, le comique omniprésent autant dans les mots que le geste, les situations que les caractères. Un bravo pour l’intermède improvisé de l’orchestre protagoniste à un clavecin. Dans ce Barbier de Séville, on savoure le quiproquo farceur tout autant que le trémolo des coeurs jumeaux.
Un mot pour finir sur la distribution: Jean -Pierre Baudson incarne avec talent un Bartholo juste, aux humeurs tressautantes à la De Funès, Fabrice Murgia en Figaro polisson est sur cette scène sévillane comme un toréador dans l’arêne, Axel de Booseré, en Comte Almaviva, est en chanteur langoureusement rétro aussi drôle qu’en maître de chant efféminé…mais le bouquet de compliments revient à la fleur délicieuse de cette pièce: Jeanne Dandoy, qui, dans sa magnifique robe rococo à jupe-coupole, envoûte le coeur des personnages tout autant que celui du public de ses froufrous de dentelle et de sa voix d’hirondelle au printemps…
« Il n’y a rien ici de très profond, de très déchirant mais ce qui guide tous ces personnages relèvent du pulsionnel, de l’obsessionnel et imprime une tension excessive à cette belle mécanique.Passer quelques semaines avec Beaucmarchais, c’est reprendre contact avec une forme de vitalité dont nous sommes très loin aujourd’hui. » ( Jacques Delcuvellerie)
Toutes les dates du barbier de séville au printemps des comédiens!

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