Dom Flemons : les racines musicales de l’Amérique
Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Il est connu pour être le fondateur des Carolina Chocolate Drops. Depuis il a pris la route, seul, à la recherche d’un son authentique qui prend sa source dans les racines musicale de l’Amérique. Prospect Hill est l’occasion rêvée pour nous de rencontrer Dom Flemons afin qu’il nous explique en détails cette quête musicale pour laquelle il fait paraître un album qui ouvre l’appétit de voyage. Rencontre avec un musicien multi-instrumentiste passionnant !
Dom Flemons, quelle est votre histoire avec le chant folklorique américain ?
Pour ce qui est de la chanson américaine, j’ai écouté beaucoup de chansons folkloriques depuis que je suis petit. Comme mon intérêt pour la musique a grandi durant mon adolescence, j’ai commencé à collectionner différents enregistrements à la bibliothèque. J’en ai également acheté chez le disquaire. Quant à ma propre carrière dans la musique folklorique, elle a vraiment commencé quand j’ai assisté à la Folk Festival Phoenix dans ma ville natale de Phoenix en Arizona. Plus tard, j’ai eu la chance d’être invité à Noir Banjo Rassemblement à Boone (Caroline du Nord) en 2005. De là, j’ai commencé ma carrière dans la création et la diffusion de chansons populaires américaines avec les Carolina Chocolate Drops. Aujourd’hui, je joue en tant que soliste et je présente les chansons que j’ai écrites depuis des années.
Vous jouez de la musique depuis votre adolescence. Vous avez beaucoup enregistré d’albums également ? Quel regard portez vous sur l’évolution générale de la musique depuis vos débuts ?
J’ai enregistré 6 albums avant de déménager en Caroline du Nord . C’était autant pour mon propre plaisir que pour les personnes ici et là à qui je les vendais. Quand j’ai commencé a faire de la musique, je ne pensais pas particulièrement à en vivre. Mon intérêt pour la musique est resté le même pendant toutes ces années, que ce soit pour la création autant que pour les instrusments. J’ai lu beaucoup de choses sur la musique, je joue aussi beaucou et cela m’a conduit pendant tout ce temps à incorporer beaucoup d’idées différentes dans les arrangements de mes chansons. J’ai changé de style tellement de fois que lorsque je regarde en arrière, cela me donne le tournis.
On a lu aussi que vous aviez également de solides références dans le Slam et la poésie. Pourriez-vous nous donner vos poètes de prédilection, Dom Flemons?
Cette période remonte à mon entrée à l’Université. J’avais un intérêt prononcé pour la poésie en général. J’ai écouté des CD de « beat poet » depuis cet attrait pour la musique folk et le jazz bebop qui m‘intéresse aussi beaucoup. Il y a eu aussi la poésie à l’école. J’aime bien Allen Ginsburg, William S. Boroughs, Amiri Baracka, Robert Frost ou encore Edwin Arlington Robinson. J’aime aussi Chaucer and Shakespeare. Quand j’ai commencé dans le slam, je faisais des histoires courtes et des monologues. J’écrivais des poèmes et de la musique depuis quelques années. Puis j’en ai eu marre de faire ça et le slam représenta pour moi un nouvel horizon. Je suis allé dans une université de slam et j’ai intégré deux formations de slam poétiques.
Où avez-vous appris à joueur de plusieurs instruments en plus du chant et pourquoi ?
J’ai appris à jouer de mon instrument partout où je pouvais apprendre des choses pour me perfectionner. J’ai commencé à jouer de la batterie dans l’orchestre de l’école primaire où j’étais. Puis j’ai joué de la guitare et de l’harmonica à 16 ans. Ensuite, je me suis mis au banjo et à la cruche pour mes 19 ans. L’utilisation des Os (instrument de musiue idiophone) est venue plus tard lorsque j’ai déménagé en Caroline du Nord. La flûte de Pan provient, quant à elle, d’Edmond Badoux que j’ai rencontré grâce à Mike Seeger.
Pour le chant, j’ai toujours eu un intérêt pour les voix uniques. Cela fait partie de mon attrait pour la musique folklorique. Tous les gens de ce milieu ont tendance à avoir des voix uniques, peu importe si elle sont belles ou fortes. Je voulais apprendre à chanter dans des différents styles, parce qu’il était pour moi que je puisse trouver ma voix.
Car la voix humaine est très polyvalente. Elle peut sonner différemment pour chaque individu. Aussi les différents styles de musique exigent des type de chants différents. J’ai donc essayé d’apprendre ce qui fait que chaque oeuvre fonctionne avec son style et son type de musique . C’est aussi pour cette raison que je ne chante pas tous les styles. Les musiques écrites par d’autres me donnent une certaine liberté.
Pouvez-vous nous présenter le Carolina Chocolaté Drops ?
« The Carolina Chocolate Drops » est un orchestre à cordes qui fait de la musique basée sur les racines de la musique noire. J’ai fondé le groupe en 2005 avec Rhiannon Giddens et Justin Robinson. J’y ai participé jusqu’en 2013.
Comment voyez-vous l’avenir de la musique folklorique aux USA de nos jours ?
C’est toujours dur à dire. Le fossé des générations concernant le public pour la musique folklorique se rétrécit chaque année. Il y a beaucoup d’instruments folkloriques utilisés dans la musique populaire plus que jamais. Il y a également intérêt toujours plus grand pour la musique populaire. Je le constate partout où je vais. Il y a beaucoup de collégiens et des gens plus âgés, qui ont cette démarche intellectuelle d’en savoir plus sur la musique qu’ils écoutent. Il est nécessaire pour la musique d’être enracinée dans une histoire.
Comment conciliez-vous les racines traditionnelles de la musique que vous défendez tout en y ajoutant une portée contemporaine ?
Je traite la musique comme une langue à part entière. Il y a un vocabulaire qui la fait sonner à sa manière.
Invoquer la musique, c’est déjà une voix pour faire du contemporain. C’est aussi simple que ça. Je n’essaie pas de noyer la musique, de la descendre et la faire devenir contemporaine. Quand je fais de la musique, je fais de mon mieux pour la faire courte. Toute la musique que j’admire le plus n’a pas existé à un moment donné et quand elle a été créé, elle a fait ses preuves. C’est ce que j’essaie de faire pour ma part et j’essaie de penser de cette façon.
Prospect Hill est un album profond et passionnant tant l’éventail musical est large. Si vous deviez le présenter en deux mots, que diriez-vous ?
Actuel et passionnant. J’ai essayé de faire de Prospect Hill un album qui serait simple à écouter. De cette manière celui qui l’écoute n’est pas ennuyé par l’arrangement surmené et artificiel. Prospect Hill doit être joué encore et encore, c’est un album où la musique vous prend, vous attrape et vous fait partir en voyage. Je pense que cela est excitant parce que le plaisir d’écouter cet album doit être autant dans la sonorité que dans le style. J’espère donc que les personnes qui vont l’écouter seront excités.
Qu’est ce qui changé selon vous depuis votre premier album avec Boo Hanks « Buffalo Junction» ?
Ces deux albums sont très différents. L’album avec Boo Hanks, c’est un album où j’appuie BooHanks et j’utilise mes talents pour soulever la musique de Boo. Prospect Hill est ma propre musique. J’ai enregistré deux autres albums sur le label Music Maker Relief Foundation. Dance Tunes, Ballads et Blues et American Songster. Ce sont des albums solo sur lesquels je joue de tous les instruments. Sur Prospect Hill je voulais produire un album plus gros, plus exigeants entourés de musiciens studio et c’est ce que j’ai fait. J’ai travaillé avec 2 groupe Guy Davis, Ben Hunter et Joe Seamons pour un avoir un son plus vieux, plus vintage et j’ai travaillé également avec un groupe de jazz pour d’autres chansons originales.
Si vous deviez recommander à nos leteurs, un festival ou un endroit aux USA pour découvrir la musique traditionnelle, quel serait-il ?
Je recommanderais le Mount Airy Fiddlers’ Convention à Mount Airy en Caroline du Nord. Je reviens juste de ce ressemblement à l’heure où je vous parle. C’est une compétition annuelle où des anciens musiciens qui viennent de tout le pays tentent de jouer « Sally Ann » de la meilleure façon et de la plus authentique des façons possibles de Surry County. Hormis cette compétition, il y a beaucoup d’artistes folk qui viennent juste pour jouer de la musique. Au cours de la semaine, vous trouverez peut-être 30 musiciens qui seront prêts à jouer ensemble jusqu’au petit matin. C’est un bon exemple de la façon dont la musique continue d’exister. Je plaide pour la musique que j’aime afin de permettre au plus grand nombre de découvrir LA musique. Cependant la musique en général est une très bonne chose. Car elle vit et elle respire dans le Sud comme les gens respirer. Cela n’a jamais changé.
Dom Flemons
PROSPECT HILL
Dixie Frog
Lire aussi :
Yael Naim : » Une chanson arrive comme elle arrive »
Orianne Moretti : une intellectuelle romantique et passionnée
Yana Bibb : la fille (indépendante) de son père
Fraser Anderson : un songwriter écossais pas si maudit que cela
Flo Morrissey et Jérémy Kapone : la jeune garde entre modernité et tradition