Jean-Louis, photographe: « La suspension des soignants «récalcitrants» semble être l’un des derniers volets du plan de démantèlement de l’hôpital public et de notre système de santé »

Partagez l'article !

Jean-Louis est photographe et il a lancé le projet « Les essentiels » pour mettre en avant les soignants suspendus car non-vaccinés. Un long entretien choc !

propos recueillis par

Partagez l'article !

 

De nombreux photographes ont rejoint ce collectif pour raconter l’histoire de ces femmes et de ces hommes mis au ban du système médical. Cette vaste galerie de portraits et de textes témoigne de cette immense détresse alors même que le gouvernement fait la promotion d’une vaste campagne de recrutement de … soignants.

Pouvez-vous nous présenter ce collectif les Essentiels ?
Le but du collectif est de mettre un éclairage sur les personnels suspendus, d’éveiller la conscience des gens à leur situation et d’apporter une aide à tous ces personnels. Il est également de laisser une trace de cette page d’histoire, même si elle ne fait pas honneur à notre pays. Il comprend actuellement presque 100 photographes répartis sur 55 départements, de la Corse à Boulogne sur Mer et de Brest à Mulhouse.

Comment avez-vous fait pour fédérer cette centaine de photographes sur l’ensemble du territoire sur ce sujet explosif ?
J’ai commencé par créer un site Internet qui décrit le projet et j’en ai parlé au sein du réseau Reinfo Covid auquel j’étais affilié. Puis j’ai lancé un appel aux photographes sur Sud Radio, dans le cadre des questions des auditeurs dans l’émission d’André Bercoff. Ensuite, j’ai pris ma voiture et j’ai commencé à sillonner les routes de France pour présenter le projet, en prenant la parole dans les manifestations à chaque fois que j’en avais l’occasion. Le bouche à oreille a commencé à fonctionner et nous avons aussi largement diffusé dans les réseaux sociaux. Anne, photographe/graphiste de notre équipe, a refait totalement la présentation du site et nous a créé une petite vidéo de présentation, qui a aussi beaucoup circulé. Aujourd’hui, le projet commence tout doucement à se développer, les personnes ayant témoigné en parlent dans leur entourage, ainsi que les photographes et le collectif s’étoffe de jour en jour. Néanmoins nous n’avons jamais assez de photographes, l’objectif étant de couvrir l’intégralité du territoire national et je lance un appel à tous ceux qui voudraient apporter leur contribution à ce projet, professionnels bénévoles ou amateurs. Je lance aussi un appel à tous ceux qui pourraient nous apporter leur aide dans les tâches administratives ou rédactionnelles (transcription des témoignages).
Enfin, le sujet du Covid est certes explosif, mais à mon sens celui des personnels suspendus ne l’est pas, il est plutôt indigne et déshonorant pour une nation qui prétend défendre les droits de l’homme, la liberté, l’égalité et la fraternité. C’est sans doute la raison pour laquelle il ne m’a pas été si difficile de fédérer autant de photographes autour de ce projet. Il est du devoir de chacun de s’indigner, c’est l’esprit qui anime tous les photographes de ce collectif.

 

« Le sujet du Covid est certes explosif, mais à mon sens celui des personnels suspendus ne l’est pas, il est plutôt indigne et déshonorant pour une nation qui prétend défendre les droits de l’homme, la liberté, l’égalité et la fraternité »

 

Vous avez pour des portraits adossés à des témoignages de soignants suspendus. Pourquoi ce choix ?
L’idée est de s’identifier à ces personnes, de montrer qui sont chacune d’elles, individuellement, de connaître leur vécu, de comprendre leurs conditions de travail, leur ressenti et leurs raisons de refuser cette technologie de vaccination expérimentale. L’idée est de montrer la multitude des situations, des professions touchées, des situations familiales, des conditions sociales et économiques. Une galerie de portraits permet de percevoir cette diversité au premier coup d’œil, puis le témoignage nous plonge dans chacune de ces tranches de vie, il nous dit ce que vivent ces gens au quotidien, dans leurs émotions, dans leurs rapports avec les autres et comment ils se projettent dans cette société qui tend à les effacer.

 

« Nous invitons chaque citoyen à donner à la mesure de ses moyens pour aider tous ces personnels suspendus. Nous appelons aussi tous les artistes et intellectuels de France à soutenir ce projet »

 

Quelles sont les solutions de votre collectif pour aider ces soignants suspendus ?
Si nous avons axé la communication en premier lieu sur les soignants, notre collectif concerne en réalité toutes les professions visées par la loi du 5 août 2021, à savoir pompiers, activités paramédicales, secrétaires médicales, agents d’entretien, chauffeurs, jardiniers d’EHPAD, etc., la liste est longue, bien trop longue…
Pour les aider nous avons lancé une campagne d’appel aux dons, parrainée par 200 artistes de toutes disciplines, de tout statut et de toute notoriété. Cet appel se trouve sur la page Les Aider de notre site et la liste des artistes signataires sur la page Artistes. Nous invitons chaque citoyen à donner à la mesure de ses moyens pour aider tous ces personnels suspendus. Nous appelons aussi tous les artistes et intellectuels de France à soutenir ce projet en nous écrivant via la page contact du site, pour nous signifier leur volonté de signer cet appel aux dons.
Pour aider ces personnels suspendus nous publions également, sur la page Solidarité de notre site, les offres de toutes natures reçues de tous les coins de France. Petits gestes ou soutiens plus conséquents, toutes ces offres contribuent à les aider et à leur redonner un peu d’espoir.

 

 

Quelle est la situation pour les soignants dont vous avez fait les portraits ? Certains ont-ils pu intégrer une autre voie professionnelle ?
La situation de ces personnels c’est d’abord leur quotidien et il convient de bien rappeler ce qu’implique cette « suspension », car peu de gens en ont vraiment conscience. Etre suspendu ça signifie plus de salaire, interdiction d’exercer son métier, pas d’allocation chômage, aucune aide financière, ni même RSA dans bien des cas, car beaucoup de Régions rejettent sur l’Etat la responsabilité de le financer. C’est aussi pas de recours à Pôle Emploi, car en théorie ces personnels sont toujours titulaires d’un contrat de travail. Selon les cas, c’est donc l’expulsion, car ils ne peuvent plus payer le loyer, ou bien vendre leurs meubles, leur voiture, leur maison pour les « mieux lotis ». Voilà la véritable condition de beaucoup de ces soignants !
Mais les situations sont aussi diverses que le sont les photos de notre galerie de portraits. Les plus chanceux ont pu reprendre momentanément leur travail, car ils ont réussi à attraper le Covid. Oui, la situation est à ce point absurde qu’attraper le Covid est un peu la quête du Graal pour ces soignants, dont beaucoup cherchent par tout moyen à être contaminé afin de pouvoir retravailler pour un temps après leur période de rétablissement. Sinon, les plus âgés ont parfois avancé leur départ en retraite, d’autres ont pu obtenir une mise en disponibilité, ce qui les autorise à aller travailler ailleurs temporairement, d’autres encore sont en arrêt de maladie, avec malheureusement des cas bien trop fréquents de dépression sévère et d’idées noires, allant jusqu’au passage à l’acte, suicide pour certains (heureusement pas de ceux que nous avons pu interviewer).

 

« Etre suspendu ça signifie plus de salaire, interdiction d’exercer son métier, pas d’allocation chômage, aucune aide financière, ni même RSA dans bien des cas, car beaucoup de Régions rejettent sur l’Etat la responsabilité de le financer »

 

Côté positif, beaucoup envisagent une reconversion, qui peut être soit vers une activité annexe à leur spécialité (par exemple un kiné qui va fabriquer des prothèses), soit un saut dans un domaine qui les passionne depuis longtemps et certains ont déjà opéré cette mutation. C’est le cas notamment de Johanne, l’une des photographes de notre collectif, soignante avant sa suspension et qui a décidé de se lancer dans la photographie. D’autres exemples figurent sur notre site.

 

Qu’avez-vous appris en allant à la rencontre de ces soignants que vous ne soupçonniez pas avant de lancer « Les essentiels » ?
Concernant les soignants, je n’ai rien découvert que je ne soupçonnais un peu déjà, mais ce que j’ai appris d’eux, c’est leur sens du dévouement et leur beauté d’âme. Ceux qui les traitent d’égoïstes et d’irresponsables devraient prendre le temps d’écouter ce qu’ils ont à nous dire. Je n’imaginais pas jusqu’à quel point ces gens sont admirables. J’ai rencontré des gens extraordinaires, de ceux qui portent la lumière dans cette société en déshérence. Je parle du personnel médical et assimilé et aussi de ces quelques milliers de médecins d’exception qui font encore honneur à leur métier. Ils ont été nos héros lors de la première vague, ils le sont plus encore aujourd’hui en assumant leur décision (je ne peux pas me résoudre à dire leur « choix »). Après avoir tout donné, ils subissent aujourd’hui le bannissement de ceux-là mêmes qu’ils ont sauvés aux heures les plus sombres de la crise, mais ils restent debout. Il m’est arrivé de recueillir des témoignages à vous arracher le cœur, à vous révolter jusqu’au plus profond de votre être, à ne pas croire ce que ces gens subissent et pourtant je repartais parfois réconforté par leur sagesse, par leur dignité, par leur capacité à contenir leur colère, à mettre une distance sur leurs souffrances et à avancer malgré tout vers l’inconnu. Au fond d’eux, ils savent bien qu’ils ont pris le bon chemin, même s’il est semé d’embuches.

En revanche, ce que je ne soupçonnais pas avant de lancer « Les Essentiels », c’est cette disposition de la population à se soumettre aux règles les plus stupides ou à des lois illégitimes, cette apathie générale, ce renoncement à défendre les libertés chèrement acquises par nos aïeux au fil des siècles, cette aptitude à avaler la propagande gouvernementale jusqu’à accepter (voire réclamer pour certains) de devenir les cobayes d’une science devenue culte. Mais le plus effrayant c’est cette capacité à renier les héros qu’elle acclamait hier. Honteux et triste spectacle que celui d’une société parjure en perte de sens et d’humanité. Nos enfants devront un jour payer le prix de ces déficiences et cette pensée me terrifie…

Est-ce que l’avenir de ces soignants suspendus pourrait-il s’éclaircir selon vous dans les prochaines semaines ?
Malheureusement je crains que non et la campagne de recrutement de soignants récemment lancée par le gouvernement le confirme, les personnels suspendus sont définitivement exclus du système ; sauf si les élections nous réservaient une bonne surprise…

 

La suspension des soignants « récalcitrants » semble être l’un derniers volets du plan de démantèlement de l’hôpital public et de notre système de santé, programmé de longue date. Le gouvernement a montré qu’il poursuit cette tendance destructrice et déroule son plan comme un rouleau compresseur, puisque même pendant la crise Covid il a supprimé plus de 5700 lits et continué à fermer des hôpitaux. En dépit des motifs invoqués, la suspension des soignants n’est pas une mesure sanitaire ; pour preuve les directives envoyées aux soignants vaccinés de venir travailler même s’ils sont testés positifs, alors que la vaccination n’empêche ni la contamination, ni la transmission du virus. En revanche, les soignants non vaccinés testés négatif, qui eux ne mettraient en danger ni les patients, ni leurs collègues, sont suspendus, interdits d’exercer. Tout cela, comme beaucoup des mesures qui nous sont imposées depuis l’ère Covid, n’est clairement pas d’ordre sanitaire mais répond à une toute autre logique.

 

 

Le seul espoir pour que l’avenir des soignants suspendus s’éclaircisse serait une prise de conscience de la population. Tant que les gens ne comprendront pas les véritables enjeux de cette crise, bien plus politique et sociétale que sanitaire, tant qu’ils ne remettront pas en cause les réglementations absurdes et liberticides qui leur sont imposées, tant qu’ils accepteront cette honteuse discrimination entre deux catégories de citoyens, je crains bien que rien ne change. Nous sommes entrés dans une ère de déshumanisation et de contrôle totalitaire, il faudra un grand réveil pour en sortir.

J’espère que le jour où les gens comprendront qu’ils auraient dû se battre pour défendre l’hôpital public et plus généralement notre système de santé, il ne sera pas trop tard. C’est pour susciter cet éveil de conscience que tous les photographes du collectif Les Essentiels se mobilisent.

 

Plus d’informations sur le site www.lesessentiels.org

Il vous reste

2 articles à lire

M'abonner à