Sticky Betty : psyché d’une jeunesse désenchantée

par
Partagez l'article !

Par Florence Gopikian Yérémian – bscnews.fr/ Betty Colls est un cri. Un cri d’alarme et de détresse, un appel à l’aide de la jeunesse désenchantée prête à tous les sacrifices pour tenter de donner un sens à la vie. L’histoire pourrait se dérouler aujourd’hui aussi bien qu’après la guerre, en plein cœur du swinguant quartier Saint Germain ou au détour d’une rue sordide.

Partagez l'article !

On y croise deux gamins qui ont grandi trop vite sans avoir eu le temps de comprendre ce qu’ils devaient faire de leur destinée. Il y a Henri, maigre échalas, timide et complexé et son copain Arisky, grand de gueule mais poète dans l’âme. Petits bourgeois à la dérive, ce tandem paumé et grotesque croise malheureusement la route d’une suicidaire au cœur vide : elle se nomme Betty Colls, ou plutôt, Betty « Pot de Colle ». Belle comme un coquelicot rouge tendu vers un ciel sombre, elle s’agrippe aux deux compères, les englue et les entraine dans une lente agonie. Sa soif de mort et destruction est trop forte pour que cette jeunesse désœuvrée ne soit pas emportée dans le gouffre du drame. Derrière les fumées opiacées et les rires forcés transparaîtra la faucheuse : gorgée de sang frais et de haine, elle transformera le spleen artificiel de ces voyous de pacotille en un véritable martyre. Le texte de Paul Jeanson est vif, provocateur et ponctué de quelques jeux de mots cocasses aux accents surréalistes. Les acteurs sont bons et se donnent sans complexe. On regrette cependant de les voir manipuler abusivement la carte du « trisomique ». Le thème de la jeunesse en détresse ne passe pas uniquement par un excès d’obscénité et de débilité : il eut été habile de tenter d’expliquer les rouages de ce mal-être, pas seulement de le constater. La pièce aurait gagné en sens et en profondeur. Elle demeure glauque.

BETTY COLLS
Texte et mise en scène de Paul Jeanson
Avec Sophie de Fürst, Bastien Bernini, Paul de Launoy et Ophélie Clavie

Théâtre de Belleville
94, rue du Faubourg du Temple – Paris 11e
Résa : 01 48 06 72 34

Du 17 mai au 28 juillet 2013
Du mardi au samedi à 21h30
Dimanche à 15h
Relâche le 26 juin

A découvrir aussi:

Ernst Lubitsch revisité par une troupe Slovène

Un couple en danger : une locution ordinaire

L’affrontement : un débat sur l’Eglise entre Francis Huster et Davy Sardou

French Burlesque : quand glamour rime avec humour

Ça bourdonne chez les Capulet et les Montaigu

Une heure de tranquillité : Fabrice Luchini ne parvient pas à trouver l’octave de la vraie farce

Laissez votre commentaire

Il vous reste

0 article à lire

M'abonner à