Guillaume Travers: Après le Pass Vaccinal, un contrôle social mondial ?
Après le Pass Vaccinal, un contrôle social mondial ? C’est une question bien inquiétante qui mérite d’être posée de surcroît après deux ans de crise sanitaire et l’apparition de contrôles en tout genre et de QR Code. L’économiste Guillaume Travers revient longuement sur cette question dans Putsch qu’il aborde dans ce petit livre percutant.
Libéralisme, contrôle social, mondialisation et standardisation des échanges, droits et devoirs, citoyenneté conditionnée à des pass et non plus à un enracinement et à une culture. Un entretien passionnant qui tente de répondre à cette question : allons-nous vers un contrôle social mondial avec cette panoplie de pass liberticide ?
Pourquoi avoir dédicacé votre livre à Claude Chollet, fondateur de l’OJIM* ?
Claude Chollet est qu’un que je connais depuis près de 15 ans, et qui a joué un rôle important dans mon cheminement idéologique. Par des discussions répétées, par des livres qu’il m’a suggérés, il m’a toujours poussé à ne pas accepter sans regard critique l’idéologie dominante, et à voir plus loin, plus profond. C’est un esprit curieux, sympathique, généreux, qui me semble être parfaitement rebelle à toute tentative de « surveillance » – ce qui est précisément l’objet de mon essai.
Vous abordez la question des devoirs et de la liberté dans votre livre. Comment avez-vous analysé la déclaration d’Emmanuel Macron sur les droits et les devoirs il y a quelques semaines?
À mes yeux, il n’y a pas de droits sans devoirs. Classiquement, depuis l’Antiquité et jusqu’à la période moderne, toute la pensée juridique et politique visait à équilibrer droits et devoirs. Être membre d’une communauté, c’était, par exemple, prendre part de manière obligatoire à certaines cérémonies, à certains engagements (militaires, etc.). Les obligations auxquelles l’individu devait se soumettre n’étaient jamais abstraites, elles trouvaient leur source au sein même des communautés humaines, dans une vision partagée du bien commun. L’équilibre qui prévalait entre droits et devoirs était le fruit d’une histoire, d’un enracinement, de valeurs partagées, et pouvait évidemment varier d’une cité à l’autre, d’une communauté à l’autre. Ce n’est que très récemment, disons à partir du XVIIIe siècle, que l’on a proclamé l’existence de « droits » sans devoirs : toute la rhétorique des « droits de …