La Dévorée : le cirque passionné de Rasposo au Printemps des Comédiens

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Par Romain Rougé – Quand la compagnie Rasposo s’approprie l’histoire amoureuse d’Achille et Penthésilée, on se retrouve devant La Dévorée, spectacle proposé au Printemps des Comédiens de Montpellier. La passion comme moteur d’un cirque, également ode à la féminité et au sentiment amoureux.

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Sur la corde raide des passions, un mythe : celui de Penthésilée, nommée ici « La Dévorée », création engloutie sous le chapiteau de Rasposo. Trois femmes saupoudrées d’or dont les crânes sont transformés en chandeliers, attendent. Quoi ? Peut-être un spectateur lambda qui alimentera leur feu intérieur. L’homme se propulse sur scène. Les trois amazones, à la fois multiples et une, tournoient dans les airs, se meuvent, au gré des soubresauts sentimentaux de l’amoureux transi.

Compagnie Rasposo : La dévorée, la mise en scène époustouflante de Marie Molliens

Entre deux averses de paillètes dorées, coule le sang. De plus en plus présent à mesure que la passion consume. Et avec lui apparaît un inquiétant personnage, un hybris (notion grecque pour traduire un sentiment violent inspiré des passions, ndlr), dont les rires furieux et les plaies corporelles font ressortir la folie. La frénésie émanant du mouvement de ses cerceaux pourrait elle, représenter les cercles de l’Enfer ou simplement l’étourdissement avant le trouble.
La relation amoureuse prend vie sous nos yeux : au début on s’élève, au milieu on se balance, à la fin on tombe. Et chaque performance artistique des personnages nous le signifie : de l’amazone trapéziste à l’amazone équilibriste en finissant par l’amazone voltigeuse. La mise en scène de Marie Molliens est maîtrisée et assez époustouflante. Le tableau est lové dans un écrin musical, d’où s’échappent les notes d’un orchestre qui joue en live. Voilà la passion du cirque, de la femme, du sentiment amoureux selon Rasposo.

La dévorée : une réflexion autour de la passion

Suivant l’histoire d’Achille, chaque personnage est la faiblesse de chacun, victimes consentantes d’une passion vorace. Nous, spectateurs, nous prenons en pleine face la violence des émotions qui construisent une relation, la détruisent, jusqu’aux émois finaux qui sont ici, macabres. En même temps, nous nous questionnons : si nous vivions sans passion, peut-être connaitrions-nous une certaine paix ? Mais nous serions probablement vides, fermés et opaques. Tout l’inverse de ce chapiteau rempli de ferveur. La passion appelle la souffrance, mais sans elle, nous ne serions probablement pas vivant. Et nous ne nous serions pas enflammés pour cette Dévorée.

La Dévorée – Compagnie Rasposo / Printemps des Comédiens 2017 – durée 1H15

Ecriture, mise en scène : Marie Molliens
Regard chorégraphique : Milan Hérich
Collaborations artistiques : Fanny Molliens, Julien Scholl, Aline Reviriaud
Création musicale : Benoît Keller, Françoise Pierret, Christian Millanvois
Création sonore : Arnaud Gallée, Didier Préaudat
Création lumière : Thierry Azoulay
Création costume : Solenne Capmas
Chef monteur chapiteau : Bernard Bonin
Production, diffusion : Hélène Jarry, Marion Villar
Artistes de cirque : Robin Auneau, Justine Bernachon, Colline Caen, Serge Lazar, Marie Molliens
Musiciens : Christian Millanvois, Francis Perdreau, Françoise Pierret
Régisseurs : Thierry Azoulay, Bernard Bonin, Marion Forêt, G. Molé ou P. Lelièvre
Photo : Laure Villain / Contributeur en cirque d’audace : Guy Périlhou

( crédit photo Marie Clauzade )

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