Jean-René Lemoine : « Médée choisit l’enivrante folie du sursis «
Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Dramaturge, directeur de troupe et metteur en scène de théâtre, Jean-René Lemoine est originaire d’Haïti et vit à Paris depuis 1989. En 2012, sa pièce Erzuli Dahomey, déesse de l’amour, après avoir reçu le prix SACD de dramaturgie de langue française, est entrée au répertoire de la Comédie Française. Dans Médée, poème enragé, sa dernière création, il prête son corps et sa voix à cette grande figure mythologique en donnant à entendre un texte, aussi inspiré que poétique, dont il est l’auteur. Laissons parler l’artiste dont le propos passionnant ne pourra que vous charmer…
Quelles ont été vos sources d’inspiration pour l’écriture de votre Médée: Euripide, Corneille, Anouilh? …ou uniquement le mythe grec?
La source principale d’inspiration a été la Médée d’Euripide. J’ai toujours été fasciné par la force brute des tragédies grecques. Elles ne portent pas de jugement sur les personnages. Elles disent les actes, les éclairent, font la lumière sur les passions et les tourments des êtres, les prennent profondément en pitié sans pour autant les dédouaner. La Médée d’Euripide est une plongée éblouissante, aveuglante dans la genèse d’un crime. Cette Médée-là est à la fois assassin et victime. Elle suit comme une guerrière son chemin de souffrance et d’horreur. Elle échappe aux poursuites au châtiment. Après avoir perpétré son crime, elle s’envole – tout simplement – sur un char. Mais elle n’a plus rien, elle s’est en quelque sorte décapitée elle-même, c’est cela qui est tragique, bouleversant.
J’ajouterai que d’autres Médée ont en quelque sorte …