Boarding House Reach : un Jack White 2.0
Après The White Stripes, The Raconteurs, The Dead Weathe, l’auteur compositeur et producteur de génie est de retour avec un troisième opus solo 2.0 .
Ce troisième album solo reprend l’histoire où il l’avait laissé avec « Lazaretto « (2014) et après «Blunderbuss» (2012). Voici 13 nouvelles chansons où la voix gorgée d’émotion est capable de s’élever en apesanteur dans les notes les plus aiguës comme de se lâcher, rageuse, dans de violentes douleurs. Epaulé par Bill Skibbe pour le mix et Joshua V. Smith pour la production, on découvre une richesse sonore qui rappelle les deux premiers albums mais qui repoussent encore un peu plus, les limites d’une chanson rock bien dans son époque.
Dès l’écoute de « Connected by Love », même si les vapeurs soul sont très présentes, notamment grâce ces chœurs féminins et cet orgue 70’s, c’est bien l’empreinte d’un post modernisme que l’on retiendra de ce nouvel opus.
Du soul « Why Walk A Dog? » peuplé de claviers floydiens planants et de guitare crunchy, au funk rock de « Corporation » avec cette batterie en forme de clin d’œil « Whole Lotta Love « de Led Zeppelin en passant par ce violon tzigane et piano folk électrifié de « Abulia and Akrasia» ou le très hip hop « Hypermisophoniac », les multiples expérimentations sonores et autres bidouillages enregistrées sur les pistes témoignent d’une envie de construire autre chose qu’un simple rock binaire. Comment rester de marbre face à « Ice Station Zebra » ballade émouvante, comment ne pas s’interroger face à ce « Over and Over and Over» très Queens Of The Stone Age dans la texture sonore ou encore ce «Everything You’ve Ever Learned» et ce «Get In The Mind Shaft» particulièrement déstructurés ?
Pour conclure en douceur, Jack White propose deux émouvantes ballades au piano « What’s Done Is Done » et ce sublime « Humoresque ». Si l’album explore une gamme de sonorités entre rock’n’roll, électro, funk dur, hip hop, blues et gospel, la grande réussite de cet enregistrement est d’avoir trouvé le juste équilibre entre sonorités vintage et moderne, entre montées violentes d’adrénaline et moments d’accalmie. En mélangeant tous ces sons et ces styles musicaux différents, Jack White apporte une bouffée d’oxygène au rock actuel comme le firent Jimi Hendrix, Franck Zappa, Prince ou Radiohead en d’autres temps. Ceux qui s’attendaient à des titres dans l’esprit des White Stripes vont être déçus.
Pour les autres-ouverts d’esprit et amateurs de sensations fortes – cet album est fortement recommandé.
A noter que Jack White sera en concert les 03 et 04 JUILLET à l’Olympia. 28, boulevard des Capucines, Paris 9e. A 20h.
Boarding House Reach – Jack White (Third Man/ XL-Recordings)