La cantate du désenchantement
Par Sophie Sendra – L’Etre humain a pour particularité de pouvoir conceptualiser. Bien qu’il soit encore impossible de savoir si les animaux ont cette capacité ou non – le temps et la technologie nous le permettront peut-être un jour – nous allons partir du postulat que notre éthologie soit la seule à posséder cette propension. Cette conceptualisation permet à l’humain de dépasser une réalité parfois trop pesante ou insatisfaisante. Sur la base de concepts rationnels il tente de comprendre le réel, sans doute pour mieux le contrôler, l’imiter, se rassurer quant au sens des phénomènes et de sa place dans le monde. Mais cette capacité ne s’arrête pas là. L’Humain conceptualise bien autre chose que sa part de rationalité, il incante. Il prononce des formules magiques afin sans doute de mieux contrôler le réel, de le modifier, de le rendre plus acceptable qu’il n’est. Il s’illusionne.
Le crépuscule avant l’aube
Dès notre plus jeune âge nous incantons, nous conceptualisons des petites formules magiques afin de faire plier le réel, pour qu’il ne soit plus aussi envahissant et contraignant, nous « illusionnons » notre monde. Nous entretenons avec le réel une relation singulière : lorsqu’il nous convient nous pensons que nous y sommes pour quelque chose, mais lorsqu’il ne nous convient plus nous « incantons » afin qu’il disparaisse comme par enchantement. Si cela ne marche pas, nous inventons d’autres incantations et, parfois, par chance ou coïncidence, cela marche. Nous nous précipitons alors pour dire que nous avons fait plier le phénomène. Nous « entre-tenons …