Alessia Montani (M’ama.Seeds) : « Chacun de nous peut contribuer, avec son comportement à table, à la sauvegarde de la planète »

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Alessia Montani est l’une des fondatrices de la StartUp M’ama.Seeds qui a pour but de regrouper et d’utiliser les semences anciennes du pourtour méditerranéen pour promouvoir une alimentation plus responsable et des effets bénéfiques sur la santé selon les fondateurs. Il est question également de « valoriser du patrimoine culturel du territoire ».

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Qu’est-ce que M’ama.Seeds?

M’ama.Seeds est le nom d’une StartUp innovante, créée pour regrouper tous ceux qui en Italie et, plus généralement dans la zone méditerranéenne, récupèrent des cultures anciennes, aussi bien représentées par des semences, que par le patrimoine culturel ou les traditions, le tout dans une approche technologiquement innovante avec comme dénominateur commun, l’art.
“One Health for Man and Planet”: une santé partagée entre l’homme et la nature. Telle est l’idée derrière M’ama.Seeds., qui souhaite combler le fossé entre la recherche scientifique dans le domaine médical/agroalimentaire et le tissu économique. Pour cette raison, nous avons créé la filière de semences italiennes anciennes et nous misons sur la valorisation du patrimoine culturel du territoire, souvent dégradés.

Pourquoi la création de cette StartUP ? Qui sont vos partenaires?

L’idée est née du constat qu’il existe de nombreuses réalités d’excellence absolue dans le secteur agroalimentaire. En particulier en ce qui concerne la récupération des semences autochtones italiennes, qui restent isolées et qui, au contraire, doivent être mises en réseau, émerger et créer un système. Cela pour favoriser les échanges d’outils et d’informations. M’ama.Seeds a pour objectif de créer une chaîne d’approvisionnement multidisciplinaire. En effet, il est prévu d’impliquer non seulement des sociétés semencières et des agriculteurs, mais également des médecins. Ceux-ci pourront expliquer les effets de ces aliments sur la santé. En parallèle, des scientifiques pourront indiquer les conséquences du rétablissement de la biodiversité sur un territoire donné et, plus généralement, sur l’environnement. Mais ce n’est pas tout, la filière s’étend également aux restaurants et aux hôtels qui souhaitent offrir une nouvelle expérience à leurs clients, en proposant de participer activement à la promotion de la culture locale. Nous nous adressons également aux artistes et aux designers qui étudient ces questions avec leurs œuvres, aux chefs cuisiniers qui proposeront des produits représentant la biodiversité des cultures locales italiennes. Des cultures qui ont été abandonnées, à cause de la logique industrielle de la mondialisation.
Tous ces acteurs seront rassemblés sous le “sceau” de M’ama.Seeds : un autocollant dont la valeur culturelle est très élevée, car il symbolise le partage des valeurs.
Les associés fondateurs de ce projet sont des artisans d’art, des avocats, des experts comptables, des entrepreneurs. Tous ceux-ci seront en synergie avec des partenaires institutionnels publics et privés tels que des musées, des universités et des instituts de recherche.

 

Quel impact économique peut avoir la redécouverte des semences anciennes en termes économiques?

Il repose sans doute sur l’union des acteurs qui interviennent, directement et indirectement, tout au long du processus y compris entre la plantation des semences et la production. Cela aura un impact économique significatif.

Et du point de vue culturel, quels pourraient être les effets bénéfiques ?

Sur le plan culturel, la redécouverte de semences anciennes représente beaucoup. Le projet consiste à construire une plateforme virtuelle où tous les sujets intéressés seront connectés à une structure physique. Celle-ci sera un musée à ciel ouvert, où le public pourra s’informer sur les collections de semences anciennes dans un dialogue continu entre l’art, le design, et la recherche scientifique italienne et internationale. Un oasis de biodiversité et de patrimoine culturel. Le musée sera réparti sur l’ensemble du territoire italien, plus généralement dans la région méditerranéenne et sera relié par un circuit. Tous ces espaces, seront jumelés au Musée central situé près de la ville sicilienne de Noto.

Actuellement on parle beaucoup de lutte contre le changement climatique et d’écologie. Récemment, Greta Thunberg a prononcé un discours très véhément à l’ONU contre la classe politique mondiale. À votre avis, la planète peut-elle être sauvée aussi grâce à l’utilisation de graines anciennes ?

Bien sûr. M’ama.Seeds a précisément pour but la conservation de la biodiversité animale et végétale, élément fondamental pour enrayer les catastrophes écologiques. Chacun de nous peut contribuer, avec son comportement à table, à la sauvegarde de la planète.

Votre travail est-il également suivi par des médecins et des agronomes?

Nous croyons qu’il est essentiel d’informer les consommateurs des effets des aliments sur la santé humaine. Les céréales siciliennes anciennes, par exemple, peuvent également être utilisées par les sujets souffrant de sensibilité au gluten et les médecins avec lesquels nous travaillons nous communiquent les résultats des essais afin de les diffuser et de les faire connaître au public. Nous collaborons également avec des agronomes et avec des centres de recherche. Par exemple, avec l’ISAFOM-CNR de Catane, nous avons en projet de créer les pâtes de blé de la variété Russello additionnées de minéraux organiques afin de rendre superflue l’utilisation de compléments alimentaires.

La StartUp est née en Sicile. Avez-vous pour objectif de vous développer à l’étranger ?

Nous sommes basés en Sicile, mais le projet s’adresse aussi à l’étranger, et en premier lieu aux pays du pourtour méditerranéen. Nous travaillons sur le premier salon des semences anciennes qui se tiendra dans le cadre de l’Excellence 2019, du 9 au 11 novembre, au Fuksas Cloud de Rome et nous travaillons également sur l’Académie de la cuisine méditerranéenne où les chefs seront invités à élaborer des plats avec les matières premières en provenance de différents musées.

 

 

 


(crédit images : à la une Alessia Montani – © Gianni Franchellucci fotografo)

 

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