Québec : Une nouvelle génération de littérature

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La neige a recouvert Montréal depuis deux mois, favorisant un certain retrait, un temps d’incubation propice à la lecture, l’écriture ou bien, entre deux ballades en ski de fond, en patins ou simplement à pied dans les étendues recouvertes de poudreuse blanche, à une attention plus soutenue pour les réflexions fondamentales, radicales. À Montréal ces derniers mois on a applaudi les succès transatlantiques de Catherine Mavrikakis et Dany Laferrière, mais on a pleuré aussi, abondamment, une coulée de larmes ayant à peine de temps de sécher qu’une autre se précipitait déjà. Le suicide de Nelly Arcan partie en nous laissant son dernier roman testamentaire Paradis clef en main, la mort de l’immense cinéaste Gilles Carle puis dans la foulée, de son ami Bruno Roy, illustre écrivain et longtemps président de l’Union des Écrivaines et Écrivains Québécois et défenseur des Enfants de Duplessis, ces enfants qui comme lui, pendant les années noires et ultra-catholiques du gouvernement Duplessis (40-50), avaient la mauvaise veine de naître de mères célibataires qui devaient les abandonner, pour le meilleur mais souvent, pour le pire. Et puis Lhasa de Sela bien sûr, fauchée en vol par l’impitoyable crabe. Dans tout ça, une année 2009 mitigée, marquée, aussi, des difficultés affirmées dans la presse écrite mise à mal par la concurrence du web et la chute conséquente des revenus publicitaires.
Et puis, quand même, des émergences littéraires fortes, des voix nouvelles et souvent iconoclastes qui prouvent clairement que, dans la forme littéraire autant que la vision du monde transmise par le choix des sujets, la littérature québécoise a beaucoup évolué, sortant de son adolescence synonyme de nationalisme et d’affirmation identitaire régionale, ouverte sur le monde et les enjeux de celui-ci, avec un rythme, une forme narrative et une écriture de plus en plus éloignée de son référent franco-français pour s’enraciner de plus en plus comme une littérature américaine.
Précisément, pour illustrer cela, la vivacité novatrice d’une nouvelle génération de littérature québécoise, portée par des auteurs et des éditeurs différents, j’ai profité de ce dimanche sous la neige pour inviter à deux figures de ce nouveau panorama de réfléchir avec moi sur le sujet, sur leur métier et leurs partis-pris. On va finir par jeter bas les idées reçues sur la littérature québécoise pour la voir telle qu’elle est devenue, avec la fulgurance qui caractérise le jeune milieu culturel d’ici, une littérature pertinente et impertinente, affirmée, et déjantée. Avec une identité et une qualité indéniables.

Aline Apostolska – Correspondante du BSC NEWS MAGAZINE à Montréal

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