Igit : « Les chansons sont comme des photographies »
Par Amélie Coispel – bscnews.fr/ Sa guitare et sa voix rauque sont ses meilleurs instruments. Igit, musicien enrichi de ses concerts dans la rue et de son expérience dans The Voice, laisse une trace dans les esprits. De sa voix charmante et puissante, il avait interprété lors de l’émission des titres de Jacques Brel, Frank Sinatra ou bien Ray Charles. Un véritable succès. Aujourd’hui, le chanteur distille ses compositions dans un univers teinté de folk et de blues, où les mots résonnent. On y découvre des textes empreints de poésie. Igit nous apporte un nouveau souffle à travers son EP « Les voiles », dont le premier titre Courir est une belle invitation au voyage et incite à découvrir l’album dans son intégralité.
Vous avez participé à la saison 3 de The Voice où vous êtes allé jusqu’à la demi-finale. Après y avoir pris part, et avec du recul, qu’est-ce que cela vous a apporté ?
Cela m’a apporté beaucoup de choses, notamment une exposition qui a permis au projet que j’avais avant l’émission, avec mon groupe et mes propres chansons, de prendre son envol. Cela nous a aidés à passer une marche. Nous avons trouvé un entourage professionnel,rencontré un tourneur, qui nous a lui-même amenés à trouver un manager, grâce à qui nous avons trouvé une maison de disques. Nous avons signé il y a environ 10 jours chez Parlophone. Et puis, la chose la plus importante,cela a amené de nombreuses personnes dans les salles de concert et nous a permis de rencontrer le public.
Votre EP s’appelle Les voiles. Pourquoi ce titre ?
En écoutant toutes les chansons que nous avions sélectionnées pour mettre sur l’album, nous nous sommes rendus compte que ça évoquait beaucoup les voyages, qu’il y avait de nombreuses métaphores marines. Nos titres parlaient de mouvement, de temps. « Les voiles » semblait être un bon titre pour regrouper toutes ces idées. Et puis cela jouait aussi le côté « dévoiler », donc un petit jeu de mots en même temps.
Vos titres sont très personnels, évoquent votre vécu et vos souvenirs. Voyez-vous dans la musique un exutoire ?
Les titres qui sont présents sur l’EP ont été écrits, pour la plupart, il y a quelque temps. Alors, effectivement, ces titres sont révélateurs de la personne que j’étais il y a 5 ou 6 ans pour certains. Il n’y a que « Ma solitude » qui est récent, je l’ai écrit pendant la tournée The Voice. La musique est bien sûr un exutoire.
Ces titres sont évocateurs de la personne que vous étiez avant, mais sont-ils toujours d’actualité ?
Ils sont toujours d’actualité, bien sûr. Ils sont comme des photographies, qui sont toujours valables dans le sens où elles évoquent un moment de notre vie. Nous aimons les regarder, les triturer. J’estime qu’une chanson, une fois qu’elle est écrite, elle vit sa vie. Nous avons alors figé dans le temps une période, un sentiment ou une histoire et dans ce sens-là, une chanson est valable ad vitam aeternam.
Vous chantez à la fois en français et en anglais. Pourquoi cette alternance entre ces deux langues ?
Cela dépend des langues dans lesquelles j’ai écrit les morceaux. J’ai beaucoup voyagé, j’ai habité trois ans au Canada et deux ans et demi en Slovénie. Là-bas, je parlais anglais au jour le jour. J’ai écrit des chansons pendant ces années-là. Je faisais des concerts dans ces pays anglophones, il y avait une volonté de partage avec le public. Je souhaitais pouvoir jouer les morceaux en concerts et que les spectateurs comprennent.
Quelles ont été vos inspirations pour cet EP ?
Il y en a eu plein. Bizarrement, je n’écoute pas beaucoup de musique, donc mes inspirations ont plutôt été des gens qui m’entourent. Par contre, je viens d’une famille de musiciens. Depuis mes 15 ans, je fais de la musique. Tous mes meilleurs amis sont musiciens électroniques. Par conséquent, c’est aussi un style que je connais. J’ai toujours eu cette volonté de faire de la guitare-voix et de rester dans cet univers. Mais j’avais aussi envie de mettre des petites touches plus électroniques.
Cet EP a été financé par le crowfunding. Pourquoi ce choix ?
C’était ce qui nous paraissait le plus judicieux au moment de sa conception. Nous avions une grande exposition à l’époque. Nous y avions déjà réfléchi pour l’EP précédent, mais je n’en avais pas envie. Pour Les Voiles, ça paraissait logique, dans le sens où nous avions des gens qui nous suivaient. Il y avait ce côté précommande, presque, puisqu’en participant les gens avaient l’EP. Par ailleurs, je trouvais cela sympa, car j’ai joué dans la rue et c’est en quelque sorte le même principe. Comme on met des pièces dans un chapeau, ils pouvaient mettre de l’argent sur internet pour que nous puissions réaliser cet EP. C’était très important aussi, car nous avions cette volonté de poser une première pierre tout seuls, en indépendant. Cela nous a permis, lorsque nous avons été approchés par des maisons de disques, de leur dire ce qu’était notre projet. C’était un moyen de ne pas se compromettre et, si nous devions continuer avec des labels plus importants, qu’ils composent avec cela, qu’ils développent cette sensibilité-là et qu’ils n’essaient pas de faire autre chose de mon personnage.
Vous êtes entouré de 3 musiciens pour les dates. Comment vous êtes-vous rencontrés ?
Il y a des musiciens que je connaissais depuis longtemps, notamment le bassiste. Ils viennent du groupe Arnold. Nous étions sur la même petite boîte de production. Nous ne jouions pas ensemble, mais nous nous côtoyions au jour le jour, puisqu’en plus, nous travaillions dans les mêmes endroits. À mon retour de Slovénie, il fallait que je trouve des musiciens donc j’ai contacté Hugo (Zanghi, ndlr), avec qui ça a fonctionné tout de suite. Il a ensuite ramené Paul (Amboise, ndlr), le batteur. Kenzo (Zurzolo, ndlr), quant à lui, est une rencontre plus récente puisque c’est lui qui a coréalisé le disque. Nous avions travaillé ensemble exclusivement sur les aspects studio. Lorsque nous sommes arrivés à la fin du travail et qu’il fallait emmener tout cela en live, nous avons trouvé assez judicieux qu’ils nous rejoignent pour pouvoir prendre toutes les parties de piano présentes sur les enregistrements et avoir quelque chose qui collait à l’univers de l’album sur scène.
Vous vous produisez à la Cigale, à Paris, en novembre prochain. Que ressentez-vous à l’approche de cette date importante ?
Aie Aie Aie (sourires). C’est un peu stressant, car c’est une étape dans une carrière de musicien. Je me souviens, alors que j’habitais au Canada, il y a 10 ans, je me disais qu’à mon retour en France, si je faisais de la musique, il y a deux choses que je voulais faire. Il y avait Les Trois Baudets, que j’ai fait il y a longtemps déjà, et La Cigale, qui est un symbole. C’est un immense challenge que nous nous sommes mis, parce qu’il va falloir faire un concert un peu particulier. De plus, nous allons finir l’enregistrement de l’album en octobre, pour une sortie en février 2016, donc il y aura probablement des nouvelles chansons aussi. Par conséquent, en plus du symbole qu’est la grosse salle de La Cigale, c’est aussi le retour des gens sur l’album à venir. C’est un symbole sous de nombreux aspects. J’espère que ça va bien se passer, il n’y a pas de raison que ça se passe mal !
En concert :
A Autrans, dans le cadre du festival Vercors music festival le 12 juillet 2015.
En première partie de Yannick Noah à Boulogne sur mer dans le cadre du festival La côte d’Opale le 18 juillet 2015.
A La Cigale à Paris le 28 novembre 2015.
IGIT
Les Voiles [EP]
Date de sortie : 16 mars 2015
Crédit-photo : Ojoz
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