Pouvez-vous nous présenter en quelques mots votre librairie ?
La Zone du Dehors est une librairie-café-jeux. Ce n’est pas un concept, mais plutôt l’envie d’avoir au même endroit tout ce qui nous fait plaisir, une rencontre de nos passions. C’est un lieu qu’on veut convivial avant tout.
Comment avez-vous choisi de devenir librairie ?
J’ai choisi de devenir libraire parce que j’en avais marre de faire des métiers qui ne correspondaient pas à ce que j’étais vraiment. Lecteur et passionné de livres, je l’ai toujours été. De plus je sais quoi et comment le faire dans une librairie, c’est naturel pour moi.
Pourriez-vous définir un profil type de vos clients ?
Nos clients sont chouettes. Ils viennent pour notre sélection et l’ambiance de la librairie. Ce sont principalement des curieux et des gens qui sont très ouverts d’esprit, avec lesquels ont peut facilement discuter. De ce coté-là, nous avons beaucoup de chance.
Dans quel genre se spécialise votre libraire ?
Là où nous sommes le plus performants, c’est sur notre sélection en littérature de l’imaginaire. Notre rayon est vraiment bien achalandé et c’est vraiment dans ce type de littérature que je m’évade le plus. La science-fiction, la fantasy et le fantastique n’ont pas toujours bonne presse, parce que, comme dans tous les genres, il y a aussi beaucoup de mauvais titres, et ce sont souvent les plus visibles. Mais nous sommes capable de prouver à n’importe qui qu’il s’agit bien de bonne littérature.
Ou y préférez-vous une portée plus généraliste ?
On veut tout de même garder des rayons pour la littérature dite générale, parce qu’il y a de très bonnes choses que j’ai envie de défendre. Nous avons un petit rayon sciences humaines axé sur le monde de demain, et un rayon pratique qui se développe. Le rayon BD et le rayon jeunesse ont une très grosse part dans la librairie presque autant que les littératures de l’imaginaire ainsi que le rayon des jeux. Nous sommes très polyvalents.
Concernant la rentrée littéraire, quelle place a-t-elle dans la vie économique de votre librairie ?
La rentrée littéraire n’a quasiment aucune place dans notre librairie. Cela s’explique parce qu’il n’y a pratiquement aucun titre de littérature de l’imaginaire, et que les principales ventes à ce moment-là se font grâce à la visibilité médiatique des éditeurs de littérature générale. Personnellement, c’est la partie du travail de libraire que j’aime le moins. La plupart du temps, j’attends que la rentrée littéraire passe. Ensuite je parle des perles perdues parmi les 700 titres de la rentrée, et qui valent le coup d’être portées par les libraires.
Quel est votre regard sur Amazon aujourd’hui et le fait que les lecteurs achètent sur cette plateforme ?
Les lecteurs achètent parfois sur Amazon pour de bonnes raisons : le livre est indisponible, ou alors ces lecteurs habitent dans une zone où il n’y a pas de librairie. Lorsqu’on a des libraires près de chez soi, c’est plus discutable. Deux choses sont très gênantes par rapport à Amazon, la première est simple : ils ne paient pas leurs impôts en France. Deuxièmement, Il parait 70 000 livres chaque année, et notre travail de libraire, c’est d’en faire le tri pour en parler à nos clients. Amazon se contente d’avoir un algorithme pour vous proposer les meilleures ventes, ou les titres sponsorisés. Amazon fait donc tourner inlassablement les mêmes titres, ne permettant aucune variété et limitant complètement toute créativité éditoriale. Si on n’achetait que par Amazon, il n’existerait bientôt plus que les 20 titres qui chaque année, ferait des records de vente, et je ne vous cache pas qu’il s’agit rarement des meilleurs livres ou des plus originaux.
Si vous étiez Ministre de la Culture, quelle mesure prendriez-vous pour remettre le livre au coeur de la politique culturelle ?
Je modifierai la loi Lang pour le livre numérique. J’aimerais qu’on puisse vendre le livre papier avec, pour 2 euros de plus, un lien pour obtenir sa version en numérique. Aux USA, le livre numérique fait 30% des ventes de livres, mais la vente de livre papier a tout de même augmenté de 5%. Cela veut dire que le numérique crée de nouveaux lecteurs, qui se retrouvent mieux dans le format liseuse que papier. Ces nouveaux lecteurs achètent également du livre papier de temps en temps. Cette mesure permettrait aux libraires de vendre du numérique, ce qui est trop compliqué aujourd’hui, et aussi assurer une meilleure transmission des textes (je lis la version numérique et je prête la version papier ou inversement). (NB : la loi Lang implique un prix unique pour le livre (papier ou numérique), et donc un livre numérique ne pourra pas d’une part coûter 15 euros si on le prend seul, et d’autre part 2 euros si vendu avec le livre papier, d’où le besoin de la changer sur ce point précis).
Librairie La Zone du Dehors
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