Quand la Patience a des limites….

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Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ John Coates est né en 1912 dans le Yorkshire. En 1935, il s’installe avec son épouse en Irlande.

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Au début de la seconde guerre Mondiale, il revient en Angleterre et commence à écrire une série de pièces de théâtre et onze romans dont Patience en 1953. C’est le récit d’une jeune femme naïve et toujours souriante, très pieuse et qui se satisfait de tout. Auprès d’Edward, elle joue son rôle d’épouse docile et subit le « devoir conjugal » sans éprouver le moindre plaisir. Mais tout bascule le jour où son frère Lionel – dont l’épouse est partie subitement s’enfermer dans une retraite, lui annonce horrifié qu’Edward a une maîtresse. Patience ne ressent étrangement pas de colère à l’égard d’Edward; au contraire, elle rêverait d’un arrangement avec la maîtresse pour que cette dernière seule s’acquitte de ces moments désagréables que l’on a à passer dans le lit. Le lendemain, elle rencontre chez sa sœur Helene un homme troublant qui ne cesse de la regarder : un jeune musicien qui se prénomme Philip…succombera-t-elle au Péché avec lui?
Ce roman offre une recréation délicieusement amusante dans le passé. Autres temps, autres mœurs et Patience est l’incarnation d’une société bourgeoise empêtrée dans ses contradictions ; les hommes peuvent batifoler s’ils reviennent ensuite dans le droit chemin en s’excusant, les femmes doivent faire preuve d’une piété monacale et leurs rapports sexuels doivent s’envisager comme des devoirs conjugaux auxquels il serait condamnable de rattacher toute notion de plaisir. La naïveté de Patience fait sa fraîcheur et l’on s’attache à cette jeune femme de 28 ans qui s’ouvre peu à peu à une vie plus corporelle.
Un ouvrage charmant qui comblera les romantiques mais pourra séduire aussi tous ceux qui prisent les romans qui font un portrait juste de leurs sociétés. Au travers de la douceur de Patience, John Coates réussit à nous faire entendre sa condamnation d’une société qui soumet les femmes à un rôle de potiche et déplore les conséquences des mariages arrangés.

 » Elle réfléchissait avec tant d’ardeur que Lionel en aurait été tout surpris s’il l’avait su ; mais, malheureusement, elle n’arrivait à aucune conclusion, du moins aucune que son frère aurait approuvée. Car vraiment, même en admettant qu’Edward agît mal ( sauf s’il s’était fait Mahométan sans rien dire à personne, ce qui semblait peu probable), Patience ne voyait aucune objection à ce qu’il eût une maîtresse. Sans doute avait-elle tort, mais ça lui était parfaitement égal : si cette pauvre fille aimait Edward comme elle aimait ses enfants, alors, quel que fût le châtiment qui pût lui être réservé, jamais, en aucun cas, elle n’aurait la cruauté d’essayer d’amener Edward à rompre. Car comment elle-même pourrait-elle vivre, dans ce monde ou dans l’autre, sans la présence d’Helen et de ses filles auxquelles elle pût prodiguer tout son amour? »

Patience
Auteur: John Coates
Editions: Belfond
Collection: Roman [ Vintage ]
Prix: 17€

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