Le masque ou la grégaire solitude
Tribune de Michel Maffesoli, Professeur émérite à la Sorbonne, Membre de l’Institut universitaire de France.
C’est tout au début de ce livre magistral qu’est « l’enracinement » que Simone Weil rappelle, d’une manière judicieuse, que « la notion d’obligation prime celle de droit, qui lui est subordonnée et relative »(1).
Voilà les fondations de ce qui, tout au long des siècles, permit la construction de ce temple qu’est la civilisation où l’humanité put, à loisir, se développe. Obligation engendrant ce que traditionnellement l’on appelait « devoir d’État » ; devoir inhérent au statut permettant étant à tout un chacun de se réaliser, au mieux, tout au long de son existence.
C’est en assurant la maintenance de l’idée d’obligation et en étant garante du devoir d’État que l’autorité publique justifie, sur la longue durée, la légitimité qui est la sienne. Mais est-ce que cette légitimité lui est encore acquise lorsque les valeurs qu’elle défend sont quelque peu obsolètes, voire totalement déphasées.
C’est bien ce qui est en jeu en cette modernité finissante, où une oligarchie médiatico-politique s’emploie, au motif d’une crise sanitaire, à maintenir coûte que coûte, un individualisme exacerbé, ne correspondant en rien, au désir profond des tribus postmodernes.