Hannah Gadsby : Nanette reproche beaucoup de choses à beaucoup de monde
Hannah Gadsby est épuisée. L’auto-dérision construite autour de son homosexualité la consterne. Comment continuer à faire rire les gens lorsqu’elle ne croit plus en ce qu’elle fait tel qu’elle l’a toujours fait ?
Pour cette Australienne, les blagues c’est fini, elle l’annonce rapidement, celles-ci seront les dernières. Et quelles dernières ! Elle y questionne son identité, son histoire, sa profession, la misogynie, la société… Tout y passe avec beaucoup de finesse et d’ironie.
Hannah Gadsby a beaucoup de choses à reprocher à beaucoup de monde (de Polanski à Picasso ou encore elle-même). Si le faire avec sérieux ne semble pas être l’apanage du stand-up, la comédienne s’en fiche : elle s’exprime avec virulence, avec rage mais surtout avec une honnêteté désarmante. Elle évoque la honte ressentie en tant que lesbienne en Tasmanie (pays où il était encore criminel de l’être il y a vingt ans) entre autres choses. Fini les punchlines elle sort du placard ses mémoires. Agression, violence, culpabilité… Autant l’annoncer, la comédienne arrête tout bonnement d’être drôle à la moitié du spectacle mais loin de gêner, une magie palpable opère. Elle s’exprime fièrement, intensément, embarquant avec aisance l’opéra de Sydney entier et nous au passage dans sa révolution. Clap de fin, les larmes coulent, les coeurs se serrent, la tension s’est accumulée pour finir par exploser. Hannah Gadsby nous quitte déjà, la furtivité de son passage n’aura pas empêché de nous bouleverser comme jamais nous n’avions été bouleversé à l’issue d’un stand-up.
Hannah Gadsby,
Nanette
( Crédit Photo – NetFlix – Hannah Gadsby )