Etienne Hoepffner (ECTI): « Les pouvoirs publics devraient permettre une meilleure visibilité sur la richesse des retraités qui veulent rester actifs »

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Avec ses 2000 adhérents – anciens cadres du secteur public ou privé, chefs d’entreprises, techniciens, artisans, professions libérales – l’association ECTI à pour mission de contribuer au développement économique et social. Une travail qui permet de porter un regard différent sur les seniors, en pleine réforme des retraites. Putsch en a parlé avec le président d’ECTI, Etienne Hoepffner.

propos recueillis par

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Pensez-vous qu’aujourd’hui on accorde suffisamment d’attention à la transmission des connaissances entre les générations ?

La transmission intergénérationnelle est au coeur de note démarche: des seniors qui veulent rester actifs et se rendre utiles en transmettant leurs compétences et leur expérience à d’autres générations et à tous ceux qui en expriment le besoin. La réponse est clairement non: les seniors, ou les retraités en général, ne sont vus que sous l’angle de leur coût pour la société. Il n’est pas suffisamment fait état de toute cette frange de nos seniors qui ne veulent pas subir leur « retrait » de la vie active mais profiter au contraire de leur disponibilité pour donner de leur temps et de leur énergie encore vive à aider et accompagner les autres générations. Il y a une richesse insuffisamment exploitée de toutes ces compétences accumulées qui se retrouvent, du fait d’un couperet appelé retraite (mot négatif à l’opposé de son équivalent espagnol jubilacion…). Notre pays souffre toujours de cette classification en tranches de vie ultra cloisonnées: jeunesse = formation, maturité = vie active, âge avancé = retraite. L’intergénérationnel se passe plutôt bien dans la cellule familiale, est relativement courante dans la vie associative, est quasi inexistante dans les politiques publiques

Y-a-t-il des différences entre la France et d’autres pays francophones ?
Ce cloisonnement intergénérationnel est moins prégnant dans les pays anglo-saxons où les passages entre les phases de vie sont plus faciles. Les jeunes sont prêts à intégrer plus vite la vie professionnelle, les passages à des étapes de formation peuvent se faire plus facilement au cours de la vie, les personnes âgées gardent souvent une activité professionnelle. Le bénévolat de compétence y est aussi plus développé.

A votre avis les gouvernements devraient valoriser différemment l’expérience de personnes comme les membres d’ECTI ?
Les pouvoirs publics devraient permettre une meilleure visibilité sur la richesse des retraités qui veulent rester actifs et assurer une transmission de leurs savoirs (savoir-faire mais surtout savoir-être). Ils devraient aider à la promotion du bénévolat senior de compétences. Ils devraient également comme dans d’autres pays tels l’Allemagne ou les Pays-Bas, inclure les seniors bénévoles dans les politiques d’accompagnement des entreprises, le tutorat des jeunes en apprentissage, l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi ou des personnes en difficulté, l’adaptation des collectivités territoriales aux nécessités réglementaires. L’ association équivalente à ECTI en Allemagne est mise en avant et reçoit des subventions (du ministère et du patronat) au titre des ses missions de tutorat des apprentis. Les adhérents de cette association allemande sont invités par les chambres économiques dans les pays émergents pour y proposer leurs services….

Pourquoi avez-vous décidé d’offrir vos conseils aussi dans le domaine des changements climatiques ?
ECTI a une longue expérience dans l’accompagnement des collectivités territoriales, dans tout ce qui touche la mise en conformité des communes aux obligations réglementaires ou de sécurité auxquelles elles ont à faire face: document unique, plan communal de sauvegarde, adaptation des ERP, etc…Il paraissait logique et naturel que nous nous positionnions sur cette problématique nouvelle qui est l’adaptation aux changements climatiques

Qui sont vos partenaires dans ce projet et où se déroule-t-il ?
La genèse de ce projet résulte de la rencontre entre et le Parc Naturel Régional du Golfe du Morbihan et notre délégation locale d’Ecti. Le golfe du Morbihan est un territoire à forte valeur patrimoniale et paysagère mais aussi très fragile. Le PNR dispose d’un outil pour anticiper et se préparer au changement climatique et mettre en place des actions concrètes d’adaptation. Cet outil dénommé Cactus a été développé par le Parc Naturel et des scientifiques du laboratoire de recherche Amure de l’Université de Bretagne Occidentale. Construit autour de questions rassemblées au sein de fiches thématiques, Cactus fonctionne tel un pense-bête permettant d’explorer les opportunités et implications entre différentes pistes d’adaptation concernant un type d’activité (ex. l’agriculture, pêche, tourisme), un type d’espace (ex. habitats denses, marais, jardins) ou des thèmes transversaux (ex. biodiversité, santé). L’outil Cactus résente les enjeux, pose les questions, fait des connexions, mais il n’apporte pas de solution toute faite. Il laisse à chaque territoire la possibilité d’explorer les choix d’adaptation qui leur conviennent au regard de leurs implications environnementales, sociales, économiques, technologiques, politiques. Nous avons signé un partenariat avec le Parc Naturel du Golfe du Morbihan qui nous permet d’utiliser Cactus pour accompagner les collectivités locales dans leurs démarches de diagnostic puis de mise en place de mesures d’adaptation. Ce partenariat permet de proposer la démarche au-delà du territoire du Parc Naturel (limité à 33 collectivités) sur la région Bretagne et des Pays de Loire.

En ces derniers jours, on a vu Venise submergée par une marée haute dans des proportions historiques. Que risquent les côtes bretonnes avec le réchauffement climatique ?
Nous vous invitons à consulter les cartes établies par des scientifiques américains sur le site https://coastal.climatecentral.org/ avec les projections d’élévation du niveau des mers l’horizon 2050. Pour leur part, les experts du GIEC ont établi trois scénarios d’élévation du niveau des mers à l’horizon 2100 : 30, 80 ou 100 cm. Le Morbihan verrait son le littoral profondément bouleversé et de nombreux sites rayés de la carte. La carte du golfe montre un littoral difficile à imaginer. L’isthme de Penthièvre est immergé et Quiberon est sur une île. Que devient l’île d’Arz qui a une altitude comprise entre 0 et 17 mètres ? Il en est de même pour de nombreux territoires côtiers en Bretagne comme la côte nord du Finistère et le pays de Saint Malo qui pourrait voir les trois-quarts de son territoire disparaitre.

Pensez-vous l’exporter également en dehors de la Bretagne ?
Le risque de forte modification du trait de côte et de submersion marine concerne tout le littoral français et donc nous devrions développer prioritairement notre action sur l’ensemble des territoires concernés en France. Mais les conséquences du changement climatique touchent bien d’autres aspects : modification de la pluviométrie, périodes de sécheresses et de canicules, disparition d’habitats et d’espèces, augmentation des nuisibles et des maladies. Tout ceci nous conduira naturellement à proposer notre accompagnement aux collectivités qui le souhaitent sur l’ensemble du territoire national.

 

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