Arrivée du convoi de la liberté dans un Paris bouclé: « On ne fera pas demi-tour »

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Le convoi de la liberté est aux portes de Paris et la suite des évènements n’a jamais été aussi incertaine. Tous les convois arriveront-ils à converger ? La capitale sera-t-elle bloquée ?

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Par Simon Martin et Alexandre Ori – Le convoi de la liberté est aux portes de Paris et la suite des évènements n’a jamais été aussi incertaine. Tous les convois arriveront-ils à converger ? La capitale sera-t-elle bloquée ? Quelle sera la réaction de la police ? Dans ce brouillard de guerre, les manifestants restent certain d’une chose : pacifistes ils étaient, pacifiste ils resteront.

Alors que le convoi de la liberté s’était déjà vu interdire l’entrée à Paris jeudi 10 février, c’est aujourd’hui 7200 policiers et gendarmes qui sont mobilisés sur la capitale. Un dispositif aussi renforcé par divers véhicules blindés comme l’a fait savoir la préfecture de police sur Twitter, diffusant hier matin des images de ses équipements. Du côté des différents convois, censés converger ce soir sur Paris, le nombre de véhicule reste difficile à évaluer mais se compte en milliers.

« On ne fera pas demi-tour »
Une montée en pression qui inquiète, certains voyant dans cette fortification de la capitale le signe d’affrontements inévitables. « Le mouvement se veut pacifiste mais malheureusement sur Paris, c’est sûr ça va dégénérer » lance Julien Rogue, vidéaste qui a couvert à plusieurs reprises les manifestations des gilets jaunes dans la ville. Un fatalisme qui l’a poussé aujourd’hui à arborer une veste de protection ainsi qu’un brassard de presse : « il faut vraiment s’équiper », explique-t-il.

Chez les manifestants l’optimisme cheville. L’objectif reste le même : le convoi doit pacifiquement atteindre son but. « On n’est pas venu pour se battre, mais pour se faire entendre » témoigne un couple de haut-savoyards à la fenêtre de leur pick-up, drapeaux sur le toit et stickers aux fenêtres. « On ne fera pas demi-tour. On ne sait pas comment ça va se passer, mais on n’a pas peur » ajoutent-t-ils avant de reprendre la route.

Le convoi dans le flou
Côté organisation du mouvement, le silence radio persiste quant aux principales questions qui s’imposent à l’approche de la capitale : quelles routes prendre ? Que faire une fois dans la ville ? Une incertitude renforcée par la longueur des convois, disloqués en plusieurs parties, rendant difficile toute estimation d’heure d’arrivée.
Un flou général qui n’entache pas le sourire de Marlène, convoyeuse partie de Nice il y a deux jours : « je ne sais même pas où aller après le point de rassemblement où je suis arrêtée » rit-elle, avant d’ajouter « Mais dans tous les cas il faut y aller et je crois que ça peut bien se passer. Hier à Lyon, des policiers nous ont applaudi par exemple. »

Paris retranché
Pour la capitale, la situation est d’autant plus difficile à anticiper qu’elle est radicalement nouvelle. Si Paris a connu ces dernières années beaucoup de manifestations, y compris les différents actes des gilets jaunes, aucun convoi véhiculé n’a encore traversé ses rues. Une différence fondamentale que souligne Albert Ogien, directeur de recherche émérite au Centre d’étude des mouvements sociaux (CEMS), qui résume : « Mater une manifestation à pied, ce n’est pas comme une manifestation en voiture. » Aux yeux du chercheur, « le problème des forces de l’ordre va être de contrôler le trafic, pas les gens. » Une situation qui ne laisse pour le sociologue aucune place concrète aux dérapages violents, contrairement aux manifestations des gilets jaunes.

Malgré ces différences, l’exécutif semble se préparer au pire. D’après nos informations, les véhicules blindés ont été déployés principalement autour des lieux de pouvoir, comme l’Élysée, l’Arc de triomphe et Matignon. Une position défensive qui laisse planer le doute quant au déroulement des prochaines heures, alors que les différents convois sont aux portes de la capitale.

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