Vous avez-dit « populisme » ? par Michel Maffesoli
Tribune de Michel Maffesoli, Professeur émérite à la Sorbonne et Membre de l’institut universitaire de France
N’est-ce point le mépris vis-à-vis du peuple, spécificité d’une élite en déshérence qui conduit à ce que celle-ci nomme, abusivement, populisme ? L’entre-soi, particulièrement repérable dans ce que Joseph de Maistre nommait la canaille mondaine, de nos jours on pourrait dire la canaille médiatique, cet entre-soi est la négation même de l’idée de représentation sur laquelle, ne l’oublions pas, s’est fondé l’idéal démocratique moderne.
En effet, chose frappante, lorsque par faiblesse on cède aux divertissements médiatiques, ça bavarde d’une manière continue dans ces étranges lucarnes de plus en plus désertées. Ça jacasse dans ces bulletins paroissiaux dont l’essentiel des abonnés se recrute chez les retraités. Ça gazouille même dans les tweets, à usage interne, que les décideurs de tous poils s’envoient mutuellement.
« Lorsque par faiblesse on cède aux divertissements médiatiques, ça bavarde d’une manière continue dans ces étranges lucarnes de plus en plus désertées »
N’est-ce pas l’automimétisme qui caractérise le débat national ou pas que propose le pouvoir ? Automimétisme que l’on retrouve dans les ébats indécents, quasiment pornographiques dans lesquels ce pouvoir se donne en spectacle. Pour utiliser un terme de Platon, on est en pleine théatrocratie. Spécificité des périodes de décadence. Moment où l’authentique démocratie, la puissance du peuple est en faillite.
Automimétisme de l’entre-soi ou auto-représentation voilà ce qui est la négation ou la dénégation du processus de représentation. On ne représente plus rien sinon, à courte vue, soi-même. Une Caste on ne peut plus isolée qui en ses diverses modulations, politique, journalistique, intellectuelle et surtout identique à elle-même et fidèle à son idéal « avant-gardiste » : qui …