Daphné: entre espoir, douceur et fantaisie

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Interview de Daphné ©Gassian/ Propos recueillis par Julie Cadilhacbscnews.fr/ Qui a vu Daphné en concert n’ignore plus la magie qu’elle distille sur scène..Dans son nouvel album, elle s’improvise Marquise de Venise avec la même grâce délicate que dans son album Carmin, elle colore le monde de poésie et de fantaisie et sa voix ailée et tremblée offre un moment d’intimité fragile qui désarçonne autant qu’il séduit.

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Daphné pétille, Daphné enchante et transporte l’auditoire dans une parenthèse d’émotions diaphanes. En concert,c’est une fée dont les doigts et les bras par leurs valses fascinantes invitent au rêve. Embarquez à bord de sa gondole, elle vous racontera au delà des palais qui trônent au bord du Grand Canal, bien au dessus du vol des pigeons de la place Saint Marc, les tendresses d’une nuit aux yeux de tigre, le charme de l’homme à la peau musicale; elle improvisera pour vous une chanson pour trapézistes et vous croiserez en sa compagnie des chats persans en chocolat, des mots qui font les cent pas, un cigarillo paradis et comme vous viendra la délicieuse envie de vivre cette romantique aventure – et parce qu’on n’est pas égoïste, notez-bien!-  on vous a laissé toutes les dates de la demoiselle! On l’écoute!

Bleu Venise…. pourquoi ce titre?
J’ai toujours aimé cette ville depuis la toute première fois où j’y suis allée, j’avais alors 11 ans. C’est une ville dans laquelle je me ressource, je ne sais pas trop pourquoi mais je me sens bien là-bas.

L’album a-t-il été écrit là-bas? Quelle a été l’impulsion de l’écriture?
L’album n’est pas né à Venise. Ce titre, c’est un peu comme lorsqu’on parle des choses que l’on aime… j’ai du écrire une chanson sur place mais je me sens toujours reliée à cette ville alors il n’était pas nécessaire que j’écrive mes textes à Venise même.

Au dos du cd, sur la quatrième de couverture, on lit ainsi « Veni Etiam »… Comme dans l’Éloge de Venise, de Luigi Grotto Cieco d’Hadria, prononcé pour la consécration du Doge Sérénissime de Venise Luigi Mocenigo, le 23 août 1570 où est expliqué le nom de Venise : « De ce désir d’y retourner qui pèse sur tous ceux qui la quittèrent elle prit le nom de Venetia, comme pour dire à ceux qui la quittent, dans une douce prière: Veni Etiam, reviens encore «  ?
Oui, le mot Venise signifie « reviens encore » et c’est une façon de dire que lorsqu’on est vraiment attaché à quelqu’un ou à un lieu, on a tout le temps envie d’y revenir. C’était surtout cette idée-là qui est développée dans le disque parce que je ne parle pas tant que ça de Venise dedans. C’est plutôt l’ambiance en elle-même qui m’intéressait.

Un album nostalgique?
Il n’y a pas que la nostalgie. Il y a la curiosité aussi, comme lorsqu’on a envie de revenir dans un port ou dans une ville. Trouver des lieux ou des gens qui nous ressourcent, c’est très positif, non?

Vous avez une écriture très poétique pointillée d’images fantaisistes…la poésie est-elle un genre qui vous est cher? Avez-vous des poètes de chevet?
J’aime beaucoup Boris Vian, Pablo Neruda, Arthur Rimbaud. Il y a aussi Jean-Michel Maulpoix qui est un poète actuel que j’apprécie énormément. Boris Vian m’a beaucoup marquée quand j’étais jeune. Brassens aussi, même si là on rentre dans le domaine des chanteurs: son écriture m’a toujours bouleversée.

Comment naissent vos images? Les mots précèdent-ils la mélodie… ou le contraire ? Bleu Venise
C’est souvent en même temps que naissent la mélodie, l’image et le mot. Après je retravaille le texte et pour certaines chansons, cela peut prendre du temps…

Votre écriture, déjà sans la mélodie, est très musicale…on y repère de nombreuses allitérations et assonances. Est-ce réfléchi ou instinctif?
Un peu les deux. C’est surtout ludique pour moi l’écriture; j’aime bien les sons qui chatouillent le tympan. La langue française se prête à ça et j’affectionne cet exercice depuis que je suis petite. J’écrivais des poésies comme beaucoup d’enfants et je me suis toujours amusée avec les mots, le son surtout des mots.

Dans cet album, vous avez choisi une ambiance sonore très élégante, avec des cordes notamment…
Ce sont les émotions de la chanson qui me font décider si je veux des cordes ou pas. Ces cordes ne sont pas précisément liées à Venise, elles apparaissaient aussi dans mes précédents albums. Une fois que la chanson est terminée, j’imagine les arrangements que je vais mettre, des fois les cordes s’imposent, des fois je n’en entends pas et parfois ce n’est pas à la fin mais dès le départ d’un morceau que j’imagine des cordes dessus.

L’amour est un de vos thèmes de prédilection… est-ce le choix d’une grande romantique? ou est-ce tout simplement le thème qui stimule le plus votre imagination?
Pour moi, ce n’est pas un thème mais davantage une manière de voir, une manière d’être. Je ne sais pas si c’est du romantisme; c’est vrai que j’ai une tendance naturelle à voir les gens, la vie avec amour; ça m’inspire. Je n’ai pas envie de parler de choses désastreuses, on en est entouré. Si je m’exprime de cette façon , c’est que j’ai envie d’amener de l’espoir, de la douceur aussi et de la fantaisie. Il y a une chanson ou deux dans l’album qui sont plus tristes … L’objectif n’est pas  d’être mièvre:  c’est malheureusement souvent mis en adéquation alors que ce n’est pas du tout la même chose! – c’est juste que lorsqu’on écrit des chansons, on ne sait pas toujours pourquoi elles nous viennent ainsi. C’est un besoin et  c’est  mon métier aussi. Par contre, on a le choix de décider de ce que l’on va partager avec les gens et c’est vrai que dans mes trois albums, j’ai fait souvent le choix de parler d’amour, et on me dit même souvent que j’ai un peu de mélancolie dans la voix. Je vois ce choix comme une intention d’espoir vis à vis des auditeurs ; je me dis qu’ils n’ont pas besoin d’être accablés davantage avec des choses très douloureuses.

Il y a effectivement deux chansons, « Portrait d’un vertige » et « L’un dans l’autre » qui sont plus tristes, où l’on entend en toile de  fond que l’Autre déçoit…elles ont été imaginées à 4 mains?
J’écris tous mes textes seule. Je n’imagine pas de faire autrement. C’est la composition que je fais parfois à deux. Je suis mélodiste et par moments je fais appel soit à un guitariste, soit un pianiste. «L’un dans l’autre», c’est le constat d’une séparation. «Portrait d’un vertige», c’est l’évocation de la difficulté d’avoir un port d’attache quand on a l’esprit un peu nomade, un peu tzigane comme c’est un peu mon cas. J’y dis « J’habite toujours en vacances ». Dans l’esprit de voyages et de déplacements réguliers, c’est souvent dur de  tout concilier. Cela fait partie de mon métier. Mais la plus triste de l’album assurément, c’est L’un dans l’autre…

Dans vos textes, il y a aussi cet amour du verbe… vous décrivez vos mots « qui font les cent pas », votre chanson devient «trapéziste»…
Dans mes chansons, je parle de mouvements, d’émotions. La musique, c’est un mouvement énergétique, un mouvement vers l’autre. C’est une vibration en fait. Mon travail, c’est une adéquation entre les mots et la musique donc j’essaie de trouver des mots qui bougent… d’où « ma chanson pour trapéziste ».

Dans vos remerciements, vous évoquez Isadora Duncan, Jacques Prévert, Philip Starck, Conan Doyle et Sherlock Holmes… Sont-ce les « Muses » de cet album?
C’est vrai que ce sont des gens dont le travail m’accompagne depuis que je suis toute petite. Muses, je ne sais pas, j’ai l’impression plutôt que ce sont des anges gardiens.. et pour ne pas entrer dans le côté mystique du mot  » ange », je dirais que ce sont des gardiens. Je me dis aussi que lorsqu’on fait des remerciements, ça peut donner envie aux gens de replonger dans les oeuvres citées . J’avais aussi remercié dans mon premier album Jules Verne. On a un fil conducteur lorsqu’on fait un album et ces personnalités-là sont un peu des «veilleurs». Ce sont des ressources; des gens ayant vraiment existé , des personnages ou des lieux…qui nous nourrissent. on est tellement dans une société où souvent les choses nous vident, soit par leur vitesse soit par un manque de sens, que du coup lorsqu’on peut se raccrocher à des gens qui ont des choses passionnantes à dire, ne serait-ce que par la forme dans le cas de Philip Starck, il ne faut pas s’en priver!  Ce sont des gens que je remercie – même s’il y en a qui sont décédés!- parce que, pour ne citer que lui, Jacques Prévert, toute son oeuvre fait du bien, elle fait rire, c’est une chance quoi…

Sur vos trois albums, L’Emeraude (2005), Carmin (2007), Bleu Venise (2010) il y a une couleur annoncée… Pourquoi?
Quand je vois la musique, je vois des couleurs en même temps. C’est une teinte dominante à un moment donné dans mes chansons et ça correspond à une période. J’ai toujours fonctionné ainsi même avant de faire de la musique. Pendant deux, trois ans, j’ai une couleur qui m’appelle, plus qu’une autre…ça peut se traduire par la décoration d’une pièce, l’attirance pour des objets ou des vêtements d’une couleur particulière. Mais après je n’ai pas l’impression d’abandonner ces couleurs. C’est aussi une façon de dire que l’on est multiple, on n’est pas que d’une seule teinte dans la journée ou d’un jour à l’autre, on est vraiment fait de différentes lumières.

Cet album a suscité de belles rencontres avec le public en 2011 et cela se poursuit en 2012…
La tournée a commencé en janvier 2011. Il y a eu une pause cet été et depuis septembre on a repris et ce jusqu’à fin mars 2012. Je vais davantage, maintenant, à la rencontre des gens à la fin de mes concerts parce qu’avant j’étais trop intimidée. Je le  suis toujours mais j’aime bien cet échange; ça me fait plaisir et ça me porte pour continuer. Ce qui est génial, c’est qu’il y a beaucoup d’enfants et ça je ne m’y attendais pas. Sur l’Emeraude et surtout sur Carmin que j’ai davantage tourné, il y avait des hommes, des femmes, des couples et là il y a des familles entières avec des enfants, le papa, la maman, les amis!  Et tout ça m’émeut de voir que ça touche tous les âges…des tout petits enfants jusqu’aux personnes très âgées parfois aussi. Ce n’est pas recherché quand on écrit une chanson mais quand on voit des enfants fredonner un de vos textes, c’est vraiment émouvant…

Daphné en concert en 2012:

20/01 Sotteville-Les-Rouen(76)-Trianon Transatlantique

21/01 Fougères (35) -Centre Culturel Juliette Drouet

22/01 Carhaix (29) -Espace Glenmor

31/01 Ajaccio (2A) -Espace Diamant

02/02 Montpellier (34) – Théâtre Jean Vilar

03/02 Montbrison (42)- Théâtre des Pénitents

09/02 Bouguenais (44) – Centre Culturel Piano’cktail

10/02 Lèves (28) – Espace Soutine

14/02 Armentières (59)- Le Vivat

24/02 Gonfreville (76) – Espace culturel de la Pointe

09/03 Villefontaine (38) – Théâtre du Vellein

10/03 Lempdes (63) –  La 2Deuche

15/03 Saint Chamond (42) – Salle Aristide Briand

16/03 Bourg en Bresse (01)- Théâtre

29/03 Saint Cloud (92)- Centre Culturel des 3 Pierrots

30/03 Charleville Mezières (08)- Théâtre

31/03 Rombas (57)- Nouvel Espace Culturel

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