Sommet de l’OTAN 2023 : faire bouger les lignes pour prolonger les courbes

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Les 11 et 12 juillet dernier s’est tenu le dernier sommet de l’OTAN, dans la capitale lituanienne Vilnius. Il s’agit du deuxième sommet organisé dans un contexte de guerre russo-ukrainienne, après celui organisé à Madrid fin juin 2022.

Ironie de l’histoire ou pas, la proximité du sommet avec la frontière russe ne pouvait pas mieux illustrer les tensions que cette région connaît depuis près d’un an et demi. Il en ressort une organisation plus que jamais inféodée aux États-Unis, un double jeu de la Turquie qui souhaite monnayer son accord à l’adhésion de la Suède, une Ukraine laissée sur le banc malgré quelques concessions et des perspectives sur la probable future crise taïwanaise.

Les États-Unis maître du jeu

Les vieilles habitudes ont la peau dure et comme chaque année, les pays de l’alliance, sermonnés par Washington, se sont une nouvelle fois engagés à augmenter leurs dépenses militaires pour qu’elles atteignent 2 % de leurs PIB. A la faveur de la guerre sur le sol européen « onze alliés (sur les 31 États membres) ont désormais atteint ou dépassé ce cap. Nous nous attendons à ce que ce chiffre augmente de manière significative l’année prochaine » comme l’a indiqué Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN.
En dehors de l’Ukraine, la question de l’adhésion de la Suède était au centre des débats, alors que son voisin finlandais a intégré l’alliance le 4 avril dernier. D’abord réticent à l’entrée des pays scandinaves, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a finalement accepté la Finlande, tout en maintenant son veto pour la Suède. Les frictions entre les deux pays tenant principalement à la question Kurde, la Suède étant, proportionnellement à sa population, l’un des principaux refuges pour les kurdes en Europe et un fervent soutient à la création d’un Kurdistan indépendant.
Mais le jeu d’Ankara est ailleurs et a finalement donné lieu à une scène assez ubuesque. En effet, le dimanche 9 juillet, le président turc a conditionné, auprès de Joe Biden, la levée de son veto envers la Suède à un appui des E.U pour une adhésion de la Turquie…à l’Union Européenne. Une manœuvre qui démontre encore une fois l’emprise des États-Unis sur le Vieux Continent, puisqu’ils peuvent discuter directement avec un pays tiers de son entrée dans une organisation internationale auquel ils n’appartiennent pas. Le président turc continu de jouer sur les deux tableaux, tout en restant un allié, en tout cas un interlocuteur, de premier rang avec la Russie, il se rapproche du camp occidental. Bien que son éventuelle intégration dans l’UE n’est pas d’incidence géopolitique majeure pour Moscou, l’intégration de la Suède à l’OTAN appuyée par Ankara doit être vu d’un plus mauvais œil par le Kremlin.

La crise ukrainienne et l’ombre de Taïwan

Invité du sommet, Volodymyr Zelensky n’a finalement pas trouvé ce qu’il était venu chercher. En effet, le président ukrainien n’a guère pu se contenter que d’engagements verbaux concernant l’intégration de son pays à l’alliance atlantique. Bien que Jens Stoltenberg ait déclaré que l’Ukraine était aujourd’hui « plus proche de l’OTAN qu’elle ne l’a jamais été » il a néanmoins précisé que ladite intégration se ferait « lorsque les Alliés auront décidé que les conditions sont réunies ». Comprendre lorsque l’Ukraine ne sera plus en guerre avec la Russie, afin de ne pas déclencher l’article 5 du traité qui impliquerait une déclaration de guerre de l’alliance contre l’agresseur du nouveau membre.
Kiev obtient tout de même des alliés « un programme d’assistance pluriannuel destiné à aider l’Ukraine à remplacer les équipements et normes de l’époque soviétique par ceux de l’OTAN » comme on peut le lire sur le site de l’organisation. De quoi ravir l’industrie de défense américaine qui s’est officiellement trouvé un nouveau client, puisque ce ‘‘programme d’assistance’’ devra un jour être payé.
Le secrétaire général de l’OTAN a également présidé une réunion du Conseil de l’Atlantique Nord avec les chefs d’États de l’Australie, du Japon, de la Nouvelle-Zélande et de la République de Corée, soit les pays les plus proches de l’Occident ayant une influence dans le sud-est asiatique. L’éventuelle future crise taïwanaise en ligne de mire, Jens Stoltenberg a indiqué que « L’OTAN est une alliance régionale, mais elle fait face à des défis mondiaux ».

Photo de Artur Voznenko sur Unsplash

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