Jean-Marie Besset : « L’assassinat de Jacques Hamel m’a mystérieusement ramené à l’église »

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Le metteur en scène Jean-Marie Besset présente lors du festival Nava ( dont il est également le créateur) de Limoux, Temple, sa nouvelle pièce qui revient sur les prémices de l’attentat perpétré à l’Eglise de Saint-Etienne-du-Rouvray où le Père Hamel a été sauvagement assassiné. Jean-Marie Besset est convaincu que « le théâtre est un art politique qui permet une mise en perspective à chaud » et que cette nouvelle pièce « tente de comprendre l’incompréhensible». Entretien.

propos recueillis par

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Vous avez choisi d’aborder un sujet difficile dans votre nouvelle pièce « Temple ». Pourquoi avoir choisi ce drame qui a ébranlé la France pour cette pièce ?

L’événement m’a bouleversé. L’assassinat de Jacques Hamel m’a mystérieusement ramené à l’église, où je n’allais plus. Depuis deux ans je vais à la messe de 11h à Saint Eustache, aux Halles, tous les dimanches. Il m’a semblé que si l’on risquait désormais d’être assassiné parce qu’on est chrétien, autant l’être vraiment.

« Depuis deux ans je vais à la messe de 11h à Saint Eustache, aux Halles, tous les dimanches. Il m’a semblé que si l’on risquait désormais d’être assassiné parce qu’on est chrétien, autant l’être vraiment »

Comment aborde t-on l’écriture et la mise en scène ? Avez-vous fait des recherches approfondies autour de l’assassinat du Père Hamel ?

Les recherches ont été plus faciles que pour Jean Moulin, manifestement (critique de la pièce ici). Et les témoins sont en vie. A part les 3 protagonistes (une victime et deux assassins)

Quel est le fil rouge que vous avez souhaité suivre pour son écriture ?
Plusieurs axes, les jeunes contre les vieux. Mais aussi le Catholicisme et l’Islam, cette grande histoire vieille de 13 siècles, dont l’attentat est le dernier épisode.

Pourquoi ce nom, Temple ?
Elle fait référence à un passage de l’évangile où Jésus est pris à partie « alors qu’il enseignait dans le temple ».

Quels sont les écueils à éviter pour créer une pièce tirée d’un drame aussi récent et terrible alors même que le risque d’attentat en France reste très élevé ?
Le théâtre est un art politique qui permet une mise en perspective à chaud. Il incarne, il reproduit l’événement, il est un simulacre et un symbole. Par la catharsis, il permet de revisiter et d’approcher l’histoire réelle tout en lui donnant une valeur et un sens.

« Le théâtre est un art politique qui permet une mise en perspective à chaud. Il incarne, il reproduit l’événement, il est un simulacre et un symbole. »

Cette pièce s’insère dans le Festival Nava et aura pour espace le cloître de l’Abbaye de Saint-Hilaire. On imagine que le lieu n’a pas été choisi au hasard ? A-t-il une valeur de symbole ou de mise en espace singulière ? Ou les deux?

Saint Hilaire s’est naturellement imposé comme lieu de cette création. L’esprit a soufflé sur ces deux représentations, il faut croire. Elles ont ému le public. Elles ont donné à la famille du père Hamel un étrange apaisement, une résolution.

Yasin Houicha (Adel) de Sofian Khammes (Abdel) entourant Jean-Claude Jay (Jacques) – Photo Marius Larrivé – Festival nava )

 

Comment s’est faite la sélection des comédiens pour jouer cette pièce ?
Nous en sommes tombés d’accord avec Yohan Manca, le metteur en scène.

On imagine également que vous avez échangé avec la famille du Père Hamel pour la création de cette pièce. Est-ce le cas?
Oui, Roseline Hamel et ses enfants m’ont ouvert leur porte. Puis leur cœur. Ils ont embrassé mon projet.

Temple est une recherche de la vérité ou une pièce plus orientée sur les mécanismes humains, la ferveur religieuse et la radicalisation pour commettre un assassinat ?
TEMPLE essaie de comprendre l’incompréhensible. Par un choix des moments clés d’un enchaînement de circonstances. A la manière de Capote dans son magistral De sang froid, j’espère.

Pour finir, comment se porte le festival NAVA dont vous êtes à l’origine ?
Il me semble qu’il a repris de belles couleurs cette année, que nous avons réussi à le revivifier. En le rendant plus attractif pour les spectateurs venus de loin. Et en permettant aux Limouxins de se le réapproprier.

 

 

SAINT-HILAIRE / Cloître de l’abbaye de Saint-Hilaire
/ VENDREDI 27 JUILLET À 21h30
LECTURE-SPECTACLE / TEMPLE /
de Jean-Marie Besset
Mise en espace de Yohan Manca
Avec Martine Chevallier de la Comédie Française, Luana Duchemin, Philippe Girard, Yasin Houicha, Jean-Claude Jay, Sofian Khammes, Mama Prassinos.
Du 26 juillet et le 4 août.
Tous renseignements et informations au 04 68 31 85 08 et 06 84 60 14 38

( crédit photo – Jean-Marie Besset – DR )

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