Un procureur spécial nommé par le ministre de la Justice pour enquêter sur Hunter Biden, un tour de passe-passe politique ?

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Le ministre de la Justice américain, Merrick Garland, a annoncé le 11 août dernier que le procureur fédéral David Weiss été chargé d’enquêter de manière ‘‘approfondie’’,en tant que procureur spécial, sur Hunter Biden, le fils du président américain.

Tout comme Jules César, voyant Brutus parmi ses assassins, avait prononcé ces célèbres mots « Toi aussi mon fils », Joe Biden serait bien inspiré de s’approprier ceux-ci : « Encore toi mon fils ». En effet, celui qui risque d’avoir un casier judiciaire plus rempli que son CV fait une nouvelle fois parler de lui, alors que son père fait déjà campagne pour sa propre succession à la Maison Blanche, dans un peu plus d’un an, malgré de réticences de plus en plus fortes dans le camp démocrate.

Le dossier Hunter Biden

L’homme de 53 ans est, entres autres, accusé par la justice de fraude fiscale et de détention illégale d’armes à feu, alors qu’il a été reconnu toxicomane et même viré de la Marine en 2013 pour consommation de cocaïne. Concernant la fraude au fisc, Hunter Biden est accusé de ne pas avoir rempli ses déclarations d’impôts en 2017 et 2018 sur des revenus atteignant 1,5 million de dollars, il risque pour cela 2 ans de prison et 10 années supplémentaires pour la détention illégale d’une arme. Le fils du président a plaidé coupable en juin dernier pour les deux chefs d’accusation, avant de finalement se rétracter en juillet 2023 et de se déclarer non-coupable alors qu’un accord, trouvé avec David Weiss alors procureur général du Delaware, ait été abandonné.

Sur un plan plus politique, Hunter Biden est également accusé, notamment par le camp républicain, de corruption avec plusieurs pays étrangers dont l’Ukraine et la Chine pour ce qui est des conditions de sa nomination et du rôle qu’il a joué au sein du conseil d’administration de Burisma, l’une des plus grandes compagnies pétrolières ukrainienne, et de ses liens avec le fond d’investissement BHR Partners, lié au pouvoir chinois. Plusieurs responsables du parti républicain craignent d’ailleurs que la nomination du procureur Weiss ne soit qu’une manœuvre du département de la Justice pour protéger le fils Biden sur ces affaires.

Une nomination pour couper l’herbe sous le pied de l’opposition ?

Le représentant républicain James Comer a notamment déclaré sur Fox News que la nomination de Weiss était une « blague » et une preuve de « la politisation du département de la Justice » comme le rapporte le Daily Mail. Le représentant du Kentucky est également président de l’Oversight Committee (Comité de surveillance : une sorte de commission d’enquête parlementaire) de la chambre des représentants. À ce titre, James Comer a déclaré que le comité continuerait d’enquêter sur Hunter Biden de son côté mais aussi sur le président américain, notamment sur son implication dans les relations d’affaires douteuses de son fils à l’étranger. « Nous avons beaucoup de crimes qui ont été commis par le fils du président, mais nous sommes préoccupés, comme vous le savez, par le président des États-Unis. Il y a à peine deux semaines, nous avons entendu des témoignages selon lesquels il était une figure centrale dans tout cela » a-t-il indiqué.

Non seulement, les représentants républicains reproche à Weiss son accord trouvé avec le fils Biden en juillet dernier, considéré comme une « tape sur les doigts » par James Comer, mais aussi d’avoir « laisser un délai de prescription expirer » sur une affaire d’évasion fiscale.
Cette nomination, qui fait écho aux affaires judiciaires de Donald Trump, semble donc être un nouvel épisode de la lutte pour le Bureau ovale de la Maison Blanche. Une lutte où la justice politique remplace le débat, dans ce pays qui se veut être la ‘‘plus grande démocratie du monde’’ alors que les États-Unis semble arriver à un tournant de leur histoire. Cette affaire politique autour d’Hunter Biden arrive à l’heure où la suprématie des USA imposée à la chute de l’URSS est de plus en plus contestée par les grands pays émergents notamment les BRICS, tant sur le plan diplomatique et militaire par la Russie que sur le plan économique par la Chine (en attendant peut-être Taïwan…).

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