« Festival Chéries-Chéris 2018»: 60 films et manières de parler homosexualité mais pas que !

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Plus de 60 films en 10 jours, c’était la folle programmation du festival « Chéries-Chéris 2018 » (LGBTQ)  !  Du  grand  cinéma, international, récompensé mais aussi varié et engagé pour parler d’homosexualité. Un des buts ? Que cette « différence sexuelle »  n’en soit plus une. 

27 novembre 2018, 10 petits degrés et une thématique bien ciblée : l’homosexualité. On n’aurait alors pu penser que le festival LGBTQ n’attirerait pas grand monde. On n’aurait même pu penser que le peu de personnes qui aurait fait le déplacement pour voir certains films serait majoritairement gays, bisexuels, transexuels ou queer. Mais non ! Préjugés ! Il fallait clairement parfois jouer des coudes pour avoir une place à temps. Les quelques salles des cinémas MK2, réservées du 17 au 27 novembre 2018, étaient souvent bien remplies ou complètes. Et ce, par des femmes et des hommes, des jeunes et des moins jeunes, des couples gays et hétérosexuels.

Un franc succès qui s’explique assez facilement : sa programmation de luxe qui met tout le monde d’accord ! Soit des dizaines de films français et étrangers qui peuvent parler à différentes nationalités, des films salués et récompensés par des prix mondiaux qui peuvent piquer la curiosité de tous. Mais aussi et surtout, des films riches et variés (courts et longs métrages, fictions et documentaires) qui ont réussi à traiter le sujet sensible de l’homosexualité de manières multiples : crues ou poétiques, frontales ou détournées, brutales ou pudiques, réelles ou romancées, classiques ou inédites, centrales ou secondaires, traditionnelles ou modernes. Mais jamais grossières ou prévisibles, soulignées ou répétitives.

Des salles souvent combles qui ont donc rassemblé un public de tous âges, de tous sexes, de tous bords et qui ont prouvé que l’homosexualité ne concernait pas uniquement les homosexuels ou les bisexuels mais aussi les hétérosexuels, toutes les générations. En somme toute la société. Une des volontés du festival : que chaque bord se touche, se comprenne, s’aime ou se respecte et vive ensemble sans sentir ni faire de « différence ».

Plus de 60 films français et étrangers qui parlent d’homosexualité sans caricature, préjugé et répétition 

Évidemment Putsch n’a pas vu tous les films mais une bonne dizaine. Et dans cette dizaine-là, à chaque fois, l’homosexualité était abordée de façon nouvelle : l’apparition du désir homosexuel dès l’enfance (le film américain « We, the animals »), l’homosexualité à l’adolescence dans le milieu scolaire (le court-métrage français « Tomber ») et l’homophobie de certains élèves, dès le plus jeune âge, comme quoi la jeunesse n’est pas toujours moderne et tolérante (le documentaire « Couteau suisse »), l’homosexualité étouffée, jugée et punie par la religion et le conservatisme (le film américain « Boys Erased » ou le film africain « Les Moissonneurs »), la vision de l’homosexualité dans les années 70 (la fiction portugaise « Al Berto »), la recherche de son identité sexuelle, la bisexualité ou la double-vie (la fiction autrichienne « Seventeen » ou le documentaire argentin « El silencio es un cuerpo che cale »), le basculement intime et social qu’est toujours le Coming-out (le documentaire français du même nom « Coming out »), la question de l’homoparentalité (le film colombien « Eva + Candela »), le schéma traditionnel de la famille repensé (la fiction espagnole « Tierra Firme ») et toutes ces histoires d’amour homosexuelles, universelles, puissantes et passionnelles qui, dans les sentiments, ne diffèrent pas de celles des hétérosexuels.

L’une des grandes forces donc du festival « Chéries-Chéris 2018 » : les pays, les époques, les angles, les personnages, les histoires et les messages des films sont multiples. Ainsi, il n’y a pas cette impression de « déjà vu ». Aucune répétition. Et ainsi, surtout, l’homosexualité n’a pas qu’une seule définition, qu’un seul visage ou qu’un seul langage. Elle n’est pas figée, linéaire, enfermée, réduite, jugée ou caricaturée. Bien au contraire. Tous ces films montrent qu’elle existe depuis la nuit des temps, qu’elle est universelle, libre, plurielle, indéfinissable, naturelle, inévitable, qu’elle dépasse la notion même du sexe ou des genres. Elle parle, avant tout, d’attirance, de désirs, d’émotions, de sentiments. D’amour. D’humanité. D’identité.

D’une quête d’identité sexuelle à une quête d’identité tout court qui concerne le monde entier

A travers cette quête d’identité sexuelle, tous les films en compétition parlent d’amour, de liberté, d’obstacles, de tolérance ou d’intolérance, de courage, d’émancipation, de religion, de la famille mais aussi et surtout de la quête d’identité, au sens large. Celle qui concerne tout le monde. Le monde entier. La quête d’identité sexuelle faisant évidemment partie intégrante de cette quête identitaire : comment savoir qui on est, intégralement, si on ne sait pas ce qu’on aime ? Qui on aime ? Si on n’assume pas ce qu’on désire ? Si on se ment, se censure ou si on se malmène ? Si on ne montre pas à soi-même et aux autres ce qu’on veut et ce qu’on ressent ? Impossible de se construire sainement dans ces conditions.

Écouter, trouver et assumer ses goûts ou ses désirs sexuels, qu’ils soient homosexuels, hétérosexuels ou bisexuels, ce n’est pas seulement préférer telle personne ou telle pratique sexuelle, ce n’est pas seulement trouver le plaisir ou trouver l’autre, c’est se trouver soi-même. Dans son entièreté, en toute honnêteté. C’est trouver sa place dans la société et dans le monde. C’est oser se présenter sans se modifier, sans cacher sa vulnérabilité et sans s’arrêter sur les conséquences, les jugements et les difficultés. C’est aussi et surtout aimer. La personne en face, le reflet dans son miroir.

 

24ème édition du Festival « Chéries-chéris »
Du 17 au 27 novembre 2018.

Palmarès du festival :
Grand prix : « Les Moissoneurs » d’Etienne Kallos
Prix du jury : « Hard paint » de Felipe Matzenbacher et Marcio Reolon
Grand prix documentaire : « Bixa Travesty » de Claudia Priscilla et Kiko Golfman
Prix du jury documentaire : « Liam » d’Isidore Bethel
Grand prix courts-métrages : « Pré-drink » de Marc-Antoine Lemire
Prix du jury courts-métrages : « Que la nuit s’achève » de Denoal Rouaud

Au MK2 Beaubourg, Bibliothèque et Quai de seine.
Crédit photo : Les piquantes. 

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