Emmanuel Bex Open Gate Trio joue Bela Bartok

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Par Guillaume Lagréebscnews.fr / Solistes de l’orchestre des pays de Savoie en première partie dirigé par Franck Tortiller. Chœur d’une centaine de chanteurs en deuxième partie. Vénérées lectrices, vénérables lecteurs, je dois vous avertir que cette chronique sera tronquée. En effet, mes notes sont illisibles à de nombreux passages, faute de lumière à la place où j’écrivais. Ce sont les risques du direct comme disent les présentateurs à la télévision.

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Concert de sortie de l’album «  Open Door Trio feat. Bela Bartok ». Ca commence en trio avec la clarinette. Le Mikrokosmos de Bela Bartok adapté pour trio de Jazz. L’allégresse se mêle de tristesse.

Francesco passe au sax ténor. Intro tout en douceur. Le son du ténor se détache dans une clarté lunaire au sein de la masse sombre de l’orgue et de la batterie. Le batteur est aux balais. C’est du velours. Ca sonne comme un standard mais ce n’en est pas un, pas un standard du Jazz disons car Mikrokosmos fait partie des exercices obligatoires pour les pianistes alpinistes des hauts sommets de la musique.

Francesco démonte son sax ténor pour souffler dans un morceau et non plus dans l’instrument complet. Cela donne un son inouï. Dialogue avec le batteur. Bex s’est mis debout à un angle de la scène pour écouter. Francesco Berzatti reprend son sax ténor. Il est décidément loin devant tant de clones américains dont on nous rabat les oreilles. Bex réapparaît à l’orgue tout en douceur. Les balais froissent les peaux des tambours. C’étaient les Danses roumaines du Hongrois Bela Bartok.

Arrivée des solistes de l’orchestre des pays de Savoie. Pour avoir l’orchestre tout entier sur scène, il fallait être en Savoie, à Chambéry, le samedi 15 octobre pour le concert de création de cet album. Ils sont là pour interpréter un concerto en trois mouvements écrit par Emmanuel Bex : allegro, adagio, presto voire prestissimo. Je reconnais un titre de l’album même si ça sonne plus chaud en concert, évidemment. C’est joyeux certes mais avec une vivacité angoissée. Les cordes sont dirigées par les mains expertes de Franck Tortiller, ancien directeur de l’Orchestre National de Jazz. Deux violons, un alto, une contrebasse, ça ne fait pas l’effet d’un orchestre mais ça donne une couleur particulière à l’ensemble.

(…)

Séance de bruitages dignes d’un film d’angoisse. Ca craque, grince, vibre. Tiens, maintenant, en fond de scène, il y a des guirlandes de Noël qui clignotent. Mi octobre, c’est un peu tôt tout de même. Ce sont les dégâts de la réclame sur l’Art.

BIS
Une sorte de musique de film qui clôt l’album. Cela me rappelle « Communications 72 » de Michel Legrand, avec orchestre à cordes, Eddy Louiss à l’orgue Hammond et Stan Getz en soliste au saxophone ténor. Pour autant Francesco Bearzatti, au sax ténor, ne me rappelle pas Stan Getz d’abord parce que « The Sound » est inimitable ensuite parce que Francesco Bearzatti a assez de personnalité pour sonner comme… Francesco Bearzatti. En tout cas, ce morceau constitue un  très bel envoi final sur scène comme sur l’album

ENTRACTE
Les solistes de l’orchestre des pays de Savoie sont partis. Une chorale d’une centaine de chanteurs les a remplacé. Ils interprètent avec le trio le « Requiem en couleurs » composé par Emmanuel Bex. J’avais écouté des extraits de ce Requiem dans cette même salle avec le même trio il y a environ deux ans. Le voici maintenant au complet.

Francesco Bearzatti est parti. Vus du public, Simon Goubert est à gauche de la scène, Emmanuel Bex à droite et le chef de chœur au milieu.

Le chant commence en français. Ce n’est donc pas un Requiem écrit dans la langue officielle du Saint Siège, in latinam linguam. Il faudrait trouver une église où jouer cette œuvre, avec de grandes et belles orgues. Pour cela, il faudrait un prêtre et un évêque ouverts d’esprit. Heureux les fêlés car ils laissent passer la lumière ! (Michel Audiard).

Francesco revient sur scène avec son sax ténor. C’est le « Liberare Domine ». Le chant libérateur de la chorale s’élève porté par le swing impérieux du trio. Il existe bien une église Saint John Coltrane à San Francisco où le rite est célébré au son de la musique de JC. Pourquoi pas jouer et chanter ce Requiem dans une église de Normandie ou d’ailleurs ? La résurrection est proche vu l’énergie dégagée par cette musique.

Retour à la tristesse avec le « Requiem aeternam ». Duo de l’orgue avec une soliste, soprano de son état. Son chant me crispe les tympans. Ce passage est pas glop à mon goût.

(…)

Des spectateurs impies, hérétiques voire relapses quittent la salle avant le « Sanctus » final. La Grâce ne les a pas touchés. Ca décolle vers les cieux. Normal pour un « Hosanna in excelsis ». Tant pis pour ceux qui l’ont manqué. L’Enfer et ses bruits discordants les attendent.

RAPPEL
Une chanson pour faire participer le public. En effet, curieusement, le Requiem ne donne pas au public l’envie de battre des mains, taper des pieds et chanter en chœur même si celui-ci comporte des passages très entraînants. « Si demain, pour un rien, tu te sens fâché, pour le cœur, pour le pied, essaie de chanter ». C’est un bon programme. Il ne sera pas proposé aux électeurs français en 2012 mais je vote pour quand même. Le trio démarre, le chœur enchaîne, ça swingue terrible et le public les rejoint.

Au final, malgré des temps faibles, les temps forts de cette musique sont si enthousiasmants qu’ils font passer l’ensemble. Qui, en France, est assez gonflé pour ajouter à un trio de Jazz de très haut niveau, un orchestre à cordes puis une chorale ? Improviser sur du Bela Bartok, composer un Requiem? Emmanuel Bex. Qu’Apollon et les muses veillent sur lui et ses complices !

Paris. L’Alhambra. Lundi 17 octobre 2011. 20h.
Emmanuel Bex : orgue Hammond, composition, direction
Francesco Bearzatti : saxophone ténor, clarinette
Simon Goubert : batterie

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