Vortex : une métamorphose plastique superbe

par
Partagez l'article !

Par Julie Cadilhac – bscnews.fr/ Un plateau circulaire entouré de ventilateurs et, au centre, un étrange bonhomme en costume, au visage recouvert de bandes et à la morphologie démesurément corpulente. C’est peut-être un sans-abri ou un de ces originaux que l’on croise dans les parcs, entouré de moineaux, d’écureuils qui, paradoxalement, nous rappelle la dureté de notre société consumériste et libérale où la fragilité est souvent sacrifiée mais en même temps nous permet d’échapper, le temps de quelques minutes, au temps qui nous presse et nous obsède, par sa fantaisie et son épicurisme intrinsèques.

Partagez l'article !

Phia Ménard a l’art de la métaphore. Elle exploite ici, avec pertinence et esthétisme, la question du recyclage pour parler d’elle-même et de sa métamorphose progressive qui en a fait une belle femme libérée du poids des convenances, des qu’en dira-t-on, des médisances et des jalousies…car c’est bien de cela dont il s’agit au fur et à mesure que ce gros bonhomme se défait de ses couches de plastique, en extirpe de son ventre des mètres et des mètres jusqu’à pouvoir enfin renaître, dans une autre peau, un autre visage mais un même cœur que l’on entend presque battre lors de la représentation. Nous assistons à la renaissance d’un être humain : de son état de chenille qui se traîne et rampe, à sa mue en chrysalide jusqu’à son envol de papillon. Phia Ménard s’entoure d’une machinerie étonnante dont la technique épatante réussit à faire danser harmonieusement des sacs plastiques mais également d’une bande-son qui, tour à tour, berce, secoue et saisit les entrailles. Sa performance physique est à applaudir de surcroît tant il doit être éprouvant de se mouvoir et de se dévêtir progressivement des kilos de plastique qui la ceignent.
Que faire de tout ce plastique qui nous envahit et nous pollue? Le regarder avec un regard neuf, semble nous répondre l’artiste et l’on voit avec émerveillement sur scène des danseuses colorées exécuter des entrechats jusqu’au ciel et accompagner les journées du bonhomme sans visage. Avec tout ce plastique qui dégorge de nos poubelles, Phia Ménard crée des histoires, de superbes histoires qui émeuvent et transcendent….nous invitant à comprendre sans doute qu’elle n’a pas renié toutes ces couches dont elle s’est progressivement libérée mais en a fait une matière qui palpite et exulte de beauté à mi-chemin entre la danse, le théâtre et le cirque.

Dates des représentations :

– Les 17,18,19,20 et 21 mars 2015 à la Scène Nationale de Sète ( 34)

– Du 02 avril 2014 au 06 avril 2014 – Espagne – Circus Today – Mercat de Les Flors – Barcelone

– Du 22 avril 2014 au 25 avril 2014 – France – La Passerelle, Scène nationale de Saint-Brieuc (22)

– Du 10 mai 2014 au 14 mai 2014 – France – Les Migrateurs, en co-accueil avec le TJP, Centre Dramatique National d’Alsace – Strasbourg (67)

– Du 05 juin 2014 au 08 juin 2014 – Hongrie – Trafó – Budapest

– Du 02 juillet 2014 au 06 juillet 2014 – France – La Pléïade – La Riche (37)

– Du 3 au 7 février 2015 au Bateau-Feu, Scène Nationale de Dunkerque

Le site de la Cie Non Nova

L’interview de Phia Ménard par le bscnews.fr : Phia Ménard : « nous n’inventons rien, nous le voyons différemment »

A lire aussi:

Myriam Boyer : une Fréhel émouvante

Duras et la société industrielle bourgeoise arrogante

Les Damnés de la terre : Jacques Allaire dénonce à grands coups de pinceaux inspirés le mal colonial

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à