Padbrapad Moujika – Le Jazz Manouch qui décoiffe !

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Les soirs de concert, ces six classieux instrumentistes investissent la scène et forment dès les premières notes un tableau entraînant: l’imposante contrebasse flirte avec son musicien qui n’hésite pas à effectuer des entrechats remarquables, l’accordéoniste joue les médiateurs entre les fougueux violons, la batterie accompagne avec panache les volutes tziganes que l’ensemble de l’équipe distille… et les platine s’acoquinent avec cette étourdissante soirée musicale !
Les six musiciens se rencontrent tantôt siamois, tantôt pluriels dans un spectacle à l’ADN métissé .
Aussi pour ne pas être de reste, foncez sur leur myspace : commencez par dévorer Ben Hora… enchaînez avec Sirbalizer… et ensuite écoutez vos jambes et votre coeur qui battent déjà à leurs pulsations rockées!
Les Bad Brapad, c’est un diminutif? Un pied de nez au sérieux de vos costumes, une connivence de potes…enfin quoi?
Nos costumes sont sérieux ? Pour nous, c’est plus un clin d’œil à la tradition qu’on aime à se réapproprier, plus particulièrement aux musiciens Klezmorims qu’on avait l’habitude de voir habillés de cette façon.
Pour le nom, Pad Brapad ça vient d’une vieille blague un peu cynique : « Pas de bras, pas de chocolat… », qui a donné Pad Brapad Moujika et qui avec le temps est devenu naturellement Pad Brapad.

Vous vous qualifiez d’ Urban Tzigan: quelle est la part balkanique et la part urbaine?
La part « balkanique » est la part centrale de notre musique. De par l’utilisation d’instruments acoustiques comme le Violon, l’Alto (ou Bratsch), l’Accordéon, la Contrebasse ou les Percus; et de par les thèmes que nous puisons principalement dans le répertoire tzigane de Roumanie ou dans nos compositions directement inspirées.
La part « urbaine » ce serait plutôt la façon d’arranger les morceaux, d’ajouter les platines, d’injecter notre culture musicale occidentale avec des sonorités hip-hop, rock ou trip-hop, de faire groover cette musique ancestrale.

Avez-vous toujours inséré les platines dans votre univers manouche?

Non, le groupe existe depuis 2003. Tout d’abord en quartet puis en 2004 le groupe est passé au quintet. Nous avons créé plusieurs spectacles, signé la création musicale d’une pièce de théâtre russe (Le Mandat, de Nikolai Erdman) ; nous avons auto-produit un premier album (« Hum… Hum ! ») sorti en 2007 et réalisé notre premier clip (« Crin-crin quotidien »).
La rencontre avec les platines et Coltsilvers s’est faite en juin 2007 lors d’une des soirées carte blanche que nous avons eues au Divan du Monde et où nous l’avons invité. La fusion nous a séduit tout de suite et il a intégré le groupe au cours de l’été.

Des origines de l’Est parmi ceux qui ont créé la bande ou juste une fascination pour leurs traditions folkloriques ?
Quelques origines roumaines et hongroises pour certains effectivement. Mais on s’est tous rencontré en « boeufant » sur cette musique.

Qu’aimez-vous dans la musique tzigane? Comment la définiriez-vous en quelques mots?
La musique tzigane, et plus particulièrement dans ce projet, la musique Lautareasca de Roumanie, est transmise de façon orale, en jouant, l’interprétation et la réinvention sont les maîtres-mots de cette musique. Cette ouverture et cette générosité dans l’exécution ne peuvent être que contagieuses pour nous et évidemment pour le public. Dans la musique tzigane il y a des musiques pour tous le moments de la vie ; et dans ce spectacle Urban Tzigan et le nouvel album « SatuMare-Bristol » nous avons choisi principalement les musiques de fêtes et « à danser ».

Quelles sont vos influences musicales?
Elles sont très diverses… ça va du Taraf de Haïdouks à Herbaliser, de Zappa à John Williams, de Cypress Hill à Mike Patton, de Portishead à Gabi lunca, ou de Lalo Schifrin à House of Pain…

Sur le plateau, vous mettez en place une mise en scène de battle…est-ce une habitude de cette culture ou une touche de modernité inspirée des tonalités rappées que vous distillez? D’où vous est venue cette idée?
On retrouve des « joutes musicales » autant dans la culture urbaine avec les battles que dans la culture tzigane avec les parties d’improvisation.
Il s’avère que David (l’altiste) et moi nous sommes rencontrés dans une école de théâtre. C’est de là qu’est née l’envie de monter un projet qui allierait notre première passion, la musique, et notre expérience scénique venant du théâtre.
Nous avons toujours voulu présenter un spectacle qui soit un peu plus qu’un concert « classique » et nous voulions créer un moment décalé qui pourrait surprendre les spectateurs ; d’où cette idée de « duel de violons » clownesque.

Quand on pense aux Balkans, les bandes-son d’Emir Kusturica viennent faire danser le tympan…lorsque vous travaillez vos morceaux, cherchez-vous systématiquement à ce qu’ils soient entraînants…? Voyez-vous de grands draps qui volent au vent, des rondes de main endimanchées pour un mariage, des coeurs en fête?
C’est une musique très colorée, très imagée et qui va remuer des émotions extrêmes chez l’auditeur. C’est ce côté exagéré mais toujours extrêmement sincère qui nous plaît, ça permet de dédramatiser !!


En concert, j’ai souvenir de borsalinos noirs sur lesquels s’en détache, un, blanc, qui fait scratcher les vinyles et ajoute une rythmique entêtante à vos mélodies… Peut-on dire, pourtant, que ces platines cherchent à donner un côté plus sombre aux sons lumineux des cordes?

Il n’y a aucune étiquette, c’est le contraste, la fusion et le mélange qui priment. C’est ce qu’on essaye de partager durant nos concerts.

Musique du voyage, Valise toujours à portée de bras? Où avez-vous déjà porté vos sons? Et dans l’avenir? Des dates sur Paris bientôt?
On a joué un peu partout en France mais aussi en Belgique, en Suisse, en Allemagne, en Pologne, en Rep. Tchèque, en Autriche et en Hongrie.
La prochaine tournée est en train de se préparer. En octobre nous faisons un petit tour en Suisse puis à Rennes au Festival Le Grand Soufflet et nous serons le 7 nov. à La Bellevilloise à Paris pour fêter la sortie du nouvel album !!

Padbrapad & le noir et blanc?
Héhé…Un des liens que je pourrais faire serait peut-être les films muets par l’aspect cinématographique qui se dégage de cette musique et leur côté exagéré…Les extrêmes, que nous aimons voir associé plutôt que l’inverse

Enfin, vous sortez bientôt un nouvel album? Dîtes-nous tout:
Oui, c’est notre 2° album autoproduit ; il s’appelle « SatuMare-Bristol » et il est sorti en France le 12 octobre !!!

Ecoutez www.myspace.com/padbrapad
Propos recueillis par Julie Cadilhac / crédit photo Maxence Emery
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