Bosque Brown – Baby (Burn Toast Vinyl)

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Vous trouvez ça sexy une femme qui boit du whisky ? Mara Lee Miller, l’auteure-compositrice-interprète du groupe, a eu la bonne idée de ne pas mettre une photo d’elle sur la couverture de Baby, ce qui autorise dès lors tous les fantasmes, au sens non-sexuel du terme, enlevez ce sourire lubrique de votre visage. La voix de Mara Lee Miller est étrangement belle. Ce n’est pas un de ces voix claire, lisse, sans accroc ou un de ces voix qui s’autorisent toutes les pirouettes vocales imaginables jusqu’à l’écoeurement, toutes ces mimiques qu’on retrouve chez tant de chanteuses pré-formatées. Il me vient à l’instant une métaphore risquée : la voix de Miller est comme ce vieux jean que vous portez depuis des années, usé, qui vous a accompagné partout, que vous avez tâché, froissé, roulé en boule, raccommodé et dont vous ne pourrez jamais, ô grand jamais vous séparer parce qu’il vous va tout simplement à merveille, et qu’il vous ira toujours.
Bosque Brown est un groupe texan. Son nom vient d’une rivière qui traverse Stephenville, la ville natale de Mara Lee Miller. Ils jouent une country alternative, aux influences gospel, soul et évidemment folk. Ce cocktail “roots” est incroyablement confortable à l’écoute. Aucun effort nécessaire pour laisser cette musique vous pénétrer et vous réchauffer le corps et l’esprit. Minimaliste, elle se limite à un piano ou à une guitare, des percussions légères et des harmonies vocales fournies par la soeur de Mara et son guitariste Jeremy Buller. Elle vous transporte dans la campagne fantasmée du Sud des États-Unis, ces grands paysages, les chevaux se reposant sous le soleil, les petits restaurants au bord des longues routes traversant les États de part en part, les salons de coiffure à l’ancienne avec ces grosses machines à permanentes…
Baby est comme un album-photos rempli d’histoires d’amour (”White Love”), d’évasion (”Train Song”), de longues soirées d’été (”Phone Call”), d’espoirs vains (”Oh River”)… Un album-photos d’une vie déjà trop chahutée, et qui n’aspire qu’à la simplicité d’une famille unie et aimante comme décrite dans “Went Walking” qui aurait pu clore l’album, comme un de ces films se terminant sur un long travelling arrière, soleil couchant, grande maison pleine de vie, chevaux qui gambadent dans la campagne, le fantasme country par excellence. Mais “Went Walking” se trouve au début du disque, comme si ce cliché appartenait à un passé révolu que Mara Lee Miller cherchait à retrouver. J’vous ai parlé de ma passion pour la psychologie ?
Malgré le minimalisme de l’instrumentation, aucune des 13 pistes de l’album ne se ressemble, si ce n’est les 3 passages a cappella où la voix de Mara est à couper le souffle. Consistant, sans fautes, Baby tient tout autant du gospel que de la country, mariage inhabituel et réussi. Ce disque est tout simplement ébouriffant de justesse et d’assurance. Gigantesque coup de coeur !

Sortie : 3 mars 2009

Eddie Williamson

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