La guerre des images est en cours

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Tribune du Général(2S) Bertrand Soubelet , Vice-président d’Objectif-France

Il n’y aura pas de vainqueur mais il y aura beaucoup de perdants : la France et les Français.
Les images sont devenues un vrai enjeu de pouvoir. Elles l’ont toujours été mais depuis la révolution des téléphones portables ce pouvoir est descendu dans la rue. Elles sont utilisées par des personnes avec des arrière-pensées malgré les motifs invoqués par les vidéastes.

Cette guerre des images n’est pas récente mais jusqu’ici l’Etat n’avait pas anticipé les dégâts considérables susceptibles de se produire.
L’enregistrement vidéo est considéré comme une atteinte aux libertés dès lors qu’il est réalisé par l’Etat. Ce fut déjà le cas il y a quelques années avec la vidéo protection qui ne fait plus débat.

 

« Cette guerre des images n’est pas récente mais jusqu’ici l’Etat n’avait pas anticipé les dégâts considérables susceptibles de se produire »

 

Voilà des années que l’Etat aurait dû organiser la captation systématique des interventions des forces de sécurité.
C’est une décision que j’avais prise il y a 7 ans en qualité de directeur des opérations de la gendarmerie de filmer par mini caméra de poitrine les interventions des patrouilles appelées sur des événements. La première réaction fut de brandir la menace de la CNIL puis l’irrecevabilité juridique des images enregistrées.
Là où je cherchais simplement à avoir des images des interventions pour protéger à la fois les gendarmes et les Français contrôlés ou secourus, on m’opposait des grands principes totalement décalés au regard de l’effet recherché.

L’Etat est en retard sur cette question et subit aujourd’hui les effets de sa pusillanimité.
La vraie difficulté est qu’il essaie de reprendre la main au pire moment, après des événements dramatiques, et dans un contexte de défiance totale vis à vis du pouvoir en place.
Objectivement on assiste à une forme de schizophrénie qui amène une partie de la population à voir le mal partout et à
toujours imaginer le pire dans un pays où en réalité rien ne menace les libertés fondamentales.

 

« Objectivement on assiste à une forme de schizophrénie qui amène une partie de la population à voir le mal partout et à toujours imaginer le pire dans un pays où en réalité rien ne menace les libertés fondamentales »

 

La réalité est toute simple. Si l’on veut comprendre ce qui s’est passé et qui a fait quoi, il est bien plus efficace de bénéficier des images des événements. Cela évite les manipulations, les interprétations et permet d’avoir en toute neutralité le déroulement de l’action.
Et cela favorise des comportements et des propos plus raisonnables de part et d’autre.
Si cela avait été le cas dans l’affaire qui occupe beaucoup les médias et les réseaux sociaux nous n’en serions pas là.

Ces images sont choquantes et quels que soient les faits reprochés à cet homme présenté comme un producteur de musique ce déchaînement de violence semble a priori disproportionné.
Je l’ai déjà dit et je le répète encore, pour que l’action de la police et des forces de sécurité en général ne soit jamais contestée par les Français il est essentiel d’être exemplaire.
Ceux qui ne le sont pas doivent être sévèrement sanctionnés. Mais rien ne justifie non plus les provocations et les agressions dont sont victimes quotidiennement les policiers et les gendarmes dont personne ne parle.
Celles là aussi doivent être sévèrement sanctionnées.
Et elles ne le sont pas.

Quant à l’amalgame avec la loi sur la sécurité globale il est affligeant. Si le gouvernement recule sur l’article 24 qui n’est pas une atteinte à la liberté de la presse nous franchirons un cap supplémentaire dans la renonciation et la lâcheté.

 

« Quant à l’amalgame avec la loi sur la sécurité globale il est affligeant. Si le gouvernement recule sur l’article 24 qui n’est pas une atteinte à la liberté de la presse nous franchirons un cap supplémentaire dans la renonciation et la lâcheté »

 

Certains défendent une conception de l’information et de la presse que je ne partagerai jamais : le droit de diffuser des informations et des images uniquement pour obtenir de l’émotion, de l’audience, au détriment de l’objectivité.
Presse spectacle qui se réfugie derrière de grands principes pour faire le buzz.
La France mérite mieux que tout ce que nous vivons des derniers jours.
Mes pensées vont à tous les blessés des forces de l’ordre au cours des dernières manifestations.
Dans 18 mois nous mettrons en place la captation de toutes les interventions des forces de sécurité pour garantir la sécurité des acteurs de terrain. Nous ferons en sorte que ces images puissent figurer dans les procédures judiciaires comme éléments de preuve à charge et à décharge.

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