« Quand les déclarations du PDG d’Amazon France sont contredites par l’INSEE »

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Alors qu’une proposition de loi sur les frais d’expédition de livres est à l’étude, Putsch a publié la tribune de Frédéric Duval, DG d’Amazon France à ce sujet. Aujourd’hui, nous publions la tribune du Syndicat de la librairie française qui répond à celle d’Amazon : « quand les déclarations du PDG d’Amazon France sont contredites par l’INSEE. »

Le Parlement examine actuellement la proposition de loi « visant à conforter l’économie du livre et à renforcer l’équité et la confiance entre ses acteurs ». L’un des points principaux de cette proposition de loi consiste à instaurer des frais de port minimums pour l’expédition des livres commandés sur internet. Cette mesure a pour objectif de mieux équilibrer la concurrence entre de grandes plateformes vendant à perte en facturant l’expédition 1 centime d’euro et les libraires qui, pour la même expédition, doivent s’acquitter de frais postaux de près de 7 euros.

Le PDG d’Amazon France pointe aujourd’hui, dans une tribune, les risques que cette mesure entraînerait sur les personnes modestes et celles éloignées des grands centres urbains. Pour ce faire, il s’appuie sur des chiffres d’Amazon ou d’une étude commandée par lui. Ces données sont, en fait, contredites en tous points, par l’INSEE * :
« les lecteurs aux revenus les plus modestes ont davantage tendance à acheter exclusivement en ligne »

Selon l’INSEE, au contraire, ce sont les personnes les plus aisées qui achètent le plus sur internet : parmi les Français les plus modestes, 55% achètent sur internet contre 79% parmi les Français les plus aisés.

Les personnes n’ayant aucun diplôme ou le CEP sont 31% à acheter sur internet contre 88% parmi les personnes disposant d’un diplôme supérieur au bac.

L’INSEE précise qu’« à l’instar de l’équipement et de l’accès à Internet, l’achat en ligne est fortement lié à l’âge et au niveau de vie des personnes ».

« les habitants des communes de moins de 10 000 habitants achètent davantage en ligne que la moyenne »
Là encore, les données de l’INSEE contredisent ces affirmations : parmi la population résidant dans des communes de 2 000 à 50 000 habitants, 60% des personnes achètent sur internet contre 65% dans les communes de plus de 200 000 habitants (hors région parisienne) et 70% dans l’agglomération parisienne.

Le Syndicat de la librairie française rappelle que la proposition de loi discutée au Parlement vise à ramener les frais d’expédition de livres au niveau de ceux des autres produits. Amazon ne pratique en effet la quasi gratuité des frais d’expédition que sur le livre, montrant ainsi clairement sa volonté d’évincer de ce marché les autres acteurs, à commencer par les libraires indépendants.

Si cette proposition de loi est adoptée, les frais d’expédition des livres seront donc au niveau des autres produits et il n’y aura naturellement aucune incidence sur le prix des livres vendus en librairie.

Internet ne peut pas se transformer en « far west » où prévaudrait la seule loi du plus riche ! Défendre une saine concurrence, c’est permettre à des milliers de libraires de continuer à promouvoir la diversité culturelle, à défendre les emplois locaux et à animer nos villes, nos villages et nos bourgs, tout en développant parallèlement leur présence sur internet.

* Source : Insee, L’économie et la société à l’heure du numérique – rapport 2019

 

 

 

Crédit photo ©Laurent Edeline

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