La Louve : le petit bijou Renaissance de Daniel Colas
De Florence Yeremian – Le Roi est mort. Vive le Roi ! C’est ainsi que débute cette pièce renaissance consacrée à l’ascension périlleuse du successeur de Louis XII: le fougueux François Ier.
Héritier présomptif de la couronne de France, ce jeune monarque n’est pas de sang royal et doit son titre à la pugnacité de sa mère, Louise de Savoie. « Louve » jusqu’au bout des griffes, cette femme ambitieuse a tout fait pour placer sa progéniture sur le trône. C’est en tout cas ce que nous laisse entendre le metteur en scène Daniel Colas qui a puisé son inspiration au sein des riches chroniques de Brantôme.
Pour interpréter son savoureux texte aux dialogues ciselés, Daniel Colas a judicieusement offert le rôle titre à la caractérielle Béatrice Agenin. Sournoise mais sympathique, l’actrice confère à la Louve une autorité pleine de charme: le port altier et la verve éloquente, elle manipule aussi bien la langue du Grand Siècle que sa cour. Insufflant à Louise de Savoie le profil d’une régente à la fibre maternelle, elle expédie ses affaires avec autant d’assurance que de repartie et parvient à tisser une toile de pouvoir pour y faire tomber successivement tous les ennemis potentiels de son fils. Ce dernier est interprété par Gaël Giraudeau avec beaucoup d’entrain et de fantaisie. Acteur grand et bien bâti, il nous livre une image gourde et insouciante du jeune François Ier. Gouverné par son vit et ses pulsions amoureuses, ce dernier ne songe en effet qu’à ses prouesses d’alcôve sans même se rendre compte qu’il chasse parfois en terre dangereuse… A ses côtés Maud Baecker incarne avec réserve une épouse dévouée et claudiquante, quant à Yvan Garouel, il nous offre un Duc de Grignan aussi bègue que brave: jouant les espions auprès d’une Louve qu’il adule, il ponctue allègrement la pièce de toutes ses hésitations bafouillantes. En contrepoint de cette meute pro-François s’élèvent enfin la jeune reine Marie (Coralie Audret), l’élégant Duc de Suffolk (Adrien Melin) ainsi que feu Louis XII auquel Patrick Raynal prête sa figure bedonnante et caricaturale.
Même si la pièce dure plus de deux heures, c’est un pur régal: entre les intrigues de cour, les chausses-trappes politiques, les allusions grivoises et le ballet chronométré des comédiens: tout est parfait. Il est vrai que l’on aurait pu manier cette aventure historique sur un ton sérieux et didactique mais Daniel Colas a opté pour « l’humour courtois » et il a fort bien fait. Dirigés dans de très beaux mouvements scéniques, ses acteurs sont tous à l’unisson et ils parviennent à nous faire passer du rire aux larmes en un clin d’oeil! Parés de leurs costumes d’époque (signés Jean Daniel Vuillermoz), ils nous donnent une leçon d’Histoire de France teintée d’allégresse, d’élégance et même de féminisme! Courez-y et vous verrez: « Tel sera votre bon plaisir … »
La Louve
Une comédie signée et mise en scène par Daniel Colas
Avec : Béatrice Agenin, Gaël Giraudeau, Coralie Audret, Maud Baecker, Yvan Garouel, Adrien Melin et Patrick Raynal
Théâtre La Bruyère
5, rue La Bruyère – Paris 9ème
Métro Saint Georges
Du mardi au vendredi à 21h
Le samedi à 16h et 21h – Le dimanche à 15h30
Réservations: 0148747699
www.theatrelabruyere.com
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