Covid-19 : itinéraire d’un enfant « non vacciné »
Tribune d’Henri Feng, Docteur en histoire de la philosophie
Alors que le gouvernement français peine à faire injecter massivement une troisième dose de « vaccin » d’ici le 15 janvier prochain contre la pandémie de Covid-19, tant politiquement que logistiquement, le président du Conseil scientifique macronien, Jean-François Delfraissy, a exprimé ses doutes, le 8 décembre, en commission des Affaires sociales au Sénat, quant à l’efficacité durable d’une troisième dose du sérum Pfizer-BioNTech, se demandant même si une quatrième dose ne serait pas nécessaire à moyen terme. Pire encore : à l’Élysée, les projets d’imposer la «vaccination » aux enfants de 5 à 11 ans ainsi qu’à tous les salariés restent encore sur la table. Mais une fois de plus, la Macronie montre son goût pour l’improvisation, ou plutôt son incompétence : à ce jour, il reste plus de doses du vaccin à ARN messager américain Moderna que de la formule germano-américaine dans les stocks. En attendant, la propagande pro-ARN messager, essentiellement sous la pression du laboratoire Pfizer, le leader américain du Big Pharma (la Commission européenne s’est retrouvée contrainte de se porter garante contre tout recours judiciaire en cas d’effets secondaires graves ou mortels), veut faire croire que les « non vaccinés » encombrent les hôpitaux publics, en dépit du fait, par exemple, que plus de 88% de Français ont reçu deux doses de « vaccin ». Au point que les bien-pensants de CheckNews de Libération ne tolèrent plus ce mensonge d’État à travers, notamment, deux articles, « Covid-19 : est-il vrai que 80% des hospitalisations concernent des non-vaccinés, comme le dit Karine Lacombe ? », publié le 3 décembre, et « Covid-19 : les non-vaccinés représentent-ils 76% des entrées en réanimation, comme l’écrit le Monde ? », publié le 5 décembre. Pourtant, la professeure Lacombe, en tant que cheffe de service des maladies infectieuses à l’AP-HP Saint-Antoine et membre du même conseil scientifique multiplie les déclarations publiques pour convaincre les sceptiques concernant l’utilité de la troisième dose de la potion de moins en moins magique, puisque cette dernière évite seulement le développement des formes graves du coronavirus, mais si peu la contamination. En réalité, une thérapie génique qui ne dit pas son nom.
Bon gré mal gré, nos politiques s’enfoncent dans une perspective ségrégationniste. En l’occurrence, comment oublier que la levée du secret médical dans les écoles a été, un temps, approuvée par notre chambre basse, le 20 octobre, via un amendement autorisant les chefs d’établissement à avoir accès au statut vaccinal des élèves ? De fait, la majorité présidentielle semble vouloir imiter à l’envi les modèles américain (au niveau fédéral) et israélien sur le plan sanitaire. Ou quand l’infantilisation et la zombisation ne feront plus qu’un. Vers une République des enfants, où rien ne va plus, où tout est normal… Mais au sein de laquelle seule la sociologie peut saisir les causes et le sens du conditionnement psychologique. Tel Durkheim, disons que « nous sommes agis plus que nous n’agissons ». Car qui dit « sciences humaines » dit « homme » comme objet de science, l’Homme comme être universel, puis l’homme comme genre, ensuite comme femme, et, au bout du bout, comme enfant. En substance, l’infantilisation comme projet ultime de civilisation.
Logiquement, il convient de protéger la petite souris, de la protéger à tout prix contre le moindre risque de contracter une maladie, l’humanisme évoluant ainsi vers le transhumanisme. Voilà pourquoi, contre cette maladie respiratoire d’origine chinoise (apparue à Wuhan, a priori) dont la létalité atteint à peine le triple de celle de la grippe et tuant très majoritairement des personnes âgées de plus de 75 ans ou celles ayant des comorbidités, la France, à l’instar de l’Allemagne entre autres, continue d’appliquer des protocoles de sûreté sanitaire d’inspiration américaine, et nullement chinoise, contrairement à ce que la classe médiatico-politique laisse entendre, l’ensemble étant réalisé pour que chacun se retrouve obligé de se faire vacciner durablement avec de l’ARN messager, procédé conçu initialement pour traiter efficacement les cancers. Comme s’il n’avait jamais été question de soigner les gens, mais plutôt de les rendre dépendants d’un produit, là où seule la marchandise à droit de cité. Plus généralement, la médecine moderne ne s’est jamais articulée autour du patient, ou encore moins autour du médecin, mais exclusivement autour du médicament, du remède purement chimique.
Du reste, l’extension du passe sanitaire, décidée le 12 juillet, n’avait-elle pas d’autre objectif que de numériser davantage notre population soi-disant réfractaire ? Et dans ce monde où le mot ne dit plus la chose, l’information vaut amplement l’intoxication : tout miser sur le « vaccin », et non plus sur le soin, en faisant fi du fait qu’un vaccin est un moyen pour lutter contre une épidémie, y compris contre un virus respiratoire (par exemple, le vaccin contre la grippe ne peut pas être obligatoire car il reste assez peu efficace), mais non une fin en soi. Désormais, sans ce sérum dans le corps, plus rien ne deviendra possible. Pour résumer : une administration systématique des corps. Certes, qui pourra encore rendre visite à un parent malade à l’hôpital ? Ou bien, un enfant ne sera-t-il pas privé d’école pour des raisons de sûreté vaccinale ? Et que dire du demandeur d’emploi qui ne peut pas, aujourd’hui, accéder à un forum pour réaliser sa réinsertion sociale? Voilà donc le devenir des démocraties libérales, des « open space » dans lesquels l’individu exponentiellement atomisé se retrouve finalement isolé à jamais, enfermé entre ses portes et ses fenêtres.
Manifestement, l’État de droit sait s’éclipser lorsque des intérêts supranationaux pèsent plus lourd dans une des balances de la théorique « justice sociale ». Elle est si loin la définition kantienne du droit comme « l’ensemble des conditions qui permettent à la liberté de chacun de s’accorder avec la liberté de tous » ! Rappelons qu’un Français « non vacciné » se voit contraint de payer son test antigénique, alors que le bon citoyen « vacciné » peut gratuitement vérifier que son test est négatif, même s’il y a des chances que celui-ci soit positif. Logique, n’est-ce pas ?… Un scandale au niveau constitutionnel ! Mais, dans le même temps, au niveau existentiel ou métaphysique, force est de constater que notre rapport à la mort et à la maladie, si ce n’est au moindre risque, a totalement montré ses limites, les technosciences ayant conforté l’intelligence humaine mais affaibli sa volonté. Précisément, l’angoisse révèle qu’elle est clairement la cause principale de la « servitude volontaire » (La Boétie). Puis, tragiquement, comment le vouloir-vivre peut-il être véritablement éprouvé quand les guerres ne sont plus que virtuelles, autrement dit financières et numériques ? D’ailleurs, Nietzsche, en tant que témoin de la révolution industrielle, celle de la fin du XIXème siècle, nous avait annoncé que « nous sommes d’un temps dont la civilisation est en danger d’être ruinée par ses moyens de civilisation ». Concrètement, les vices et les vertus de l’aliénation.
Enfin, personne ne se demande ce qu’est la vie d’un enfant depuis mars 2020, dès le moment où tant de nations avaient validé une quarantaine à l’échelle quasi-mondiale contre la dissémination de ce virus SARS-CoV-2. Particulièrement en Occident. Pourquoi ? Parce qu’au niveau métapolitique, l’hygienisme s’était manifesté sous nos yeux durant ces dernières années, sous les fards de l’animalisme, du veganisme, en réalité, de l’écolo-sociétalisme, le tout renvoyant à la même chose, à la même recherche de pureté. Ruse de la raison technicienne a priori humaniste : l’homme, redevenu enfant, serait voué à n’être plus qu’un produit, plus qu’un objet, avec la promesse d’une subsistance perpétuelle. Attention ! Uniquement s’il est utile ! S’il ne l’est pas, on s’en débarrasse… L’être humain au bout de la chaîne de production post-industrielle : immatériel, désincarné et non recyclable.