Coup d’État au Niger : les sénateurs LR craignent un ‘‘effacement de la France en Afrique’’
Les rivages africains semblent de plus en plus hostiles à la France. Ce refroidissement des relations franco-africaines pourrait être une bonne chose, s’il impliquait une émancipation du continent, ce qui n’est malheureusement pas le cas. Loin de regretter « l’ère Foccart », les parlementaires républicains manifestent cependant leur incompréhension sur « l’évolution de la politique française en Afrique tant sur le plan militaire, que sur la notion de co-développement ou sur la coopération culturelle et linguistique ».
Changement de puissances tutélaires
Selon les sénateurs « la Françafrique d’hier est remplacée par la Russafrique militaire, par la Chinafrique économique ou l’Américafrique diplomatique », en cause les différents échecs français en Afrique subsaharienne « aujourd’hui le Niger, hier le Mali, la Centrafrique, le Burkina Faso » jusqu’aux rivages du golfe de Guinée « dans les pays réputés proches de nous, comme la Côte d’Ivoire ou le Sénégal » où les manifestations anti-françaises se multiplient.
Au Mali, bien que l’opération Barkhane fut une réussite militaire totale, elle fut un échec politique, les raisons de la rébellion touareg de 2012 n’ayant pas été traitées par le pouvoir central malien.
Selon l’historien africaniste Bernard Lugan, au micro d’André Bercoff sur Sud Radio en mars dernier, « il fallait subordonner la reconquête des territoires du nord perdus par Bamako aux avancées juridiques du gouvernement malien du sud au profit des nordistes (Touaregs) ». Rien de tout cela n’a été fait, et les forces françaises ont été sommées de partir du Mali en 2022 et du Burkina Faso en janvier dernier. La demande de départ de la junte militaire nigérienne, récemment arrivée au pouvoir, adressée aux soldats français déployés sur place le 3 août dernier, s’inscrit dans la même logique désastreuse pour la présence de la France en Afrique. L’historien avait d’ailleurs, dans la même interview, prévu l’expulsion des forces françaises du pays « le prochain coup c’est le Niger ».
Les Républicains pointent également les échecs français au Maghreb. Notamment avec l’Algérie, où le changement de pouvoir n’a pas effacer les difficultés de dialogue entre Alger et Paris. Et « au Maroc, les atermoiements français sur le Sahara », le Maroc se disputant la souveraineté de la partie occidentale avec l’Algérie, « poussent le Palais royal à chercher ailleurs qu’à Paris des partenaires militaires ou économiques ». Alors que Marrakech a toujours été un partenaire privilégié dans la région et que les souverains marocains, notamment Hassan II, ont toujours été très francophiles.
Ainsi, les parlementaires appellent le président à « remettre à plat notre vision de l’Afrique et de son lien avec la France », avant d’ajouter « il en est probablement temps, alors que l’Afrique continent ami, ne semble plus comprendre la France, et conteste de plus en plus son rôle et sa présence ».
Difficile d’envisager un tel renversement, quand on se remémore les dernières images du chef de l’État sur le continent, déambulant dans les rues de Kinshasa une bière à la main.