Jil Caplan – l’interview

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Jil, quelles sont vos toutes premières influences musicales?

En 6 ème, une prof d’anglais m’a prêté un disque des Pink floyd, « Obscured by clouds », que j’ai adoré. Je crois que tout a commencé à ce moment. Un disque en appelle un autre, et petit à petit le monde s’élargit…
D’un côté, il y avait la musique que mes parents écoutaient,(Barbara, Brassens, Ferrat etc) et du classique, « l’Oiseau de feu »de Stravinsky, « Carmen » (qu’on chantait en préparant les repas). Puis il y a la musique avec les amis, Led Zeppelin, Leonard Cohen, Bowie, Mac Cartney…. Je prenais tout en vrac. À l’adolescence, les émotions sont très vives et marquent à tout jamais, c’est vraiment une période charnière où les bases se posent. On se fait avec tout ça. L’appétit et la curiosité se font aussi à ce moment, c’est important d’avoir plein de choses à se mettre sous la dent….

Comment caractériseriez-vous votre première rencontre avec Jay Alanski à la fin des années 1980?

Marquante et déterminante. Sans cette rencontre, je ne peux même pas imaginer ce que je serai devenue! J’ai appris mon métier avec lui. Encore une fois, les bases ont été posées de façon passionnelle et artistique. Il est très fort pour deviner le brouillon que l’on porte en soi. Il canalise, organise, et offre beaucoup. Il est tellement doué qu’à se ses côtés, on se sent des ailes ; créer paraît alors naturel et comme allant de soi.

Quelle est la passerelle qui relie votre formation littéraire à votre carrière musicale? La sensibilité des mots ? L’envie d’exprimer ?

En fait, je crois que tout est lié. J’étais fille unique, assez solitaire, les livres étaient un refuge. La musique, les mots, la peinture, le cinéma… Je ne faisais pas de distinction de fond.
J’avais envie de « faire ». C’est l’énergie qui pousse à sortir, à faire des rencontres. Petit à petit, on se retrouve « dans le bain », sans même y réfléchir. C’est un vivier, un bouillon. Il n’y a pas de conscience, juste de l’envie, de faire, de vivre et de connaître.


On peut lire sur la biographie de votre site que vous avez un faible pour Kerouac, Burroughs et que vous êtes partie aux USA. Est ce qu’on peut dire que votre album « La Charmeuse de serpents » est inspiré de la Beat Generation ?

J’ai voyagé 3 mois aux USA juste avant de l’enregistrer, mais c’est plus un hasard de calendrier ! J’ai toujours été fan de Kerouac, un peu moins de Burroughs…
S’il y a une influence, c’est par l’espace, la route et le sentiment de liberté, d’être sans attache, qu’on ressent dans le long voyage… C’est peut-être un peu Beat, effectivement, tout ça…. Mais à l’arrivée, ce disque est plus une histoire d’amour sombre qu’un disque Beat !

Comment appréhendez-vous l’écriture d’un nouveau texte de chanson ?

Je crois moyennement à l’inspiration. C’est un truc de feignant ! Une excuse pour rien faire…. S’il fallait attendre d’écrire « sous influence divine », on n’écrirait pas beaucoup ! Le travail, il n’y a que ça. Et le style aussi. C’est pour ça que c’est difficile. Avoir quelque chose à dire, ça ne suffit pas… Il y a aussi beaucoup de cadres, la musicalité des mots, l’expression juste, le sens de la formule. Boris Bergman, Gainsbourg sont très forts pour ça. Dans l’écriture, je crois que la forme est la plus importante.

Y-a t-il un livre qui vous a déjà inspiré un titre ?

Non, car ce sont des titres trop connus et trop forts pour être déviés. Les titres de films sont plus accessibles ( « la rivière sans retour », « la fièvre dans le sang » etc….)


Que trouve t-on comme ouvrages sur la table de chevet de Jil Caplan?

« Voyage au bout de la nuit » et « mort à crédit » de Céline ; ces livres, c’est quelque chose d’incroyable, d’unique, d’exceptionnel. Un truc de dingue. Le problème c’est l’après-Céline… Tout paraît fade !
Sinon, j’ai une passion pour Simenon , Zola, Haruki Murakami, Annie Ernaux… Du côté du roman noir, j’aime James Hellroy , Lieberman (Necroplis) ; Bukowski, Raymond Carver, ce sont mes amis alcoolos et réalistes…Tous ces écrivains sont de grands stylistes, chacun dans leur genre.
En ce moment, j’ai à côté de mon lit : l’autobiographie de Peggy Guggenheim, « La vie sexuelle de Catherine M. », « le monde selon Garp » de Irving que je voudrais relire, « Portrait de femme » de Henry James. J’aime avoir une pile de livres à lire, ça me rassure, c’est comme si je n’étais pas perdue.
Je lis plein de choses tout le temps, même la boîte de corn-flakes !

Avez-vous un coup de coeur récemment en librairie?

J’aime bien Tanguy Viel,( Paris-Brest ») J’aime aussi Grégoire Bouillier , Emmanuel Carrère (« un roman russe ») , et j’ai aimé le « Ravel » d’Echenoz.( bien qu’un peu court).
À part ça je suis moyennement l’actualité littéraire… J’ai souvent la sensation d’un pétard mouillé, d’une petite arnaque.
Alors je lis tout en désordre, au fil des Folios qui se présentent…

Je tiens un blog – quel mot affreux- (www.toutecrue.blogspot.com) où j’écris des textes en prose, mais c’est un premier jet, une pensée, une émotion, le plaisir pur d’écrire. Comme ça fait 3 ans que je le tiens, ça commence à faire un paquet de textes ! Mais de là à en faire un roman, je ne sais pas…. Je ne suis pas sure d’y arriver.

Ou alors je suis trop paresseuse, trop découragée par l’ampleur de la tâche. C’est une sacrée organisation d’écrire un livre ! Finalement, chanter et faire des chansons et des concerts, c’est mon métier, je sais la patience que ça demande parce que je l’ai apprise au fil du temps.

Propos recueillis par Nicolas Vidal.

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