Les Fourberies de Scapin : la comédie humaine de Marc Paquien

par
Partagez l'article !

Par Romain Rougé – Célèbre comédie de Molière, Les Fourberies de Scapin ont été remises au goût du jour par le metteur en scène Marc Paquien. Actuellement en représentation dans toute la France, la pièce amenée par Denis Lavant dans le rôle titre, était jouée au théâtre municipal de Béziers, le vendredi 25 mars 2016. Retour sur un spectacle qui a fait fait vibrer les planches autant que les spectateurs.

Partagez l'article !

« Mais que diable allait-il faire dans cette galère ? » Ce n’est en aucun cas ce que se dit le spectateur en sortant des Fourberies de Scapin mises en scène par Marc Paquien. Cette version de la fameuse et avant-dernière pièce de Molière vaut le détour, notamment pour Denis Lavant, l’interprète du valet désabusé et extravagant. Les répliques fusent et Lavant, clownesque, ne joue pas uniquement sur le côté calculateur et revanchard du personnage : il virevolte sur les planches et manipule ses « victimes » avec autant d’excentricité que d’humanité. Car Les Fourberies de Scapin de Paquien, c’est bien sûr un ode à l’amour – contrarié, compliqué, de jeunesse -, mais également un hymne à l’inventivité de Lavant qui réussi à faire de Scapin un personnage aux traits rebutants et attachants à la fois.

Denis Lavant, qui a le même âge qu’avait Molière lorsqu’il a interprété le rôle de Scapin en 1671, était un choix délibéré et essentiel selon Marc Paquien : « Il est absolument ce personnage. » Aux côtés de l’illustre acteur, il y a, comme dans toutes les pièces de Molière, une troupe. Sur ce point, Marc Paquien met l’accent sur les conflits de générations : « Ca va se passer entre les jeunes et les vieux ! » plaisante-t-il lors d’une interview. Et en effet, de jeunes comédiens se mélangent avec des acteurs confirmés tels que Daniel Martin (Géronte) et Jean-Paul Muel (Argante), que l’on retiendra pour leurs partitions exubérantes voire névrosées de pères impitoyables – Muel crachant comme un chat à chaque contrariété est assurément le comique de répétition de la représentation.

Du côté des jeunes, on se souviendra de la prestation de Benjamin Jungers (Octave), dont le visage angélique et candide masque un désespoir à peine feint. Il y a aussi Maxime Taffanel (Léandre), dont la terreur pour son père n’a d’égal que sa détermination à retrouver sa bien-aimée. Un cocktail explosif qui fonctionne, un peu au détriment des rôles féminins, peut-être moins forts et plus anecdotiques.

Pour le metteur en scène, Les Fourberies de Scapin sont tout simplement « un hommage total au théâtre de Molière ». Pour le spectateur, c’est un moment d’hilarité collective et de pur divertissement théâtral. La version Paquien est surtout une comédie humaine et une fougue sournoisement communicative.

Les Fourberies de Scapin
Texte de Molière
Mise en scène de Marc Paquien
Production : Les Petites Heures
Avec Denis Lavant (Scapin), Daniel Martin (Géronte), Jean-Paul Muel (Argante), Benjamin Jungers (Octave), Maxime Taffanel (Léandre), Elsa Guedj (Zerbinette), Manon Raffaelli (Hyacinte), Bertrand Poncet (Silvestre) Anne Fischer (Nérine) et Lode Thiery (Carle).
Durée : 2 heures

© Pascal Victor_ArtCom

Prochaines dates :

Théêtre des Célestins – Lyon
12 représentations du 30 mars au 9 avril 2016
Centre Culturel Robert Desnos – Ris Orangis
2 représentations les 12 et 13 avril 2016
Tournée prévue en 2016-2017

A lire aussi dans Théâtre :

Les Liaisons dangereuses : partition spirituelle sans jouissance

Le Prince Travesti selon Mesguich : un sombre reflet du marivaudage

Racine d’Anne Delbée : une superbe leçon de théâtre

Dorian Gray : un portrait théâtral caustique et pertinent

Laissez votre commentaire

Il vous reste

3 articles à lire

M'abonner à