Panda Bear : un son radieux, fulgurant, éblouissant
Par Eddie Williamson – BSCNEWS.FR / Tomboy est le quatrième album de Noah Lennox, alias Panda Bear. C’est l’un des membres fondateurs d’Animal Collective, un groupe tellement connoté « hype » que je me sens obligée de prévenir mes amis dès que je leur en parle : « C’est génial, mais si vous écoutez ça trop fort dans le bus, on va vous prendre pour un hipster, j’vous préviens. » La plupart d’entre eux n’ont aucune idée de ce qu’est un hipster (« quelqu’un qui a tout le temps le hoquet ? »), du coup ça n’a pas un grand impact sur eux. Comme souvent, il n’a fallu qu’une écoute pour me convaincre de vous parler de ce disque.
Je ne sais pas pour vous, mais dans un album il y a toujours un morceau-déclic. Il y a beaucoup de choses qui ont changé dans ma manière d’appréhender la musique depuis trois ans, mais s’il y a quelque chose d’immuable, c’est bien ce déclic. Je ne peux aimer un album sans lui. Le moment où l’album cesse d’être le troisième sur la liste des albums à écouter dans la matinée, ou l’album qu’untel m’a filé, mais un album que je m’approprie, sachant pertinemment que je vais y associer images et souvenirs dans les mois, années à venir. Tous les albums récents dont je parle ici sont comme ça, je me souviens très précisément quand et comment je les ai découverts, appréciés. Ce sont en quelque sorte des points de repère de tout ce qui s’est passé ces dernières années.
Le déclic pour Tomboy, ce fut « Slow Motion », sorti en face B du single « Tomboy » en juillet dernier, et que j’ai bien fait de mettre de côté en attendant l’album. Ç’aurait pu être« Last Night at the Jetty », « You Can Count on Me » ou « Afterburner », toutes splendides et évocatrices. Il y a dans tous les albums de Panda Bear ou d’Animal Collective des morceaux géniaux, simplement géniaux. Je ne sais pas comment ces mecs y arrivent, là où des tas de copycats échouent lamentablement. Panda Bear, avec sa voix, quelques samples et une dose gargantuesque de réverbération, réussi à m’absorber dans ses délires hypnotiques avec une facilité déconcertante. Ça en devient flippant à force.
Le dépouillement n’est pas ce qui caractériserait le mieux sa musique, même si par rapport à Person Pitch (2007), Tomboy paraît minimaliste. « Il en fait parfois un peu trop », pense-je souvent au début de tel ou tel morceau, la pensée suivante ressemblant invariablement à « Mais qu’est-ce que c’est beau ». Harmonies vocales, boucles et crescendos électroniques, ce n’est pas une musique à écouter un matin post-beuverie. On se croirait parfois dans une cathédrale, ou pris au piège sous une cascade sonore étourdissante. Je pourrais multiplier les métaphores et les adjectifs, mais je pense que vous avez saisi l’idée. Il y a bien un mot anglais qui décrit à la perfection les meilleurs morceaux de Tomboy : dazzling (/ˈdæzlɪŋ/). Radieux, fulgurant, éblouissant.
Considérée-moi dazzlée.
Sorti le 11 avril 2011 chez Paw Tracks Records