Pharmakos : le rôle du bouc émissaire au théâtre

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Par Romain Rougé – Il y a parfois des pièces de théâtre inclassables, Pharmakos est l’une d’entre elle. Imaginée par la compagnie Moebius, la pièce s’est jouée au théâtre Sortie Ouest à Béziers les 13 et 14 avril derniers. Une oeuvre énigmatique, passionnée et survoltée sur le thème du bouc émissaire.

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Le phamakos, est en grec ancien, « celui qu’on immole en expiation des fautes d’un autre ». La pièce du même nom débute avec une fuite d’eau, scène surréaliste pendant laquelle les personnages vont se rencontrer avant de construire leur histoire personnelle et collective. Envoûté par une voix off lancinante et énigmatique, le public assiste, interloqué, à des interactions humaines à partir desquelles les identités de chacun vont se former. Les vies s’entremêlent, évoluent, dérapent. Et quand ça va mal, il y a forcément un responsable à blâmer…

Pendant près de deux heures, amour, haine, détermination, déception vont s’entrechoquer dans un tourbillon de gesticulations et de diatribes savamment distillées. Se dégage alors cette mystérieuse impression d’être autant dans un vaudeville que devant un film de David Lynch. Etrange sensation, aussi, celle de la résonance avec les problématiques contemporaines : on parle écologie, identité, capitalisme sur fond mythologique et mystique. Les personnages de nomment Hérode, Hérodiade ou Salomé, analogie volontairement appuyée avec ces mythes fondateurs pour faire écho à la réalité du 21ème siècle.

Sur la base d’un projet d’écriture collective, la compagnie Moebius « interroge les mécanismes de la rivalité et de la violence en tant que constitutifs de tout ordre socio-culturel ». Un collectif qui conçoit le théâtre « comme une recherche » et qui prône « l’expérimentation de plateau ». Une vision du théâtre qui donne l’hypnotique Pharmakos, un spectacle qui se vit plus qu’il ne se raconte. A chacun de développer son sens critique, à chacun de se questionner sur l’influence des relations individuelles dans un groupe, sur les conséquences que cela a dans la construction de notre société.

Devant Pharmakos c’est sûr, le public est clairement une victime consentante.

Pharmakos
Ecriture collective et mise en scène : Jonathan Moussalli / Compagnie Moebius
Avec : Julien Anselmino, Charlotte Daguet, Clélia David, Alexandre Jazédé, Sophie Lequenne, Marie Vauzelle, Marie Vire.
Durée : 1h50
A partir de 14 ans

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