Au théâtre ce soir: le garçon sort de l’ombre

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Par Julie Cadilhacbscnews.fr/ Une ambiance entre chien et loup, une mère-épave – ou presque, un père absent censé être en mission au fond d’un sous-marin, une prostituée jeune et pourtant si usée, un phare, les remous de la mer, un marin aux pulsions sauvagement contenues pendant des mois, du désespoir sourd et indicible qui pèse comme un couvercle.

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Au commencement, on est happé par la beauté d’un plateau superbement aménagé par Gérard Espinosa, divisé en deux espaces qui se rejoignent à la fin pour un baiser tragique: l’un aux murs vertigineux dont la tapisserie se ride et s’effrite autant que la raison maternelle, où la télévision chante sa sempiternelle rengaine abêtissante et où l’on ne fait rien qu’aspirer à partir en fumant clope sur clope et en faisant des cartons; l’autre sur une plage de sable fin où viennent s’échouer les clients ivres et désabusés du cabaret bruyant que l’on atteint depuis un ponton en bois surmonté de deux lampadaires qui font éclater la misère et la noirceur en pleine lumière. La mise en scène de Jean-Marie Besset exploite avec justesse les différents espaces: la fille de joie attise les regards sous la lueur agressive des réverbères, le marin impressionne par  sa taille et de toute sa hauteur…Le jeu des comédiens est globalement assez juste même si les scènes de dispute entre mère et fils finissent par lasser et ont un je-ne-sais-quoi de trop exagéré qui chasse le naturel. Thomas Bédécarrats a le physique du rôle et l’on regrettera simplement qu’on le déshabille sans intérêt dramaturgique si ce n’est pour le plaisir de profiter de sa belle plastique. Sophie DuquenneLe garçon sort de l'ombre en putain du quai des brumes – ou presque- est touchante. Du haut de ses deux longues jambes qui hypnotisent, elle campe une femme fatiguée par le désir sale des hommes mais sa rencontre éphémère avec Jean est une lueur dans les ténèbres qu’elle traverse avec le courage de ceux qui ont déjà tout perdu. Annick le Goff a un grain de voix saisissant et convainc dans son rôle de mère étouffante. Stefan Delon s’impose sur le plateau, le temps d’une cigarette ou deux, et sa rapine interlope l’érige en sire sinistre venu annoncer la mort.

Alors quoi? Il reste le texte du jeune Régis de Martrin dont on espérait beaucoup. S’il s’améliore dès lors que La Fille survient, s’il s’auréole d’une légère coloration poétique lors des deux derniers tableaux, il a  toutes les qualités et les défauts de la jeunesse:les mots s’emportent et sont impétueux jusqu’à l’excès, le goût du tragique offre une fin surprenante et les dialogues avec la mère ( et surtout le premier!) flirtent trop avec la trivialité pour un plateau de théâtre. Enfin,la pièce est bien trop longue! Deux heures de représentation! Il n’y a guère que les classiques qui méritent de monopoliser notre attention aussi longtemps!

Le garçon sort de l'ombreMise en scène Jean-Marie Besset

Assistant à la mise en scène Régis de Martrin-Donos
scénographie Gérard Espinosa
Lumières Martine André
Costumes Marie Delphin
Son Serge Monségu
Production Théâtre des 13 vents
Avec Annick Le Goff, Thomas Bédécarrats, Sophie Lequenne et Stefan Delon.

Au Théâtre des 13 vents du 27/10/11 au 4/11/11

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