Je Pense à Yu : Quand le passé nous rattrape

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Par Soisic Belin – bscnews.fr /photo: Jean-Louis Fernandez/ Une belle surprise que cette adaptation du roman de Carole Fréchette, mise en scène par Jean Claude Berutti. Nous sommes dans un appartement du nord de la France, il fait froid dehors et le huis clos insiste sur l’état psychologique des personnages et de Madeleine notamment, la locataire des lieux.

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Cela fait un an qu’elle est rentrée de son périple dans le grand Nord (une folie amoureuse), mais elle n’a toujours pas trouvé le temps d’aménager, de poser les choses, de les ranger et de se retrouver elle même. Elle vit donc dans cette instabilité propice à l’évasion mentale, mais aussi à la perdition physique et sociale. Elle est seule. Cette solitude, elle la cultive, malgré son travail de traductrice technique et ses heures en tant que professeur de français à domicile : sa vie est un néant. Madeleine s’ennuie et dérive vers la folie, jusqu’au jour où son voisin frappe à sa porte, un courrier a été malencontreusement déposé à la mauvaise adresse, un courrier spécial, un poster, mais pas n’importe lequel, celui de Mao. Les événements de 1989 sur la place Tian’anmen ressurgissent mais flous, Madeleine n’y était pas, elle l’a vécue par procuration cette révolution. Dès lors, elle s’empare de son ordinateur et plonge dans ce passé historique, cela dépasse la simple curiosité et devient une véritable obsession, pour Yu, plus particulièrement. Ce dernier avait choisi la révolte, en souillant le portrait du grand maître et avait pris pour cela 17 années de réclusion. Cette pièce relie ainsi trois personnages que tout oppose, par un même fil conducteur : la gestion des émotions. Comment doit-on réagir à la douleur? Doit-on l’extérioriser ou l’intérioriser? Le courage est-il dans la rébellion ou dans l’acceptation? Madeleine, Jérémie son voisin et Lin la jeune étudiante chinoise vont devoir répondre à ces questions. Les planches de ce théâtre subissent le choc de ces remises en cause, personnelles, universelles, tout se mélange et se lie : crises de rage, de désespoir, larmes de joies, d’amour et d’amitié… L’interprétation brillante des comédiens, Marianne Basler, Antoine Caubet et Yilin Yang, tient à leur complémentarité et à la justesse de leur jeu. Les rapports humains, quand ils sont complexes, sont d’autant plus intéressants. On retrouve alors les petites histoires de chacun dans la grande Histoire, qui nous appartient à tous.

Je pense à Yu
Au Théâtre Artistic Athévains
45, rue Richard Lenoir 75011 PARIS
Du 14 au 30 juin 2013

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