Présidentielle 2022 / Clara Egger: « Nous voulons placer les citoyens au-dessus de leurs élus et en faire les patrons de leur système politique »

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Putsch donne à moins de 3 mois de l’élection présidentielle la parole aux candidats citoyens qui sont nombreux, cristallisant l’incapacité de la classe politique à rassembler le plus grand nombre de Français. Avec une abstention record aux dernières municipales, Putsch donne la parole à des citoyens qui tentent de se faire entendre. Aujourd’hui, nous recevons Clara Egger d’Espoir Ric qui présente son programme pour redonner le pouvoir aux citoyens.

propos recueillis par

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Pourquoi avoir décidé de vous présenter dans cette campagne présidentielle en tant que candidate citoyen, sans l’aide d’un parti ? Comment trouvez-vous les financements pour faire campagne ? Et combien de parrainages avez-vous obtenus à cette heure ?
Espoir RIC se fonde sur une définition très précise de ce qu’un mouvement citoyen doit porter aux élections. Selon nous, un mouvement citoyen doit avant tout défendre les droits politiques des citoyens, face à des partis politiques qui ont comme préoccupation première de gagner les élections. Il y a donc un décalage très fort entre ce que nous souhaitons et ce que les responsables de partis politiques veulent. Nous voulons placer les citoyens au-dessus de leurs élus et en faire les patrons de leur système politique, alors que les responsables des partis veulent exercer le pouvoir avec le moins de freins et de contraintes possible. Malgré nos tentatives de faire pression sur les partis classiques pour qu’ils reprennent notre proposition, ce décalage rend des perspectives d’alliance très peu probables, même si certains partis ou candidats sans réelles chances d’être élus reprennent notre proposition. Nos financements sont pour le moment limités mais pas inexistants, nous puisons sur nos deniers personnels et ceux des milliers de soutiens d’Espoir RIC pour financer certaines grosses opérations. Depuis jeudi 27 janvier, la collecte des parrainages a démarré, jusqu’alors on ne pouvait collecter que des promesses. Nous avons le soutien de 200 maires mais la force de ce soutien varie – certains ont déjà promis leur parrainage, d’autres le conditionnent aux soutiens déjà obtenus. Comme l’évolution des parrainages va être rendue publique chaque semaine, nous allons rapidement avoir une idée plus claire du nombre de soutiens transformés en parrainages effectifs auprès du Conseil constitutionnel.

 

« Nous voulons placer les citoyens au-dessus de leurs élus et en faire les patrons de leur système politique, alors que les responsables des partis veulent exercer le pouvoir avec le moins de freins et de contraintes possible »

 

Comment expliquez-vous l’abstention de plus en plus endémique en France ?
Faire parler les abstentionnistes est hasardeux car les raisons de s’abstenir sont nombreuses (désintérêt pour la politique, rejet de l’élection, sentiment d’impuissance, difficulté à s’inscrire sur les listes électorales…). On peut constater que l’abstention aux élections présidentielles n’a quasiment pas bougé depuis quarante ans, alors qu’elle est montée en flèche dans les autres élections, parlementaires, régionales, municipales ou européennes. Pour nous, c’est le signe d’une concentration des pouvoirs dans les mains du président, bien visible par ailleurs. Lorsqu’on restreint le pouvoir du Parlement, il est normal qu’on soit moins motivé à aller désigner des députés. C’est précisément cette concentration du pouvoir que nous combattons. Dans notre mouvement, beaucoup d’activistes ne votent plus parce qu’ils voient des promesses électorales creuses avec un système injuste qui ne change pas. Or, comme ce sont les règles du jeu politique qui sont viciées, changer les joueurs sans changer les règles ne sert à rien. Nous partageons donc tous le sentiment que quelque chose cloche et que, dans ce contexte, voter ne produit pas les changements que nous espérons.

Si vous étiez élue à la fonction suprême en avril prochain, quelle serait votre première décision concernant la crise sanitaire?
Notre première décision sera de rendre au Parlement la gestion de la crise sanitaire, sous le contrôle étroit des citoyens, qui disposeront du pouvoir de revoir les décisions à tout moment. La racine du problème que nous rencontrons dans la gestion de la crise sanitaire est sa gestion quasi exclusive par le président de la République, dans l’opacité la plus totale et des décisions importantes dont personne ne connaît les raisons ou l’origine. Un président de la République, tel que notre Constitution le prévoit, laisse le gouvernement et le Parlement faire leur travail et, de son côté, veille à qu’il n’y ait pas d’abus de pouvoir, que les minorités soient protégées, que les informations soient transparentes, que les différentes parties puissent défendre leur avis dans le respect des règles constitutionnelles. C’est un travail fondamental, notamment pendant une crise, que plus personne ne fait aujourd’hui. Le président actuel est devenu un Premier ministre et le Premier ministre, lui, est devenu le pion du président. Ainsi, si nous avions eu un président qui se concentre sur les tâches qui sont les siennes, la crise sanitaire aurait été gérée d’une façon radicalement différente. Par exemple, nous connaîtrions la composition du Conseil de défense sanitaire et aurions accès aux compte rendus des décisions puisque le rôle du président est de le présider au nom de tous les Français. Un président digne de cette fonction aurait aussi soumis le passe sanitaire à référendum face à l’opposition qu’il a suscitée. Le Parlement aurait joué un véritable rôle de contrôle de l’action du gouvernement et n’aurait pas fait office de chambre d’enregistrement des décisions présidentielles.

 

 

« La racine du problème que nous rencontrons dans la gestion de la crise sanitaire est sa gestion quasi exclusive par le président de la République, dans l’opacité la plus totale et des décisions importantes dont personne ne connaît les raisons ou l’origine »

 

Quelles sont vos propositions pour améliorer le pouvoir d’achat des Français ?
Cette question n’est pas au niveau des sujets que devrait traiter une campagne présidentielle. Il faudrait plutôt demander : comment allez-vous vous assurer que les décisions prises en matière économique bénéficient au pouvoir d’achat de tous les Français ? Car, en matière économique, le président de la République n’a aucun pouvoir. La vision que nous portons – celle d’une France démocratique où les citoyens contrôlent les élus et les règles du jeu politique – a des impacts plus forts sur le pouvoir d’achat que n’importe quelle mesurette sortie d’un cerveau isolé d’un candidat et de ses quelques conseillers. Aujourd’hui le pouvoir d’achat est en berne car notre système politique décourage les initiatives économiques. Quand des élus peuvent changer du jour au lendemain la politique économique, personne n’a intérêt à se lancer dans la création d’une entreprise. Moins il y a d’entreprises et d’offres, plus les prix augmentent et au final le pouvoir d’achat se contracte. Lorsque le pouvoir n’est pas concentré entre quelques mains mais distribué à l’ensemble des citoyens, les politiques économiques sont plus stables et plus acceptées. Dès lors, les entrepreneurs ont plus confiance en l’avenir et se lancent dans des activités qui bénéficient au pouvoir d’achat et au dynamisme économique d’un pays. Cela ne relève pas de la politique fiction : tous les pays plus démocratiques que le nôtre connaissent aussi une plus faible inflation.
Mais pour cela, encore une fois, il faudrait que les journalistes puissent changer de mentalité et lire notre Constitution. Demandez donc aux autres candidats pourquoi ils promettent des mesures concrètes sur le pouvoir d’achat, alors qu’ils se présentent à l’élection présidentielle. Pourquoi, par leur programme à tout-va, ils piétinent la Constitution qu’ils sont censés garantir ? Et pourquoi, vous les journalistes, trouvez-vous cela normal ?

 

« La vision que nous portons – celle d’une France démocratique où les citoyens contrôlent les élus et les règles du jeu politique – a des impacts plus forts sur le pouvoir d’achat que n’importe quelle mesurette sortie d’un cerveau isolé d’un candidat et de ses quelques conseillers »

 

Concernant l’appartenance de la France à l’Union européenne, êtes-vous plutôt favorable à une souveraineté européenne ou à une Europe des nations ?
En tant que candidate à la présidence de la République, mes opinions personnelles sur ce sujet n’ont aucun intérêt. Poser une telle question ne contribue qu’à renforcer le caractère autoritaire de notre pays. Ce qui compte, c’est la façon dont le président va œuvrer à ce que les priorités des citoyens pèsent en matière d’intégration européenne. Ce serait une première dans notre pays, mais pas au sein de l’UE où les Danois et les Irlandais ont le droit, dont nous Français sommes dépourvus, de décider par référendum en matière européenne car leurs élus ne peuvent pas signer de traités européens sans votation populaire. Avec le pouvoir de contrôler la Constitution – via le RIC constituant –, nous citoyens prendrions des décisions qui seraient supérieures aux traités européens. Nous pourrions décider d’une Europe à la carte, en choisissant les domaines où nous souhaitons plus d’intégration et les domaines où nous souhaitons plus d’autonomie. Nous pourrions aussi souhaiter sortir entièrement, ou y rester sans options de sortie. Le rôle du président est de veiller à ce que la solution qui sera trouvée soit le plus consensuelle possible et non de faire triompher ses marottes à tout prix.

« Avec le pouvoir de contrôler la Constitution – via le RIC constituant –, nous citoyens prendrions des décisions qui seraient supérieures aux traités européens. Nous pourrions décider d’une Europe à la carte »

 

Quelle est votre stratégie pour répondre au chômage massif qui frappe le pays ? Réindustrialisation ? Relocalisation ? Protectionnisme?
Pour ceux qui lisent attentivement cette interview, il apparaîtra évident que cette question, comme les précédentes, est hors sujet. Manifestement, vous souhaitez avoir un président-dictateur, comme en Russie ou en Biélorussie. De notre côté, nous souhaitons un président-arbitre, comme c’est le cas en Finlande, en Islande ou en Autriche. C’est triste pour nous de voir à quel point la conscience de nos institutions et de la division des pouvoirs s’est perdue. Mais je vais répondre à cette question : pourquoi un pays avec un président-arbitre et des citoyens aux commandes répond mieux aux problèmes économiques que vous mentionnez ? Parce que les grandes multinationales n’auront plus un seul numéro de téléphone à appeler pour influencer la politique de la France – celui du président –, mais ils devront convaincre la majorité des Français. Cela est bien plus dur, d’autant plus que beaucoup de Français sont de petits et moyens entrepreneurs qui pourront alors se défendre bien mieux contre la concurrence des multinationales. Pour réindustrialiser, il faut des règles stables et équitables qui attirent les entrepreneurs. Pour relocaliser, il faut plus de petites et moyennes entreprises. Pour les faire prospérer, il faut qu’elles puissent être minimalement protégées. Aucun président-dictateur n’a les épaules assez larges pour faire cela. Seul un pays sous le contrôle de ses citoyens peut le faire.

 

 

Au niveau de l’Éducation nationale, avez-vous des propositions à faire pour revenir à un parcours scolaire plus égalitaire ?
Ma proposition est d’instaurer une démocratie digne de ce nom dans notre pays, en introduisant le RIC Constituant. L’un des effets les plus remarquables du RIC Constituant est son caractère éducatif : partout où les citoyens décident, particulièrement dans les domaines d’importance capitale pour leur avenir ou celui de leurs enfants, ils s’informent. Il s’agit donc d’un outil simple pour se donner les moyens de l’éducation de masse. À un autre niveau, les projets de réforme successifs de l’école – suppression de la carte scolaire, réforme du bac, revalorisation des filières professionnelles – ont consisté en un millefeuille de « réformettes » passant à côté de l’essentiel : la lutte contre les inégalités scolaires dans notre pays. Cela s’explique notamment par le fait que la quasi-totalité des décideurs politiques proviennent d’écoles d’élite dotées de moyens particulièrement généreux en comparaison avec les écoles de campagne, de banlieue, ou même l’université. Une réforme ambitieuse de l’Éducation nationale ne pourra se faire que sous le contrôle de l’ensemble des citoyens, dont l’expérience scolaire est plus diverse et représentative que celle de nos gouvernants.

Quelle est la mesure phare de votre programme et pour laquelle vous avez décidé de vous présenter ?
Nous voulons une société où les représentants de l’État soient au service des citoyens, dont ils craignent les décisions. La mesure phare de notre programme est donc l’instauration d’un nouveau droit pour les citoyens : celui d’écrire des changements constitutionnels et de les adopter directement, sans qu’à aucun moment les élus ne puissent reprendre le contrôle. Cette mesure simple, appelée RIC Constituant, produit un changement de système car elle place les citoyens au-dessus de leurs élus. Comme seuls les citoyens ont le pouvoir de valider des changements constitutionnels et peuvent imposer des limites aux pouvoirs de leurs élus, ces derniers vivent sous la crainte permanente de prendre une décision qui puisse déplaire à leurs patrons, les citoyens. Cette mesure doit être défendue à la présidentielle car seul le président peut la mettre en place en convoquant un référendum instituant ce nouveau droit au lendemain de son élection. Nous présentons notre vision pour changer pour de bon la vie des Français dans un manifeste, Pour que voter serve enfin, paru début février et que tout le monde peut se procurer sur le site internet d’Espoir RIC ou en librairie.

 

Pour consulter le programme de Clara Egger

 

 

 

 

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