« Ils arrivent ! Du tourisme électoral et du vide en politique » par Alexandre Cuignache
Tribune d’Alexandre Cuignache, avocat et candidat aux législatives dans le Loiret pour Reconquête dans la quatrième circonscription de Montargis sur le parachutage politique et notamment celui de Jean-Michel Blanquer ancien ministre de l’éducation nationale
Juin 2022, dans les alentours de Montargis, 4ème circonscription du Loiret. Ils arrivent !
Nous étions quelques jours après l’élection présidentielle, tout semblait calme, mais, de loin nous vîmes de nombreuses toiles de parachute se détacher à l’horizon ; un espoir fou naissait, était-ce le 2ème REP qui venait nous sauver? Etait-ce le colonel Erulin qui sautait bravement sur Kolwezi avec ses hommes?
Un coup de jumelles médiatiques plus tard, la déception tombait, ce n’était pas Grouchy qui marchait au canon mais Blanquer qui allait aux fraises, découvrant avec une fraicheur enfantine – lui qui bâillonnât nos enfants pendant deux ans – le Gâtinais de mon enfance. Mais il n’arrivait pas seul, Lévy de LR, Ménager du RN, Nottin à sa gauche, et même le gilet jaune de l’étape, Oliv-Oliv, tombaient à ses côtés toutes voiles déployées.
Alors, s’il est vrai que le Gâtinais a des atouts exceptionnels et une histoire remontant au « paléolithique » – selon le truisme blanquérien – et donc à la préhistoire – ce dont je puis témoigner pour avoir trouvé des fossiles marins dans les champs des environs et avoir quelques fois fréquenté d’antiques menhirs de la région. La question se pose de l’attrait soudain de notre France périphérique pour les amateurs de tourisme électoral.
Certes, on n’est pas loin de Paris, mais il est rare qu’on y vive pour venir travailler ici, même si l’on pourrait conseiller aux impétrants de tenter l’inverse, le foncier étant moins cher dans le Loiret, ils y trouveraient des économies à faire et comme le souligne Ariel Lévy, « les joies de la campagne ».
Cette mascarade est évidemment dérisoire et prêterait à sourire si le phénomène n’était révélateur d’un mal plus profond : l’inconsistance, voire le vide, en politique.
« Cette mascarade est évidemment dérisoire et prêterait à sourire si le phénomène n’était révélateur d’un mal plus profond : l’inconsistance, voire le vide, en politique »
Si l’élection législative est nationale et que l’on peut bien se présenter, comme futur représentant de la nation partout en France, nul n’en disconvient, on ne peut néanmoins se ficher ouvertement des gens ; en effet, tout le monde n’a pas la consistance ou la hauteur de vue d’un Victor Hugo ou d’Éric Zemmour…Car en effet, comme le disait Julien Freund (à lire l’excellente édition des Lettres de la Vallée à la Nouvelle Librairie), cela est de la tricherie !C’est de la tricherie parce qu’on veut faire passer une apparence pour une réalité, l’apparence d’être de quelque part, alors qu’on n’est de nulle part et qu’on s’en fiche.
L’apparence de vouloir défendre une parole alors que l’on ment en permanence, et que l’on s’en fiche. L’apparence de vouloir accéder aux « responsabilités » alors que l’on ne veut répondre de rien, ni de ses paroles ni de ses actes, et que l’on s’en fiche.Ce qu’ils veulent, tous, de Macron à Le Pen, c’est être irresponsable, ne répondre jamais de rien, ni devant les juges, ni devant le parlement, ni devant les électeurs, ni même devant leur propre parti.Et ce phénomène a une cause profonde : il veulent, ils cherchent, ils cajolent cette irresponsabilité.
« C’est de la tricherie parce qu’on veut faire passer une apparence pour une réalité, l’apparence d’être de quelque part, alors qu’on n’est de nulle part et qu’on s’en fiche »
Parce qu’être responsable, c’est assumer ses actes, et qu’ils ont échoué en tout et partout, qu’ils ne veulent surtout pas agir pour ne surtout pas assumer, mais leur inaction est politiquement coupable ; que la classe politique a même abandonné toute volonté de tenter quoi que ce soit ; parce qu’ils ont sciemment abandonné le pouvoir, à Bruxelles, à Washington, aux cabinets de conseil, à la technocratie. Le monde politique n’est plus que prébendes, lâchetés et corruptions ; il est vide de sa substance qui est d’exercer le pouvoir en vue du bien commun.
Les événements récents le démontrent outrageusement, personne n’est responsable du fiasco du Stade de France, ni le préfet, ni le ministre et pensez, encore moins le Premier ministre ou le Président de la République.
Mais à force de ne répondre de rien, ils deviennent sourds ; sourds à la colère qui gronde et qui monte, mais jusqu’où? Combien de temps les Français vont encore tolérer qu’on ne leur réponde pas, qu’on ne les représente pas – ce qui est précisément le rôle de la Représentation nationale et donc des députés – qu’on leur mente, qu’on triche avec eux, bref qu’on se foute d’eux?