L’Académie Balzac : quand la téléréalité se mêle de littérature
Par Estelle Régnier – bscnews.fr/ Se sentant encouragées par la Journée du manuscrit qu’ils avaient organisée en octobre 2013, les Éditions du Net se lancent cette année dans une « téléréalité littéraire » baptisée L’Académie Balzac. Le concept et l’appellation vous laissent dubitatifs…? Non mais allo quoi ? Pourquoi littérature et téléréalité ne pourraient-elles pas s’entendre ? Que le programme produise une oeuvre balzacienne ou mette davantage en scène des figures balzaciennes, telle sera la question…Espérons, au moins, que le divertissement sera au rendez-vous!
Henri Mojon, organisateur de ce programme et fondateur des Éditions du Net, répond à nos questions :
Présentez-nous le projet « Académie Balzac ». En quoi va consister ce programme ?
Vingt écrivains auront pour mission d’écrire un roman collectif en 20 jours sous l’œil des caméras. Les journées seront rythmées par des séances d’écriture, de discussions et de lectures collectives. Des professionnels extérieurs interviendront pour coacher les écrivains, et faire la lumière sur les différents secteurs de l’édition au moyen d’exercices et de sorties.
Vous êtes à l’initiative de ce projet, comment cette idée vous est-elle venue ?
La première Journée du Manuscrit que nous avons organisée en octobre 2013 a connu un tel succès et a procuré une telle joie aux auteurs présents à la soirée que beaucoup de participants ont regretté qu’un tel événement ne soit pas retransmis. La littérature mérite elle aussi d’être fêtée une fois par an. C’est pourquoi nous avons cherché une idée d’émission de divertissement interactive susceptible d’intéresser, par son format, un public large, tout en lui donnant envie de lire, voire envie d’écrire.C’est ainsi que l’Académie Balzac est née.
Est-ce qu’un genre littéraire est prédéfini pour l’écriture de l’ouvrage collectif ?
Non, absolument pas, les écrivains seront laissés totalement libres.
De quelle manière comptez-vous servir la littérature? L’un des enjeux est-il de rendre la lecture et l’écriture accessibles ?
Quelle ambition !! Nous cherchons d’abord à répondre à la demande des auteurs qui cherchent des medias pour se faire connaître. Le site de l’Académie Balzac est conçu comme un réseau social du livre et le succès de son lancement est très prometteur.
Expliquez-nous comment se fait la sélection des auteurs.
Les inscriptions sont ouvertes du 01/02/2014 au 01/08/2014.
Le casting débutera le 1er mars 2014 et sera réalisé à travers les votes des internautes sur le site academiebalzac.fr. Le classement des auteurs sera indiqué au fur et à mesure sur le site. La possibilité de voter prendra fin le 31 août 2014 à minuit. En septembre, les 40 premiers candidats passeront devant notre jury dans l’ordre établi par les internautes jusqu’à atteindre les 20 écrivains qui participeront à l’Académie Balzac.
De qui sera composé le jury?
Le jury sera composé d’un éditeur, un libraire et un critique littéraire. Jean-François Colosimo est une figure incontournable du milieu de l’édition. Ancien président du Centre National du Livre (CNL), éditeur chez Lattès, Odile Jacob et à la Table Ronde, il est maintenant Président du Directoire des Éditions du Cerf. Également auteur de plusieurs livres, il aura un œil critique sur le défi des candidats de l’Académie Balzac. Ce spécialiste de l’édition présidera le jury. Didier Ballot, directeur général de Chapitre.com, rejoindra également les rangs de ce jury d’élite. Ce précurseur de la vente d’ouvrages rares et épuisés sur internet renverse les codes de la librairie traditionnelle et montre son implication envers les nouvelles formes d’édition. Nicolas Gary, journaliste et directeur de la publication d’ActuaLitté.com sera l’atout critique de l’Académie. Leader de l’actualité littéraire sur le net, Actualitté.com défend le livre tout en ciblant les changements transitant par le numérique et les nouvelles technologies.
Pourquoi avoir choisi le format de la télé-réalité ?
Nous voulions créer l’évènement et c’est réussi puisque nous avons même fait la une du Huffington Post au Canada.
Comptez-vous respecter les codes de la télé-réalité ? (Environnement clos, scénarisation, mise en place d’un confessionnal, etc)
Il s’agit avant tout d’un défi littéraire mais nous avons aussi l’ambition de faire un vrai programme de divertissement. Néanmoins nous essayerons d’être originaux et de ne pas copier des recettes que l’on a déjà trop vues.
Qu’allez-vous mettre en avant en ce qui concerne la sélection des auteurs : le profil, le talent ou les deux ?
Le vote pour les livres comptent double, tout est dit, non ?
Quel public visez-vous ? Face à la multiplicité des télé-réalités divertissantes et face à la scénarisation de celles-ci, ne craignez-vous pas la méfiance du public ?
Par son format, nous visons un public jeune mais nous espérons par son contenu attirer tous les publics.
L’émission « Masterpiece » en Italie, télé-réalité d’auteurs, n’a pas obtenu le succès escompté, avez-vous analysé cet échec ? Qu’allez-vous mettre en œuvre pour rendre attractive la culture ?
Nous avions prédit cet échec car filmer un écrivain écrire ne présente aucun intérêt. Là nous allons les voir vivre, c’est très différent. Imaginez l’intérêt d’un programme filmant les agriculteurs labourer leurs champs, et voyez le succès de l’amour est dans le pré. C’est la même chose.
Existe-t-il un projet de diffusion à la télévision ou l’« Académie Balzac » est-elle uniquement destinée au web ?
C’est un programme destiné au web mais il intéresse des diffuseurs TV, attendons de voir si cet intérêt se confirme.
À la fin de l’émission, ferez-vous une réelle promotion de l’ouvrage ou vous contenterez-vous uniquement de le publier ?
L’émission en elle-même sera le principal support de promotion de cet ouvrage. Mais surtout le livre sera présenté aux comités de lecture de grands éditeurs. S’il est accepté alors l’éditeur en fera la promotion.
Concrètement, quel est l’apport de « Académie Balzac » aux Éditions du Net et à son développement futur ?
Vu l’incroyable buzz que fait l’Académie Balzac, cela apporte une visibilité énorme aux Editions du Net. Plusieurs études disent que plus d’un million de français ont un manuscrit à publier et moins de 5 % cherchent à être publiés. C’est pour cela que nous avons fait la Journée du Manuscrit, pour que ce million de livres sorte des tiroirs et soit édité aux Editions du Net.
Comment le programme va t-il être financé ?
Le programme est financé par Les Editions du Net et la publicité.
Pour finir, pourquoi avoir choisi le nom d’« Académie Balzac » ?
Quand on parle défi littéraire, on pense tout de suite à Balzac. Il a certainement écrit l’œuvre littéraire la plus impressionnante, il écrivait la nuit pour être publié le matin, il courrait tous les salons littéraires. Il avait soif de reconnaissance et de notoriété. C’était le seul nom possible.
A lire aussi:
Rencontres du livre et du vin : les écrivains francophones et la guerre
Blues : 19ème anniversaire pour le Festival Blues autour du Zinc
Rentrée de janvier, quoi de neuf ?
Prix de la Closerie des Lilas : la première sélection dévoilée