Karim SDF : 4 ans passés à vivre dans les bois

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Par Sofien Murat – Installé depuis 2016 dans le bois de Vincennes, Karim 54 ans, fait partie de ces nombreux SDF qui ont trouvé refuge ici dans des tentes de fortune. Un témoignage sans tabou sur le quotidien des sans-abris

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« Nous sommes des privilégiés ici » annonce ironiquement Karim en montrant l’espace qui lui sert provisoirement de foyer. Une table, des chaises, un petit grill au charbon, et même un chat. À première vue l’espace aménagé par ce sans-abris à des allures de camping sauvage. Comme lui, pour échapper à la dureté de la rue, plus de 150 sans domicile fixe ont trouvé refuge dans le Bois de Vincennes, à Paris.
Entre les arbres, des tentes devenues des foyers pour ces SDF qui pour la plupart sont des hommes. Karim y vit ici depuis 2015. Deux tentes font office de « maison» ; une lui sert de chambre avec duvet, matelas, couverture et un petit chauffage d’appoint. La deuxième lui sert à stocker ses affaires.

À 54 ans, cet homme à la belle barbe grisonnante et aux cheveux ébouriffés accuse le poids de cinq longues années passées dans la rue. «L’hiver c’est terrible dans les bois », explique Karim. Alors pour tenir, il livre quelques astuces apprises dans la rue : « C’est de l’alcool à brûler ménager, tu en mets dans une petite boite de conserve. Et tu as 4 heures de chauffage avec une bouteille comme ça». Une technique qui présente des risques. Un soir épuisé, Karim a été sérieusement brûlé à la jambe et s’est retrouvé hospitalisé durant plusieurs jours.

Comme beaucoup de sans-abris, Karim a tout perdu.Travail, famille, logement. Alors pour survivre, trois fois par semaine, Karim fait la manche à Bastille en haut de la rue de la Roquette dans le 11e arrondissement de Paris, entre un distributeur de billets et un restaurant italien.

« Dans la rue, ta santé, elle en prend un coup »

Dans le secteur, Karim est connu, les passants s’arrêtent pour lui donner de quoi manger, de la monnaie ou simplement échanger quelques mots. «Pour tenir dans un boulot, il faut avoir un vrai logement, car dans la rue, ta santé, elle en prend un coup…». Un complément de revenu indispensable pour vivre , «Avec le RSA( 550,93 euros), on ne vit pas, on survit d’où la nécessite de faire la manche», avance cet ancien chauffeur routier.

À l’approche des élections municipales, qu’attend-il des candidats et comment juge-t-il cette campagne? «Aucun candidat ne parle vraiment des questions de logement et d’hébergement», regrette-t-il, avant de poursuivre: « La gauche s’est caviarisé, les affaires se multiplient, ça fait le jeu des extrêmes et de l’abstention» . Finalement, Karim, ne souhaite qu’une chose : «Que l’État réquisitionne les logements vacants qu’il fasse respecter la loi SRU afin de pouvoir loger dignement les personnes car aujourd’hui, c’est un vrai parcours du combattant pour trouver un toit ». Il conclut sans peur : «Je ne sais pas combien de temps je vais pouvoir encore tenir dans le bois» .

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