Please Kill Me : le bel hommage de Mathieu Bauer au Punk

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Par Nicolas Vidal – bscnews.fr / Amener le punk au théâtre parait être au premier abord une curieuse idée tant les deux univers semblent lointains. C’est le pari un peu fou dans lequel s’est lancé Mathieu Bauer, metteur en scène et directeur du Nouveau Theatre de Montreuil avec Please Kill Me

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. À l’origine le livre de Legs McNeil et de Gillian McCain qui recueille des heures d’entretien sur les grandes figures du punk américain des années 1976/1978 paru en France aux éditions Allia. Cet ouvrage que nombreux considèrent comme une bible, accrédite l’idée de l’émergence d’un mouvement autant musical que social dans une Amérique en proie à de profonds changements à l’orée des années 1980.

Le spectacle est délocalisé du cadre feutré du théâtre des treize vents à la mythique salle des nuits musicales montpelliéraines qu’est le Rockstore. Les spectateurs se retrouvent face à une scène ou quatre jeunes gens mâchent des chewing-gums et sont adossés nonchalamment au mur en regardant fixement le public qui se masse en contrebas. Il y a une foule éclectique; de jeunes et de grands ados qui papillonnent d’un cote a l’autre de la salle en gloussant, des quadragénaires avec la fougue d’une mélancolie de l’adolescence perdue regardent la scène ébahis, presque intimidés. Des gens d’un certains âge plus habitues aux fauteuils moelleux d’un theatre qu’aux salles de concerts tendent le cou vers la scene avec circonspection et envie. Cependant, chacun est venu, poussé par sa curiosité, peut-être pour y récupérer le morceau sucré d’un héritage musical laisse à l’abandon.

Tout ce qui se passe sur scène autour de Kate Strong et de Matthias Girbirg est tiré du livre de Legs McNeil et de Gillian McCain ; des anecdotes, des bribes, des phrases, des flashs, de la défonce, de la drogue dans une fuite inexorable vers l’essence du Punk.
Matthias Girbirg se fond magnifiquement bien dans les figures et les personnages musicaux qu’il incarne. Il a le mouvement et l’amplitude juste pour faire briller cette histoire du Punk. Le comédien évite avec brio l’écueil principal qui plane sur un thème comme celui-ci : en faire trop. Kate Strong donne cette dimension anglo-saxonne et insuffle une sensualité propre a toute représentation poétique aussi violente soit-elle. Elle est la fibre féminine qui a la fois magnétise,assagit et décuple la force du propos.

Please Kill me est une célébration étonnante du mouvement Punk avec une mise en scène qu’il convient de saluer et qui s’adapte parfaitement à tous les types de public. Car n’est-ce pas le talent de pouvoir s’adresser a une large palette d’individus et leur faire proposer d’une voix une seule une histoire comme celle du punk ? C’est un spectacle de concert-théâtre qui doit être vu pour mille et une bonne raisons. Vous trouverez forcément la votre et vous sortirez en réécoutant Iggy Pop, Ramones, Patti Smith ou Lou Reed. Mathieu Bauer est dans le vrai avec une proposition de la sorte aussi vivace, spontanée et passionnante qu’est l’histoire du punk-rock americain.

Please Kill Me
d’après le recueil de Legs McNeil et Gillian McCain.
adaptation, conception et mise en scène : Mathieu Bauer
avec Matthias Girbig et Kate Strong et les musiciens Mathieu Bauer (batterie), Lazare Boghossian (sampler, basse) et Sylvain Cartigny (guitare, basse)

Théâtre des 13 vents : joué le jeudi 5 et vendredi 6 décembre 2013 au Rockstore ( Montpellier).
Durée du spectacle : 1h25`

(Photo – Pierre Grosbois)

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